Nous sommes quelques uns à attendre devant les lourdes portes métalliques et la pluie se transforme en neige. Quand enfin l’huis est ouvert, l’hostilité des éléments nous pousse à l’intérieur d’une salle à l’architecture industrielle mais chaleureuse. À peine le temps de faire quelques rencontres en se souvenant des concerts des années 80 qui se transformaient en baston pour la satisfaction générale, et de saluer les copains que le concert démarre avec un peu de retard.
Le trio de Megamoto engage le spectacle dans un rock parfois agressif, complexe et peut-être un peu trop mental pour que j’atteigne vraiment l’émotion à laquelle j’aspire à chaque fois. Un chant qui n’est pas sans rappelé Jello Biaffra, avec également des accents de math-rock et de jazz. La musique est carrée, mais ça n’accroche pas… Les morceaux s’enchaînent de manière hétéroclite et les annonces des titres ne sont pas assumées, ainsi je ne saurai jamais de quelle groupe fut la reprise ni n’aurais su que s’en fût une s’ils ne l’avaient dit.
Après un break d’un petit quart d’heure, Jessica93 prend le relais et impose une musique référencée dans les groupes de cold wave des années 80. On est perché entre Clan of Xymox, Trisomie 21 pour le chant. Le son est plaisant, il y a une énergie qui fait écho à la nostalgie et une groupie qui vient tortiller du cul sur scène. Appelons-là Shirley, ça aura de l’importance plus tard. Final sur une reprise de Cure, la salle s’est un peu plus remplie et ça commence à chauffer. Après leur performance, le groupe installe brièvement leur merch sur une table au bord d’un bar en métal où Shirley avait élu domicile. Libérant l’espace pour que les artistes fassent un peu de bizz, on est soudain alerté par un fracas épouvantable car notre amie s’est vautrée sur le bar métallique qui s’est effondré sous le poids de ses cinquante kilos plus trois litres de bière ingérés.
Enfin, Hint prend l’offensive et attaque nos esgourdes avec 100% White Puzzle qui s’avérera être une version solo en raison d’un problème de branchement de la seconde guitare. Pas du tout mais du tout décontenancés par cet aléa, le duo angevin enchaîne les morceaux soutenus par un public averti. J’ai une vision de derviches tourneurs projetés sur l’écran au lointain, puis après c’est le grand plongeon dans l’inconnu. Aucun morceau que je ne connaisse déjà à part que c’est la première fois que je découvre leur performance sur scène où s’entremêlent samples, riffs de guitares, cuivres et hurlements. Les premiers rangs où je me trouve sont secoués de gigues endiablées entrecoupées d’échanges amicaux et chaleureux entre l’audience et le groupe. Après vingt ans d’absence environ, hormis leur dernier passage avec Ez3kiel, et aucune nouvelle composition, la musique de Hint reste d’avant-garde.
Alors que le show s’achève, on espère, non on prie pour leur retour au plus vite !
