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Night Beats à la Péniche

Un monde fou, la Péniche déborde pour le concert de Night Beats, sur les quais comme sur le ponton par une chaleur totalement étouffante. Bien sûr, on a encore la boule à l'estomac, ce n'est pas forcément la dernière fois qu'on y vient mais quand même... En capitaine d'un soir, le boss de Bains de Minuit productions, qui a organisé plus de 40 concerts en un an. Un travail de défrichage énorme, une proposition continue de musiques divers, du rock'n'roll psychédélique au festival de la fraise lysergique qu'on attendait pour le weekend suivant. On a le temps de discuter un peu et forcément tournent en boucles des préoccupations qui ont coulé le bateau même sur lequel nous discutons : l'indifférence de ceux qui détiennent les fonds pour filer de petits coups de main à ceux qui maintiennent la musique sous perfusion, qui font tout le boulot, qui voient l'aube se lever, l'été, quand ils rentrent du concert ; On espère sincèrement que Kevin pourra continuer à proposer ses bains de minuit, dans un contexte où personne ne semble prendre la mesure de l'enjeu. Avouons, on descend en cale un peu noué. Un blues poisseux nous accueille pendant que la climatisation fait tout ce qu'elle peut mais ce soir là, aucune climatisation n'aurait suffi. Ce serait chaud, moite et bluesy. 

On découvre le kit de batterie, une magnifique Ludwig ultra classique, la Ringo Starr, avec les cymbales bien à plat. Dès l'arrivée des trois hommes, l'expression Power Trio prend tout son sens. Extrêmement peu d'effets au point qu'on peine à apercevoir ne serait-ce qu'une pédale (clair ou saturé pour tout viatique ?) et on envoie du lourd, ça tabasse. C'est très pratique l'économie musicale du trio, chacun dispose de son espace et on ne se prend pas les pieds dans le mélange des fréquences, le batteur tient la taule, le bassiste assure une dynamique incroyable et le guitariste chanteur va pêcher le fretin mélodique d'une voix mixée très loin, comme dans les disques qui gravitaient dans l'orbe du 13 th floor elevators. Le son psyché millésimé, vintage, à prendre ou à laisser.

On roule à fond, le bassiste se démène et son jeu de scène est hallucinant, ça tient du cycliste en danseuse escaladant le Ventoux par 40° à l'ombre autant que du cowboy qui essaie de tenir le plus longtemps possible sur une machine d'entraînement au rodéo ! Du Jon Spencer Psych-out. On se dit qu'ils ne tiendront pas longtemps dans la fournaise, en conduisant ce train métronomique et compact, chargés d'éclairs électriques concis et hendrixiens, très peu marqués par le trifouillage technique. Adeptes de la maxime célèbre de Keith Richards La technologie, c'est ce dont on a le moins besoin pour faire du rock''n'roll. Boucan sonique, orage cosmique, chaleur tellurique, ça fonctionne très bien. 45 minutes de set à fond la caisse, un rappel tendu et nerveux, pas de passage acoustique ni de second souffle, il n'y a de toute façon plus une seule brassée d'air. Belle prestation pour une musique de genre qui ne se prête pas, de toutes façons, à de longues prestations. On vient chercher un shot bien serré de tension et l'attention ne peut pas excéder une heure dans ce cas là sans variations majeures. Vue la chaleur, le bain de minuit nous tente bien, les Bains de minuit davantage encore. On y retourne le 11 octobre pour His Clancyness.

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