L'occasion était trop belle, ce soir, de pousser les portes de l'Aéronef puisque The Brian Jonestown Massacre n'avait pas posé ses instruments à Lille depuis 2010... Et il n'y a pas à dire, quatre ans c'est long ! Surtout pour les fans venus en nombre pour applaudir Anton Newcombe et ses acolytes. Si l'on est surpris de ne pas trouver la salle pleine à craquer, on apprécie de pouvoir respirer et de se trouver un petit coin tranquille.
Mais avant de se laisser entraîner par les Américains, nous découvrons la musique de Wall Of Death. Le trio "classique", entendez par là une guitare, une batterie et un clavier, nous vient de Paris. Formé en 2010, il oscille entre rock et psychédélique, a pour influence le Velvet Underground, Pink Floyd ou Jesus & Mary Chain, et nous emmène dans son univers sombre où le futur se mêle aux souvenirs du passé dans les textes. Les Black Angels ont décidé de les prendre sous leurs ailes après qu'ils ont fait leur première partie à Bruxelles.
Rien d'étonnant à cela puisque la voix rauque, mélancolique de Gabriel le chanteur, associée aux fortes percussions et à la rythmique du clavier font très vite mouche. Les morceaux débutent lentement, calmement et finissent par exploser avec ici et là des solos de guitare lancinants. Le public, enthousiasmé par l'atmosphère évanescente, presque mystique de leur musique, en redemande. Malheureusement, ils doivent nous quitter, un peu trop tôt à notre goût, mais on espère les retrouver très bientôt...
Wall of Death - Marble Blues
Une petite demi-heure plus tard, le temps du changement de set, et les lumières s'éteignent de nouveau. Les Brian Jonestown Massacre entrent sur la scène sous un tonnerre d'applaudissements et de cris. Le ton est d'ores et déjà donné !
Anton Newcombe, celui qui a la réputation d'avoir fait craquer un nombre incroyable de musiciens qui l'ont accompagné, s'efface au profit de Joël Cion, le joueur de tambourin, et préfère investir le coté gauche de la scène. Ce qui fait que ceux assis sur les escaliers qui mènent normalement au balcon (fermé ce soir là) ne font que l'entre-apercevoir lorsqu'il approche du bord de la scène. Plutôt que de se concentrer sur sa manière de jouer, on laisse faire son imagination et on apprécie encore plus la voix de Newcombe et également la musique des huit membres.
Le son qui a fait la réputation du groupe est bel et bien là. Ils jouent fort, l'ambiance devient très vite électrique sous leurs assauts psychédéliques. Les morceaux prennent une autre dimension en live, plus "pêchue", plus rock aussi en un certain sens. Les textes sombres et intenses parlent à tous. Un instant, des bulles de savon s'élèvent du public, rendant le moment touchant.
Le quatorzième album des Brian Jonestown Massacre, "Revelation", est sorti le 19 mai mais la setlist ne lui fait pourtant pas la part belle, (même si on retient Goodbye (Butterfly) ou What you Isn't) puisqu'on découvre ou redécouvre pas mal d'anciens morceaux. Ainsi résonnent, pour notre plus grand plaisir, les accords de Whoever you Are, Who?, The Devil may care, Got my eye on you ... Et surtout, en guise de rappel, chose assez rare pour être soulignée, un Oh Lord majestueux qui nous fait perdre les derniers neurones encore entrain de se débattre dans nos cerveaux...
Brian Jonestown Massacre - The Devil May Care
Et on quitte la salle le sourire aux lèvres, ravis de ce show que The Brian Jonestown Massacre nous a offert. Un show à la hauteur de nos espérances. Ou pas... Car comme à peu près 90% du public présent ce soir on attendait quelque chose d'autre.... Que le Anton que l'on a découvert redevienne l'espace d'une soirée celui qu'on connaissait à leurs débuts... Mais il n'en est rien ! Anton a raccroché le comportement rebelle qui a fait sa notoriété, le tout est plus calme, plus posé, plus mécanique aussi. Mais les légendes restent ce qu'elles sont... Jusqu'à ce qu'elles tombent dans l'oubli ! Et puis notons que Wall Of Death est LA bonne surprise de la soirée, on leur souhaite beaucoup de réussite et de nous revenir vite pourquoi pas avec un nouvel album ?!
