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Le Conte d’Hiver au Théâtre du Nord

A ceux qui pensent que les œuvres classiques ont fini de nous parler, allez voir le spectacle Le Conte d’Hiver de Declan Donnellan ! A ceux qui pensent que les adaptations modernes ne comportent que des utilisations abusives des gadgets technologiques, courrez entendre la langue de Shakespeare, orchestrée avec intelligence par un metteur en scène que l’on ne présente désormais plus au Théâtre du Nord de Lille ! Après avoir monté de grands classiques comme Macbeth, ou encore l’Andromaque de Racine, Declan Donnellan, renoue cette année avec le drame élisabéthain.

Le public a été ravi par cette mise en scène : applaudissements soutenus dès l’entracte, standing ovation à la fin de la représentation. Et pour cause ! Un enchantement pour les yeux et les oreilles ! Du théâtre comme on aime en voir !

L’œuvre de Shakespeare relève de l’esthétique baroque : une première partie tragique nous expose la folie du roi Léontis (Orlando James), persuadé que sa vertueuse épouse Hermione (Natalie Radmall-Quirke) lui est infidèle avec son ami d’enfance, Polyxène le roi de Bohème (Edward Sayer). Rien ne saurait apaiser sa colère, rien ne saurait lui rendre sa lucidité, il s’enfonce dans les méandres de la jalousie et condamne sa femme, enceinte, à mort. L’enfant, qui naît en prison, est exilée du royaume, promise à une mort certaine. Mais les dieux viennent frapper ce roi : lors du procès de la reine, un oracle rétablit la vérité : la reine est pure. Léontis se repent de son égarement tragique ! Trop tard, le mal est fait, la reine meurt, de même que le jeune héritier du trône… Seize ans plus tard, nous voici dans un village de pêcheur, la jeune princesse a été élevée dans l’ignorance de sa lignée, elle n’est pas morte, un vieil homme l’a recueillie et sauvée. Et la comédie renaît : la princesse va découvrir son identité, épouser un jeune prince, fils du roi de Bohème, Léontis retrouvera même sa reine, qui n’était pas morte, mais éloignée de la cour pendant seize longues années, le temps nécessaire pour tester le repentir du roi. Tout est bien qui finit bien !

Dans cette adaptation de Donnellan, comme dans ses précédentes mises en scène de grands classiques, la priorité est encore donnée à la langue (anglaise ici) et au jeu des acteurs. Pas de temps mort, les scènes de dialogue et de monologue se mêlent les unes aux autres et renforcent le tragique de la folie de Léontis. Rien ne détourne le spectateur de la tension grandissante de la première partie du drame: la scène est quasiment vide, plongée dans une pénombre que la lumière vient frapper à certains moments de l’œuvre pour souligner des changements de scène ou pour accentuer l’égarement du roi. Les acteurs, au talent indiscutable, nous emportent dans la langue de Shakespeare dont la mélodie est parfaitement rendue. La deuxième partie du spectacle qui met en scène une comédie, est elle aussi intelligemment adaptée. Beaucoup plus de lumière, plus de musique, de modernité pour souligner le contraste avec la première partie tragique.

A voir sans hésiter au Théâtre du Nord du 3 au 7 février

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