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Triodéo au Biplan

Une douce ambiance cet après-midi là... Le titre de la composition de Django Reinhart illustre ce que nous avons vécu ce 10 janvier 2016. Chaque second dimanche du mois, le Biplan nous offre un après-midi de contes, de jeux et de musique. Après avoir entendu les mots des conteurs dans les gradins du théâtre, nous descendons à la cave pour écouter un langage de tout autre sorte. Les deux guitares et la contrebasse de Triodéo ont accompagné l'événement Les Amis Du Dimanche. Voici une douce manière de prendre le chemin de la fin de week-end. Les sons du jazz manouche ont rebondi sur les voûtes de la cave du Biplan comme les cailloux sur les roues d'une caravane.

Qu'il s'agisse de standards de jazz comme All of me ou de compositions de Django Reinhart comme Minor swing, nous sommes emmenés sur un chemin imaginaire. Nous sommes invités à voyager sur les sentiers surprenants du swing. Les intervalles mélodiques choisis et la rythmique perpétuelle ont dessiné tout un trajet joyeux et imprévisible. On entend dans le battement de cette musique le son des caravanes avançant sur la route. La rythmique soutient sans faillir les improvisations échevelées et les walking bass créatives. Django disait que Pour faire Jazz, il faut une contrebasse. Nous avons été heureux qu'il ait peut-être influencé la formation de Triodéo.

Ecouter une discussion entre amis, voilà ce que nous a évoqué la musique de Triodéo. Une improvisation répond à une autre, le ton monte dans une joute amicale et l'on termine par l'énoncé d'un thème musical à l'une ou l'autre des deux guitares toujours accompagné par sa rythmique et sa basse. Libre à nous d'y entendre et comprendre la conversation que l'on veut. L'échange de regards amusés et discrets entre les artistes après les solos ont illustré cette communication.

Nous avons encore eu preuve ce jour-là que le jazz manouche est bien une musique du moment, du mouvement. Chaque seconde était occupée. Qu'il s'agisse d'une montée de gammes, d'une succession harmonique, d'un motif modulé dans les harmonies successives, nous avons eu l'impression qu'il s'agissait d'une course contre la montre. L' empressement contrôlé a contrasté avec la force tranquille dans les traits plus que techniques du trio. Cette ambiguïté est portée par une rythmique impeccable et imperturbable. Quelle joie de profiter de l'heureux mélange du swing entre binaire et ternaire. Nous avons pu nous laisser emporter par cette spécificité du jazz qui est portée à son paroxysme dans le jazz manouche.

On ne peut concevoir un concert de ce style sans le célèbre thème Les Yeux Noirs. La version que nous a offert Triodéo nous a fait croire que ceux de Django étaient rivés sur eux. Chaque solo était comme un défi, comme une surenchère du précédent. Nous eûmes un grand plaisir à jouir de ces improvisations que nous savions uniques et éphèmères. La virtuosité déployée, qu'il s'agisse de vélocité, de jeu en harmoniques, de rythmes ou d'harmonies audacieuses, tout est resté au service de la musique.

On s'est bien rendu compte que les musiciens de Triodéo ne sont pas que des Amis Du Dimanche. Le trio aura fait l'unanimité en permettant, tout à la fois, de danser ou de chantonner, d'entendre ou d'écouter. Nous garderons l’œil sur leur prochaine prestation pour profiter de la synergie et du positivisme qu'ils dégagent très certainement, aussi, les autres jours de la semaine.

 

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