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Angus & Julia Stone + The Staves à l’Aéronef

Chaleur australe mais bonnet de laine

Etait-ce le froid extérieur qui l’avait pétrifié, la peur de l’égarer, ou juste pour le look ? Angus Stone a gardé son bonnet en laine (et à pompon) sur le crâne tout au long du concert de l’Aéronef… A l’unisson, deux des six musiciens sur scène, originaires aussi d’Australie, avaient conservé leurs chapeaux, façon outback, le batteur américain se couvrant pour sa part d’une casquette plus yankee…

Dans la salle lilloise, cependant, cela chauffait. Plus un billet à vendre, on se serrait comme un troupeau de buffles dans l’hémisphère sud. Et le groupe démarrait sur le rythme martial de « A Heartbreak » - lourdes frappes du batteur californien entouré de ses cymbales serpent. Julia se montrait la moins vêtue, longues chaussettes noires (ou étaient-ce des bottes moulantes ?) et jupe courte, charmante tresse revenant sur l’épaule droite.

Puis, « For you », nuit étoilée en décor, donnait le ton de la soirée : alternance de doux chagrins d’amour, et de titres plus rock FM. La voix de Julia, sucrée et voilée, accompagnée de sa guitare acoustique, convient magnifiquement aux mélodies. En l’écoutant on pense à la taquinerie de Woody Allen lançant à Margot Hemingway dans « Manhattan », « tu as toujours cette voix de souris de Walt Disney ? » En réalité, Julia Stone possède un registre étonnant, une force vocale, lui permettant de pousser sa voix jusqu’à des extrémités inattendues – tout l’inverse de celle d’une Vanessa Paradis.

Julia ne se contente pas de moduler sa voix, elle se montre aussi multi-instrumentiste, troquant parfois guitare pour trompette sur "Private lawns" et d'une main s'il vous plait en tenant sa guitare de l'autre, ou clavier. Quand Angus Stone entonne à mi-concert « Grizzly bear », l’un des tubes du nouvel album, la salle est depuis longtemps prise dans les griffes amicales des frère et sœur. Julia peut se permettre de se lancer en solo, avec « You are the one that I want », tout en demandant au public de l’accompagner de houhou, jusqu’à lui donner un léger fou rire. C’est aussi la native de Sydney qui présentera ses musiciens et leur région d’origine, « et le batteur vient de Los Angeles, et le bassiste d’Indiana, et le guitariste de Seattle dans l’état de… » - trou de mémoire de Julia née de l’autre côté du Pacifique, et l’un des spectateurs souffle « Etat de Washington » : rire de Julia qui lui lance « bonne réponse » en mimant la cloche d’un jeu télévisé…

Le concert, relativement court (1h15) pouvait s’achever tranquillement, bercé par les ballades de ce softrock mélancolique, revu par le producteur Rick Rubin, l’homme qui a arraché Angus et Julia à leurs carrières solos pour notre plaisir… La folk pop mutine de Julia (jolie expression empruntée à Hugo Cassavetti dans Télérama) et le blues-rock d’Angus se mariant parfaitement, comme sur l’entraînant « Heart beats slow » qui ponctue le set officiel avant le rappel…

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