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Skip The Use

Skip The Use

Style : Groupe Date de l’événement : 17/09/2009

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Skip The Use sort son premier album éponyme le 5 octobre. En résidence pour une semaine à la Condition Publique de Roubaix, c'est l'occasion pour nous de les rencontrer. Ambiance "à la cool" comme le souligne Matbastard : fauteuils et discussion détendue.

Alan (LillelaNuit.com) : Vous êtes en résidence à la Condition Publique pour plusieurs jours. Quels sont vos objectifs actuellement ?

Skip The Use Matt MatbastardMax : Enchaîner nos super morceaux.
Lio : On a l'album, et on doit préparer un spectacle, c'est-à-dire l'enchaînement des morceaux…. On va tourner et donc on doit mettre tout cela en scène. Il y a plein d'éléments.
Yan : On a vingt-cinq dates jusqu'au mois de novembre.
Matt : Faire des versions live de certains morceaux. On a un disque, on doit tourner avec et il faut qu'on l'adapte à la scène. Passer du studio à la scène, ce sont toujours des approches différentes de la zic. Donc là on a une semaine… (il sourit) Bon, ça fait plus longtemps que ça qu'on travaille dessus… On a fait une petite tournée avec Trust, d'autres dates seuls ou avec d'autres groupes. On a « pécho » plein de petites idées pendant la petite trentaine de dates qui étaient destinées justement à ça, à se dire "tiens, comment on pourrait faire tourner ça dans le spectacle". On a pris ce qu'on aimait bien et là pendant une semaine, on fait le point de tout ce qu'on a kiffé, on essaye de les mettre en place, on essaye de voir comment ça s'enchaîne ; on est avec le staff. Ca permet aussi de rencontrer la presse, de faire la promotion du disque, de rencontrer les médias dans un cadre différent de celui du concert et détailler ce qu'on fait.

Alan : Et qu'est-ce qui a changé dans le travail des morceaux par rapport au disque ?

Yan : C'est encore plus rock sur des morceaux qui étaient un peu plus cool sur l'album. On a essayé aussi de les rendre plus dansants. Il y a parfois des modifications d'intros, des fins, des refrains.
Max : L'interaction avec le public aussi, des parties rallongées pour chanter avec les gens.
Matt : Il y a des choses qu'on ne peut pas faire en live aussi : il y a des effets dans le disque qu'on peut difficilement faire en live, il faut trouver autre chose. Et puis des effets qui sont bien dans le disque et qui ne sont pas forcément bien en live non plus. Quand t'écoutes un disque chez toi, dans le bus, ce n’est pas pareil que quand tu te déplaces à un concert avec tes potes. Voilà, c'est faire ces versions-là, après on ne révolutionne pas l'album (il rit un peu), on fait juste une adaptation.

Alan : Et l'album, justement, comment l'avez-vous travaillé ? Vous l'avez travaillé avec Manu (le Monsieur son de One Shot Not) et Yves (le Monsieur son de Zazie)…

Jay : Manu Guiot et Yves Jaget, exactement.

Alan : Comment s'est déroulé le travail en studio ?

Matt : Mal. Très mal. Avec eux on a eu beaucoup de mal.

(Ils rient tous.)

Matt : Avant le studio, il y a eu tout ce qu'il y a eu avant. Pendant une grosse année, il y a eu un travail de composition avec Yan et de répétition avec le reste du groupe pour mettre en place les idées.

Alan : Les morceaux sont créés en live ?

Matt : Non, on a composé avec Yan, par exemple l'un chez l'autre, on a beaucoup travaillé ensemble. Ensuite on s'est vus àSkip The Use Yan cinq, passer de deux à cinq personnes, et on est allés voir Manu Guiot et Yves Jaget avec un projet, avec des morceaux, en disant "voilà, nous on veut aller là" et eux leur taff pendant tout le studio était de nous permettre d'aller à l'endroit qu'on s'était fixé dès le départ. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas pris nos morceaux, notre projet, comme on a souvent des idées par rapport aux directions artistiques : "ah vous, je vous verrais bien faire ci, faire ça". Là c'est nous qui avons dit "voilà, on veut aller là, aidez-nous à garder le cap". Dès qu'on partait un peu en digression, ils nous disaient "attendez, vous nous avez dit que vous vouliez aller là", ce qui fait qu'aujourd'hui on a un disque qui ressemble vraiment à ce qu'on voulait faire dès le départ. Avec toute l'expérience qui s'est emmagasinée pendant un an et demi, le temps de l'enregistrer, le composer, le préparer, mais il est assez proche de ce qu'on voulait faire et ça c'est super bien : il n'a pas été dénaturé avec le temps. Le boulot s'est fait comme ça, avec un gros travail de partenariat avec le staff à Paris et on en est vachement content. D'ailleurs, Manu Guiot est celui qui fait notre son en concert, il a prolongé le taff en nous suivant aussi sur le live. C'est stimulant : il connaît tous les morceaux, c'est vachement plus agréable pour nous. On a la chance de pouvoir prolonger ça sur la tournée, cette complicité qu'on a eue pendant le studio.

Skip The Use Encart 1

Alan : Donc, concernant l'écriture, c'est vous deux (Matt et Yan) qui écrivez les morceaux ?

Yan : Au niveau de l'écriture des textes, Matt écrit tous les textes. Après, au niveau de la composition, on compose plus ou moins à deux et il y a pas mal de parties qui ont été arrangées avec tout le groupe parce que c'est vrai que tu fais des maquettes, tu te sers de l'électronique mais il y a des choses qui ne sont pas possibles ou des parties qui n'étaient pas encore faites et on a chacun ajouté notre graine aux morceaux.

Jay : et nous on conduit.

(Rires)

Skip The UseLio : L'idée était justement pour le groupe de laisser une personne ou deux composer les morceaux, leur faire confiance pour s'assurer, car on était un jeune groupe, on voyait à peu près où on voulait aller mais que ça ait aussi une unité artistique au niveau de tous les titres plutôt que chacun… parce que ça se fait aussi de composer en groupe…
Jay : Après tu pars vite dans des directions où il n'y a pas de fil conducteur. Là il y a un fil conducteur.
Lio : Là on a préféré faire ça, c'est-à-dire partir des maquettes même incomplètes que nous ramenaient Matt et Yan pour ensuite jouer ensemble.
Max : Sinon partir de rien à cinq, c'était vraiment dur pour lancer un groupe. On a essayé sur l'ancien groupe, Carving, et au final là ça s'est super bien passé. On avait une bonne base, on savait à quoi ressemblait le morceau, guitare et chant, on n'avait plus qu'à orchestrer, il y avait déjà beaucoup d'infos dans la maquette. On a gagné beaucoup de temps et ça a donné quelque chose de cohérent. La technique de composition a vraiment changé.
Lio : Ce qu'on n'aimait pas trop dans le fait de composer à cinq c'est que souvent chacun ramène sa graine, c'est bien, ça a un côté positif mais en même temps l'inconvénient c'est que ça peut donner des morceaux qui sont des juxtapositions de parties : il n'y a pas vraiment d'unité au sein même du morceau et même entre les morceaux et c'est ce qu'on a essayé de chercher en laissant justement Matt et Yan composer.

Alan : Ce que vous expliquiez hier (ndlr : lors de la rencontre avec la presse) est assez étonnant : vous êtes cinq et votre son a beaucoup changé. Carving était vraiment du punk. Vos influences ont donc toutes évolué en même temps ?

Yan : En fait, Carving c'est Matt.
Max : On l'a rejoint à tour de rôle dans son projet.
Yan : Après on a tous intégré le projet avec nos propres influences ; on avait déjà fait des groupes avant. Nous, franchement on est passés par tous les styles de musique, à trois ou même à quatre. Et là à cinq.

Alan : Et là tout le monde s'y retrouve…

Yan : Tout le monde s'y retrouve beaucoup plus. Et comme on disait hier on avait ce besoin d'aller voir autre chose et prendre ce risque aussi. Malgré tout on a changé de nom. Au début on pensait vraiment qu'on allait encore s'appeler Carving tout en faisant une musique différente mais elle a tellement été chamboulée… Car on est passés chez un type avant pour enregistrer une maquette. On a aussi évolué avec lui dans autre chose, on a bien aimé ce côté-là aussi et cette évolution ça nous a fait changer de nom. On s'est dit "bon les gars on ne peut pas encore s'appeler Carving, on pourra jamais faire un MyBoard, faire les titres qu'on faisait avec Carving. Tu vois, on sentait qu'il y avait un malaise donc on s'est dit qu'on allait vraiment partir sur autre chose. Et c'est vrai que c'est un truc qui je pense nous représente même si on n'a pas tous composé ensemble. Tu sais, avant Lio faisait du sax.
Lio : Ouais, moi j'étais au sax dans Carving. Si tu veux, on s'est retrouvés prêts à enregistrer le troisième album de Carving et, non pas que ça le faisait pas, mais on avait envie d'autre chose, tous. Par exemple le son de la section cuivres ou le son du sax, ça ne colle pas, tu n’imaginerais pas une section cuivre ska dans Bloc Party ou un groupe anglais. Donc je suis passé au clavier, c'est quelque chose dont j'avais envie depuis longtemps sans avoir pris le temps de l'avoir fait.

Alan : Et votre évolution s'est faite par rapport à ce que vous écoutez, de Bloc Party ou d'autres groupes anglais, ou c'est venu d'autre chose ?

Matt : La musique de Skip The Use, ça représente beaucoup plus une partie de ce que chacun va écouter. On a tous des goûts différents mais on a des groupes en commun qu'on aime bien et après chacun va écouter des choses que personne dans le groupe ne va aller écouter ou acheter le disque, mais on a des influences en commun et des influences diverses et c'est vrai que sur Skip on s'y retrouve beaucoup plus par rapport à ce qu'on écoute à la maison ou ce qu'on a envie d'aller voir comme groupes.
Yan : Même comme des vieux, admettons, des vieux trucs de funk, des trucs un petit peu pourris, peut-être pas pour tout le monde, (il regarde Matt, rieur) je parle peut-être pas pour lui…
Lio : Parce qu'on n'est pas toujours d'accord.
Yan : Lui on l'a tiré dans un truc tu vois, dans quelque chose de différent. On kiffe aussi tout ce qui est chic, les passages de basses et tout, (désigne Jay qui mime) lui il adore ça, même si là ça n'est pas représentatif du tout de ce style de musique. Quand on les écoute, ce sont des choses qui nous font danser et ce truc-là est aussi pour faire danser les gens. C'est vrai qu'avec un groupe de ska punk, ça danse mais ça n'est pas le même genre de danse… On est influencés par tellement de musiques, on adore tous le rock et dans toutes nos chansons, même admettons Hell Parade qui se rapproche un petit peu de groupes comme Rage Against The Machine, un truc qu'on kiffe tous : là on les a vus en concert, on a pris une de ces claques, c'était monumental ! Et ça nous faisait plaisir d'aller chercher autre chose. Le deuxième album si ça se trouve ça sera encore autre chose, mais par contre ça ne sera pas dans le style où on était, ska punk, où quand tu joues parfois c'est un peu dégueu, tu t'en fous. Même si là on a encore un truc comme ça, c'est plus abouti.

Alan : C'est plus propre ?

Yan : Ouais, c'est plus propre au niveau de la musique, c'est un peu plus recherché. Pour nous c'était une sacrée découverte, pour le boy (désigne Matt) aussi. C'était une autre approche du chant par rapport à Carving : tout n'est pas scandé même si on garde ce côté-là car c'est un côté qu'on aime vraiment bien. C'est une des influences qu'on a retirée de Carving.
Lio : L'énergie.
Yan : L'énergie, c'est un truc qu'on aime bien, qu'on a voulu garder, un peu canalisée. C'est vrai qu'il y a pas mal de gens qui disent que ça a un côté Bloc Party. Mais on ne s'est pas dit "on va faire un groupe avec un black et quatre blancs pour en faire du Bloc Party" (rires), mais au final les gens quand ils voient le groupe, juste au niveau des photos, déjà ça fait Bloc Party. Et le chant, je ne sais pas s'ils le ressentent comme ça mais je trouve que ça n'a rien à voir.
Matt : Mais déjà du temps de Carving, on nous parlait déjà de Bloc Party, juste parce que t'es black, tu fais du rock alors que tu fasses du rock avec un grand R, du punk, du rock'n'roll ou du rock biff, tu restes un black qui fais du rock et si le truc à la mode c'est ça forcément les gens font un amalgame. C'est un groupe qu'on aime vachement bien en même temps. Quand on nous dit "ah, vous tirez vos influences de Bloc Party" ou "ça me fait penser à Bloc Party" plutôt, parce que ça ne sont pas trop les influences dont on parle, moi je prends ça comme un compliment, parce que c'est quand même un vachement bon groupe donc ça fait plaisir. On préfère qu'on nous dise ça plutôt que "ça nous fait penser à Demis Roussos".

Alan : C'est pas tout à fait le même trip.

Matt : Mais on écoute encore du punk dégueulasse (rires). Parce que là ils nous ont sortis leurs trucs chics et tout…
Yan : Non mais c'était un truc comme ça. Avant on avait un groupe de reprises où on faisait des conneries comme ça, et on kiffait ça. Quand on voyait les gens devant, franchement on a fait des concerts, ça dansait, c'était un truc de fou.
Jay : C'est vrai que à voir les gens pogoter sur du punk rock, on s'est dit que ça serait bien de faire danser les gens, que le projet garde un côté rock et un côté dansant.
Yan : Et que ça garde aussi le côté bonne humeur. Ce qu'il y avait dans Carving les gens malgré tout quand ils venaient en concert ils avaient le sourire et on a encore ce côté-là, les gens sont contents, je pense qu'ils passent un bon moment.
Matt : Et puis il y a aussi un truc dont on ne parle pas souvent mais qui est aussi une réalité physique, c'est que Carving au départ c'est vraiment un groupe de punk, de potes, au final eux (ndlr : les autres membres) se sont greffés au projet. A la base on était tous des punks. Il y en a qui sont partis avec le temps, qui sont partis bosser. Eux sont arrivés alors qu'ils ne venaient pas du tout du punk rock. A un moment donné j'étais tout seul d'origine, même moi ça me faisait ch*er. Ca fait un peu "on va faire notre musique, on va s'appeler Carving" alors qu'au final t'es tout seul du projet et à un moment donné je comprends qu'eux, quand ils se sont greffés à Carving, ils soient rentrés dans le trip, mais à partir du moment donné où tu es tout seul, punk et tout dans ton truc et que tous les autres se sont greffés, je pense que c'était à moi aussi de dire : "bon, les gars, on va faire un nouveau truc".
Jay : En plus de ça, toi dans Carving, t'es à la base du projet, t'es dans ce groupe-là depuis 1994, Skip on a fondé ce projet en 2007, t'as fait treize ans de punk tu vois sans jamais quitter ta ligne directrice, donc c'est normal que t'aies envie de faire autre chose.
Yan : Je me rappelle, même dans Carving, quand j'ai écouté le premier album, il y avait des trucs, ça n'avait rien à voir, y'avait des passages bossa et tout qui étaient déjà complètement à l'ouest du punk.
Lio : Donc voilà, on parlait de la manière de composer les titres etc.
Matt : Pourtant à ce moment-là dans Carving, j'étais bien seul pour composer les titres, mais c'est parce qu'on s'en br**lait, c'était aussi une autre façon d'approcher les choses. Franchement, le seul lien qu'il y a aujourd'hui avec Carving dans Skip The Use, c'est toute l'expérience scénique qu'on a pu avoir depuis treize ans. Aujourd'hui ça nous sert quand on se retrouve à défendre le projet ou à être sur une scène en première partie d'une groupe. Là on était en tournée avec Trust : tu fais un Zénith, t'arrives dans la salle, t'as deux-trois mille personnes qui attendent Trust et bah nan c'est toi. Nous on connaît cette situation-là parce qu'on l'a vécue moult fois avec Carving. Ca nous a permis avec Skip The Use d'être un peu plus tranquilles pour affronter ça, ou quand on est allés jouer avec Rage à Lisbonne. Se retrouver dans un festival, un truc immense… Ca c'est le côté de Carving qui nous a vraiment servi au projet, pour avoir l'énergie, l'expérience de scène, savoir prendre une salle, un public.

Alan : Votre public a suivi ?

Matt : Maintenant on a vraiment tenu vis-à-vis des médias à… tu vois, LillelaNuit qui a souvent suivi Carving, … Souvent on nous a demandé pourquoi on faisait les morts : on n'a pas arrêté Carving, c'est pas mort, c'est pas fini le groupe, peut-être qu'un jour on refera les cons mais on avait envie de faire une coupure.
Lio : Et ça prend du temps.
Matt : Ca a pris du temps, maintenant je pense que les gens sont prêts, tout le monde a intégré qu'on avait fait un nouveau projet. Le fait d'avoir fait Carving, ça a développé aussi une scène à Lille de jeunes qui font des groupes, c'est super bien : y'a plein de groupes de punks à Lille. Et c'est pour ça qu'on n'a pas répondu aux trucs, qu'on a fait les morts et qu'on a préparé ça dans notre coin pour vraiment faire une transition. D'ailleurs le premier concert dans la région de Skip The Use c'était à Rock en Stock l'année dernière. On était super stressés parce que dans la salle y'avait des gens avec des trucs Carving qui attendaient genre "qu'est-ce qu'ils vont faire". Et ça s'est super bien passé, je pense aussi grâce à ça, parce qu'on a pris le temps qu'il fallait, on a annoncé les choses. On n'est pas arrivés du jour au lendemain : "bon allez c'est fini, maintenant on fait ça". Et nous on est un peu comme des gosses dans ce projet-là, parce qu'on découvre de nouvelles choses, parce qu'il y en a qui découvrent de nouveaux instruments. Moi j'apprends à chanter de façon différente. En même temps j'ai toujours mes petits morceaux punk qui vont bien où je peux me lâcher. Je pense aussi que pour les boys le fait d'avoir joué dans Carving, il y avait une énergie qu'ils kiffaient bien et du coup ils se lâchent aussi. On a nos morceaux plus groove. C'est vraiment un projet dans lequel on se retrouve vraiment : on a chacun nos petits morceaux pour se lâcher.

Alan : Et vous parliez de l'aspect "dance" de vos morceaux. J'ai vu que vous alliez faire des concerts avec Naive New Beaters : c'est un hasard ou c'est un groupe que vous kiffez ?

Lio : C'est un hasard.
Jay : C'est un pur hasard.
Matt : J'vais pas dire que c'est un pur hasard sinon notre tourneur va péter un plomb (rires). Non, notre tourneur, Christophe, qui bosse pour NPE, notre tourneur à Paris, s'est beaucoup démené pour qu'on fasse ces dates avec Naive New Beaters. C'est pas du tout un hasard (il sourit), c'est un truc qu'il bosse depuis des mois (il rit). Parce que c'est le groupe tendance en ce moment, donc c'était important pour lui qu'on fasse des scènes avec eux et puis parce que le staff de Naive New Beaters, on trouvait que y'avait une connexion possible. Il se trouve aussi, et ça c'est un truc assez original, le premier guitariste de Carving est dans le crew de Naive New Beaters.
Lio : Le monde est petit.

Alan : C'est vrai. On va parler un peu de l'album : quels sont les thèmes majeurs sur l'album ?

Matt : Au niveau des textes ?

Alan : Oui, au niveau des textes.

Max : La société de consommation.
Jay : Je reviens, hum.

(Rires). Alan : Je vous rassure, c'est la seule question là-dessus.

Skip The Use MaxMatt : Ca aborde plein de thèmes différents. Le point commun à tous ces thèmes est de voir différents thèmes de la vie avec une vision rock 'n' roll. Que ça soient les relations de couple, les nanas, les concerts de rock en eux-mêmes. Give Me, ça va être une chanson sur les groupies dans les années 70, Bastard Song est une chanson très live dans laquelle on incite les gens à se lâcher et à danser : pendant trois minutes trente lâcher prise ça peut faire du bien dans une journée. Dans Bullet (In My Head), c'est un truc un peu plus drôle où on va parler d'un mec qui déteste sa femme, qui la supporte pas car ça me fait toujours délirer les chansons d'amour où tout est génial (rires). Donc là c'est complètement l'inverse : c'est un mec qui déteste sa femme, qui a envie de lui faire toutes les misères du monde mais bon, il reste avec elle et il subit. She's My Lady, c'est une chanson sur le point de vue rock 'n' roll de ces gens qui sont un peu icônes du rock et qui se sentent complètement sex-symbol : des mecs comme Prince, des mecs comme Iggy Pop, qui s'approprient toutes les meufs qu'ils croisent sur leur passage juste parce qu'ils sont persuadés qu'ils sont formidables. A chaque fois, il y a un côté un peu décalé, un côté observation d'un milieu dont on fait partie, parce qu'on fait du rock 'n' roll, mais avec un certain recul, se dire qu'il y a quand même des trucs vachement rigolos. dans le rock 'n' roll, il y a plein de clichés qui sont super drôles. Il y a peut-être des chansons un peu plus profondes comme Unbreakable, dans laquelle on parle du fait que…
Max : Du monde d'aujourd'hui.
Matt : Du monde d'aujourd'hui et de la place qu'on y tient, qu'il faut se battre, qu'il faut être un crevard pour arriver au bout de ses peines. Je me suis surtout inspiré de ce qu'on a pu vivre avec le projet Skip The Use. Parallèlement au projet Skip The Use, on a une équipe de management qui a monté un label qui s'appelle Calysta, qui a produit le groupe, donc deux jeunes qui ont créé une entreprise pour produire un groupe de rock, aujourd'hui, avec toutes les galères que ça comporte, donc deux ans de préparation pour pouvoir sortir l'album le 5 octobre, mais deux ans de galères. Quand on dit "incassable", on est toujours la même équipe, il y en a même en plus, on a réussi à tenir le choc. Dire que c'était quand même possible aujourd'hui d'avoir un projet.

Alan : Il y a une chanson aussi qui s'appelle Don't Want To Be A Star. Vous avez la volonté de garder cette indépendance ? C'est lié à une volonté de rester sur un label indépendant ou pas du tout ?

Yan : Non, c'est plutôt par rapport au mot "star". On a une réelle envie de tourner le plus possible et de voir le plus possible de gens. La starification c'est un autre trip.
Jay : On associe pas forcément ça à une major ou un label indépendant, c'est plus nous, personnellement et au sein du groupe, comment on ressent le truc. Etre des stars n'a pas forcément un rapport avec être dans une major ou pas, c'est nous personnellement. Ce qu'on veut avant tout c'est prendre du plaisir et en donner, avec les gens, avec une certaine forme d'humilité quand même.
Matt : Les paroles de la chanson expliquent concrètement cela : on parle du comportement qu'ont les stars. Les paroles c'est : je ne vais pas utiliser l'Afrique, faire le crevard pour vendre des disques, j'ai pas envie de faire une love song à la radio pour me faire de la thune, j'ai pas envie d'être un bien-pensant, de faire tout bien, j'vais faire tout sage, j'vais faire tout ce qu'on me dit gentiment, être un bon vieux mouton pour surtout froisser personne, pour être copain avec tout le monde, j'vais pas aller dans toutes les soirées bidon à Paname pour me tirer le max de meufs possible qui vont pouvoir me ramener des plans. Au final, on est cinq potes, on fait du rock 'n' roll et si ça marche, ça sera juste parce que la zik elle est cool et que les gens kiffent ça, le reste on n'en a rien à battre. Maintenant, qu'il y ait le maximum de gens qui aiment ça et qu'on puisse faire une communion avec plein de gens, c'est ce qu'on recherche. Mais justement cette chanson c'est pour dire qu'il n'y a pas que nous, y'a des tas de groupes qui sont comme ça dont on entendra malheureusement pour la plupart jamais parler parce que le système ne veut pas les laisser parler. C'est aussi un peu une rage contre ce système qui protège bien les petites starlettes mais non, il y a aussi autre chose. Y'a pas que ce qu'on vous montre à TF1.
Jay : Ouais, y'a beaucoup plus de gens talentueux dans l'ombre que dans la lumière.

Alan : Okay, et alors pour finir, le futur immédiat, vous avez prévu de tourner des clips ?

Matt : Ouais, on va tourner Give me, le single qui tourne en radio pour l'instant, on va tourner un clip pour ça et sûrement un clip pour le deuxième single. Par la suite on verra, tu vois on est un groupe en développement donc d'abord les dates parce que c'est aussi notre priorité par rapport à ce projet-là, faire un maximum de dates possible. On en a vingt-cinq pour la tournée de la promotion de l'album, c'est déjà une énorme chance, immense pour un groupe en développement qui a pas sorti d'album. On est super contents, on espère que ça va nous en apporter plein d'autres. Après tu sais comment ça se passe : il y a pas mal de partenariats qui tombent, les trois quarts sont tombés il y a trois semaines.
Jay : Tout dépend aussi de la manière dont le projet va se développer, si la sauce prend, mais il y aura des clips, c'est prévu. Quitte à les tourner avec une poignée de graviers mais c'est sûr on va en faire.
Matt : Et puis on a aussi pas mal de médias qui nous ont fait confiance donc c'est bien parce que malgré tout, on reste quand même un groupe de rock qui chante en anglais en France et jusqu'ici j'ai pas trop cartonné la presse parce que y'a pas mal de télés qui nous soutiennent, des radios nationales, ou des grosses radios régionales comme Ouï FM, donc on a beaucoup de chance, ce qui nous laisse espérer. On a au moins la chance que tout le monde soit informé qu'on existe et ça c'est la plus grande des chances quand tu fais de la zic ou de l'art. Après je ne dis pas que les gens vont kiffer, mais au moins ils sauront qu'on est là.

Skip The Use sera disponible le 5 octobre 2009 chez Calysta / Discograph.

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Photos promo : Baptiste Ringot.

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