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Cycle L’Amour & La Danse – Poème de l’extase au Nouveau Siècle

Habituée des concerts de Rock et de Métal, je découvre ce jeudi 19 janvier, un concert d’un autre style, puisqu’il s’agit du deuxième volet du cycle L'Amour & La Danse, orchestré par Jean-Claude Casadesus au Nouveau Siècle à Lille.

Silence dans la salle, qui, au passage est magnifique, les musiciens s’accordent, puis le chef d’orchestre accompagné de François-Frédéric Guy au piano, Tedi Papavrami au violon, Xavier Phillips au violoncelle et Fernand Laciu au violon solo, prennent place aux côtés d’une cinquantaine de musiciens.

Le « Triple concerto pour violon, violoncelle et piano » de Beethoven, et de la période romantique (1770 – 1820), dont le courant musical aux formes variées met au premier plan l'expression de l'émotion, est une véritable découverte pour moi et exprime une très grande délicatesse. L’œuvre, originale, novatrice en son temps, évoque un message à la hauteur de la complexité de l’amour. Cette première partie de 36 minutes nous fait percevoir tour à tour les turpitudes, les égarements, la joie, les feux sacrés et il faudrait être insensible pour ne pas ressentir à l’écoute toutes ces variations sur ce thème. Virevoltant, tantôt abrupte dans les bourdons du violoncelle, tantôt doux au piano en ses mezza voce, le dialogue entre les trois instruments est d’égal à égal, chacun s’épanouissant sans jamais faire ombrage et met « a giorno » l’ambivalence des sentiments tout en préservant l’équilibre entre les solistes et l’orchestre.

Après un petit entracte, la soirée se poursuit avec une œuvre, très courte, de 9 minutes, où Richard Strauss est mis à l’honneur avec « Salomé : Danse des sept voiles ». Sulfureuse, cette histoire tirée de l’Évangile de Saint-Matthieu, centre son intrigue sur la danse de Salomé devant Hérode qui, se dévêtant peu à peu, souhaite obtenir la mort du prophète Jochanaan. Nous sommes donc plongés dans une intrigue sur un fond oriental. Un voyage, d’une exquise beauté où l’on se prend à imaginer, à voir danser cette pétulante Salomé, calamistré, sur les longues mélopées de la flûte traversière et autres instruments à vent prédominants. Mystique, une mise à nue imaginaire envoûtante, une découverte qui laisse songeur, rêveur. Et qui se termine sur des mesures endiablées, en apothéose, tension à son comble, l’orchestre donne des frissons ! Nous n’avons pas assez d'yeux pour admirer chaque musicien qui, au fil des œuvres, marque à leur manière, chaque son et émotion des mélodies.

L’épisode 2 de ce Cycle de l’Amour se termine sur un « Poème de l’extase » d’Alexandre Scriabine, d’une durée de 22 minutes. Nous sommes face à une œuvre résolument atypique, sensuelle, très déroutante. Comme l’explique le programme, cette troisième œuvre est construite en un seul et même mouvement, autour des thèmes suivants : la volonté et la langueur, où le compositeur cherche à atteindre la transcendance universelle. Cette prouesse d’ingéniosité exhale différents parfums. Paradisiaque, sereine, insouciante, parfois chétive et pourtant contemporaine, un mélange de complexité, de profondeur abyssale, insondable, animale, extatique, comme un renversement des codes établis.

L’orchestre, excellent, nous délivre une performance sans ambages, mené par un Jean-Claude Casadesus énergique, menant tambour battant ses musiciens. Nous nous rendons compte, en vivant de telles émotions que, derrière ce que nous avons pu découvrir ce soir, il doit y avoir un énorme travail de répétition et d’assimilation des œuvres originales pour arriver à une telle osmose entre cette cinquantaine de musiciens ! Ça en donnerait presque le tournis !

Rendez-vous pour le troisième épisode du Cycle de l’Amour et de la Danse les 2 et 3 mars prochains, autour de Don Juan ! Mais attendant, ce deuxième épisode a été capté pour France Bleu Nord, et sera diffusé le 26 mars prochain sur leurs ondes.

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