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Half Moon Run + Aidan Knight au Grand Mix

Aidan Knight arrive sur scène un peu timidement dans un Grand Mix archi-plein. Étonnant comme la densité d'une salle révèle l'impatience du public. Non, les sold-out n'ont pas tous la même consistance. Celui là suinte l'impatience, on se presse les uns les autres, poliment, mais on refrène difficilement son envie d'avancer vers la scène.

Aidan Knight a une réelle grâce, on se dit très vite qu'on ne le loupera pas à la Péniche, en juin, pour le revoir seul, entouré de son groupe étonnant. Il est touchant et un peu naïf, sincère et souriant,  aérien et subtil. Il défend surtout le deuxième album dont on vous avait parlé sur notre site. Trompettes et bugles s'entrelacent pour donner une belle texture à un son absolument parfait. C'est naturel, tout coule de source. L'ensemble est d'une grande fluidité, quelques volutes de claviers tournoient dans l'air. C'est extrêmement élégant. Rendez vous à la Péniche, parce qu'on avoue sa frustration et qu'on veut revoir le groupe sur la durée.

Half Moon Run semble un enchaînement parfait, d'une très grande cohérence, dans la continuité de l'univers d'Aidan : même fluidité, même élégance. Les harmonies vocales sont immédiatement étincelantes. La basse n'est pas seulement le modèle qu'utilise sur scène Paul McCartney, sa conception musicale est aussi assez proche : dynamique, mélodique, elle emmène l'ensemble. Les guitares sonnent en carillons échevelés. Le concert atteint très rapidement une grande intensité, le groupe est là, très concerné. Le son est aussi parfait que pour Aidan Knight, plein et chaud, d'une extrême limpidité. Stupéfiant, tout le monde joue de tout, le batteur joue du clavier de la main gauche, de la main droite, la baguette change de main, on est droitier, gaucher, guitariste, bassiste. Impressionnant.

C'est toujours beau, un groupe dont se dégage une sorte de ferveur émerveillée. Leur musique touche au cœur un public assez sage mais conquis. On admettra que c'est tellement harmonieux, tellement limpide qu'on frôle occasionnellement l'excès de sucre et qu'on a envie de les voir lâcher des chevaux plus sauvages sur des sentiers moins balisés. Loin de nous l'idée de revenir sur ce qu'on a dit du disque mais on ne peut s'empêcher qu'on est à l'extrême bord, parfois, du joli un peu lisse. D'où le sentiment que le prochain disque sera décisif...

The Devil May Care, très roots, viendra justement rompre ces envolées. On triture un peu l'électricité et la texture change pour le meilleur. On chante à quatre en jouant de la batterie à trois, peu importe. Le titre impose la configuration. L'ombre de Jeff Buckley vient planer de temps à autre. Dylan Philipps rappelle que le Grand Mix est un endroit spécial pour eux, qu'ils se souviennent avec beaucoup d'émotion d'avoir ouvert pour Patrick Watson. La setlist, très dense,  fait la part belle à Sun Leads me on, le deuxième album (à retrouver sur  setlist.fm).

Le groupe triomphe réellement,totalement, sans conditions, ils ont droit à un vrai rappel, charnel, à l'ancienne, aux applaudissements. Dylan Philipps annonce une Reprise d'un band qui s'appelle The Band et on a le plaisir de retrouver tout le groupe de... Aidan Knight sur scène. On se quitte sur le somptueux I Shall be released, de Bob Dylan. The Band ? Des Canadiens, oui, le groupe du fantastique Robbie Robertson.

Décidément, après l'hommage très appuyé de Joe Jackson à Joni Mitchell récemment au Sébastopol et la venue prochaine de Neil Young, on se dit que le pays est vraiment très passionnant musicalement, entre deux écoutes de Bon Iver et de Timber Timbrè...

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