Ce nouvel album de Timber Timbre était très attendu. Rares sont aujourd’hui les artistes dont on espère les disques à l’heure où la presse anglo-saxonne annonce la mort de l’album. Il faut savoir ne pas se laisser paralyser par l’enjeu, surtout après des albums extrêmement confidentiels et une soudaine déflagration pour le troisième. Taylor Kirk avait eu un peu de difficultés à gérer ce passage en pleine lumière et deux ans de tournée épuisants. Rassurons-nous, il n’est tombé dans aucun piège, cet album est superbe, retenu, épuré, différent et pourtant fidèle à sa tonalité générale.
Sans doute s’est-il décidé à ajouter une pâle touche de lumière blanche, un peu spectrale encore mais dans une nuance plus claire, moins ombrée, même s’il subsiste, au fond de la pièce, une porte grinçante et mal huilée vaguement inquiétante. On le voit d’ailleurs sur beaucoup de photos récentes alors qu’on se souvient de lui au Grand Mix, assis, caché sous un bonnet, préférant que l’on ne serve pas au bar pour ne pas jouer trop fort, accompagné de Mika Posen et du fidèle Simon Trottier.
Le tempo n’est pas monté, on continue à poser de superbes climats, on suit la consigne : Beat the drum slowly. On pense aussi très fortement à la limpidité liquide de l’anglais Richard Hawley, auquel on ne l'avait pas comparé sur les productions précédentes. Le disque, sans aucun doute, est plus ouvert, le mixage un peu plus aéré. On continue à œuvrer à l’ombre tutélaire des grands maîtres mais on s’en est aussi clairement affranchi pour avancer de nouveau après Creep on Creepin on. Le saxophoniste Colin Stetson, l’un des très rares musiciens à jouer du saxophone basse, fait même une apparition. Tempos posés et crépusculaires, on pense à une rêverie au bord d’un lac canadien, seul et frissonnant sous la pluie des cordes de l’album. Une Low commotion. Émouvant et Hanté.
En concert au Grand Mix, lundi 20 octobre 2014.
