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Yodelice + Jain à l’Aéronef

Pour l’avant-dernière date de sa tournée, Yodelice était de passage à l’Aéronef. Lors d’un précédent concert au théâtre d’Anzin, le groupe m’avait impressionné : des échanges constants avec le public et une façon naturelle – quasi innée – de chauffer la salle. Pourtant, j’étais sortie du concert avec une certaine frustration… La configuration « théâtre » ne semblait pas totalement adaptée à leur musique ; voyons voir ce que cela donne à l’Aéronef

Revenons d’abord sur la première partie. Jain, une jeune fille d’à peine 22 ans, se présente, seule sur scène. Pour l’accompagner : une guitare acoustique, un enregistreur numérique et diffuseur de sons en instantané, utilisé avec ingéniosité. Entre folk, pop et soul, on se laisse vite entraîner dans son univers. Les commentaires du public sont plutôt élogieux : « Elle se débrouille super bien », « c’est super sympa ce qu’elle fait »… Et c’est plutôt prenant, on la suit, on tape dans les mains, on chantonne les refrains. Malgré le stress apparent de la demoiselle, elle donne tout jusqu’à la dernière minute, rappelle sa gratitude pour Yodelice, et se dit très émue d’être là pour l’avant-dernière date de la tournée. Les morceaux s’enchaînent et le public en redemande, mais pas trop quand même : l’impatience avant l’arrivée de Yodelice se fait sentir.

A 21h pétantes, les musiciens débarquent et les applaudissements ne se font pas attendre. La fosse est survoltée. Le décor est sobre : un arbre à gauche de la scène où est accrochée la fameuse guitare folk en tête de mort du chanteur. Il l’utilisera d’ailleurs pour le titre Sunday with a flu (tiré du premier album). Pour le reste du concert il excelle à la guitare électrique. Les longs solos de guitare donnent une dimension planante et électrique aux versions studio des morceaux. C’est le cas du très bon My Blood is burning qui se termine de façon magistrale. L’aisance des musiciens va au-delà de la maîtrise de l’instrument : les titres sont totalement arrangés pour le live. Fade away ou encore More Than Meets the Eyes mettent en valeur la voix du chanteur : grave et puissante, elle convient parfaitement au style. Des passages instrumentaux efficacement ficelés aux riffs blues rock, le public semble comblé et le leur rend bien.

Ce qui fait de Yodelice un bon groupe live c’est cette envie de communiquer avec son public. Arrive le moment du titre Talk to me (reprise dans le film « Les petits mouchoirs », à la demande de Guillaume Canet), la balade de la soirée débute et c’est le silence dans la salle. Enfin presque… un spectateur parle fort, et tout le public peut l’entendre. Maxim, en pleine interprétation, s’arrête net au milieu du titre, se marre et demande à ce monsieur s’il ne veut pas l’écouter au lieu de parler. Il lui demande de monter sur scène pour s’expliquer, très à l’aise il s’exécute. Gros fou rire dans l’Aéronef. Suite à ce moment inattendu, Maxim reprend le micro « c’est la première fois que je joue deux fois ce morceau à un concert » plaisante-t-il avant de reprendre le titre. Cette anecdote résume plutôt bien l’état d’esprit du groupe : beaucoup de légèreté et d’humour et une envie de communion avec le public.

La foule est infatigable et improvise même une ovation en plein milieu du concert. Le groupe est stupéfait et exprime sa reconnaissance. Pour l’avant-dernière date d’une tournée d’un an et demi, Yodelice se souviendra, pour sûr, de son passage à Lille. Il quitte la scène sur un « Lille je t’aime, à très bientôt ».

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