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Elizabeth Taylor et Montgomery Clift dans un classique hollywoodien !

Synopsis : George est un modeste employé dans l’usine de son oncle. Il est l’amant d’Alice, une ouvrière, lorsqu’il rencontre Angela Vickers, une jeune fille riche. Cette relation pleine de promesses est compromise lorsque George est mis en demeure d’épouser Alice.

© Splendor Films et Paramount.

Ce qui est merveilleux avec le cinéma, c’est qu’on peut naviguer d’un genre à un autre, d'un pays à un autre, d’un continent à un autre, d’un univers à un autre. Voir des films en couleurs, en noir et blanc. Des blockbusters, des films plus modestes (on évitera le terme de cinéma indépendant qui ne veut plus dire grand chose) ou des classiques.
C’est cette variété que nous nous efforçons de défendre chaque semaine dans la rubrique cinéma de Lille La Nuit.

Cette semaine, nous avons décidé de faire un focus sur la belle rétrospective proposée par Plan Séquence au cinéma le Majestic de Lille.
Elle est consacrée aux grands romans américains à l’écran. Et elle trouve tout son sens à l’heure où sort la nouvelle adaptation de « Gatsby le Magnifique » de F. Scott Fitzgerald réalisée par le cinéaste australien Baz Luhrmann (qui fait l’ouverture du festival de Cannes). Vous pourrez d’ailleurs revoir dans une version restaurée numérique la précédente adaptation de « Gatsby », signée par le trop méconnu Jack Clayton (auteur d’un chef-d’œuvre éblouissant : « Les Innocents » d’après Henry James), avec Robert Redford et Mia Farrow. Cette version réalisée en 1974 ressort sur toute la France.

Mais s'il y a un autre film faisant partie de cette rétrospective et dont nous souhaitons absolument vous parler, c'est  « Une Place au Soleil » de George Stevens.
Ce classique de 1951 est repris lui aussi en sortie nationale. D'ailleurs, il faut saluer ici le travail du distributeur Splendor Films, spécialisé dans la réédition de films de répertoire. La nouvelle copie numérique, testée pour vous par Lille La Nuit, est tout bonnement splendide.

« Une Place au Soleil » est l’adaptation d’un roman de Theodore Dreisner, « Une Tragédie américaine ». Les studios Paramount lors de la mise en chantier de la production refusent ce titre qu’ils jugent trop noir. Finalement, ce n’est pas si mal car lorsqu’on voit le film, « Une Place au Soleil » devient un titre presque ironique, très sombre, qui sied merveilleusement bien au drame réalisé par Stevens.

© Splendor Films et Paramount.

Qui se souvient aujourd’hui de George Stevens?
Il s’agit pourtant d’un grand metteur en scène, récompensé à plusieurs reprises par les Oscars. Il fait partie de ces cinéastes qui se mettent totalement au service de leur histoire et de leurs comédiens. A priori, on ne décèle pas chez lui de souci de « signature ». Stevens trouve pour chaque film une forme qui lui est propre. Et ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard s’il s’associe en 1945 avec William Wyler dans une société de production. Wyler, autre grand metteur en scène un peu dénigré aujourd’hui, auteur du premier film produit par Hollywood qui ose aborder ouvertement l’homosexualité (« La Rumeur »).

George Stevens est un brillant adaptateur. Il navigue d’un genre à un autre avec une facilité déconcertante. Il faut également lui reconnaître un vrai courage dans ses prises de positions en tant qu’artiste et citoyen américain.

« Une Place au Soleil » ne déroge pas à la règle. Dans ce film à la croisée de différents genres cinématographiques (drame, mélodrame, suspens « hitchcockien », film noir, film de procès), Stevens se révolte contre l’injustice sociale, dénonce la peine capitale, la pudibonderie. Il filme un anti-héros victime du déterminisme social, marqué par la fatalité (un des grands thèmes du film noir). Et refuse le happy end. Stevens le fait avec une élégance, une subtilité, une classe telles que le film échappe au pensum pachydermique qu’il aurait pu être s’il avait été signé par un tâcheron quelconque à la solde des studios.

Quand on redécouvre « Une Place au Soleil », on est également surpris que la Paramount produise un tel film en 1951. Visiblement les majors de l’époque se montrent plus aventureuses qu’aujourd’hui dans le choix de leur sujets.

Et puis, il y a le plaisir de retrouver trois grands acteurs au sommet de leur art : le bouleversant Montgomery Clift, au destin tragique, qui impose dans le Hollywood des années 50 un autre modèle masculin (James Dean, ne l’oublions pas, s’est beaucoup inspiré de lui), Elizabeth Taylor d’une beauté et d’une finesse de jeu qui laisse pantois encore aujourd’hui et Shelley Winters, grande tragédienne, qui joue par la suite dans « La Nuit du Chasseur » de Charles Laughton et « Lolita » de Kubrick. Excusez du peu.

© Splendor Films et Paramount.

« Une place au Soleil » vaut en 1952 un Oscar plus que mérité du meilleur réalisateur à George Stevens. Le film remporte également les Oscars des meilleurs montage, photographie, costumes, scénario et musique (qu’on doit à Franz Waxman et qui deviendra la musique du générique de l’émission culte, « Cinéma, Cinémas »).

Le cinéaste retrouve Elizabeth Taylor quatre ans plus tard pour le mythique « Géant ». Stevens reçoit une nouvelle fois l’Oscar du meilleur réalisateur. Dans "Géant" Taylor a pour partenaire James Dean, Rock Hudson et Dennis Hopper. Voilà un film qui bouleverse à chaque nouvelle vision.

George Stevens fait partie de ces « petits maitres » de Hollywood qu’il faut réhabiliter d’urgence. Si vous ne connaissez pas ce réalisateur, allez donc faire un tour du côté du Majestic. « Une Place au Soleil » vous y attend.

 Affiche et film-annonce © Splendor Films.

Cycle "Les grands romans américains à l’écran".

Les autres sorties de la semaine.

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