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Black Rebel Motorcycle Club

Black Rebel Motorcycle Club

Peter Hayes & Robert Levon Been Style : musiciens, songwriters Date de l’événement : 16/02/2014

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De passage à Lille pour la fin de la tournée de leur album Specter At The Feast, Black Rebel Motorcycle Club (BRMC) ont répondu à nos questions. Ou plutôt, faute d'un emploi du temps compatible, l'interview prévue à Lille se fait finalement à Nancy, où le groupe américain joue ce soir à l'Autre Canal, une grande salle aux couleurs vives implantée en bordure de la Meurthe. Ce soir, ce sont encore les Nuits de l'Alligator, festival itinérant proposant cette année BRMC, Kid Karate et Dead Combo (voir notre review et nos photos du concert de Lille). Les habitués du festival arriveront un peu plus tard, quelques blousons noirs et chaussures de motards attendent déjà impatiemment devant la salle.

Nous sommes à présent backstage et, après une séance photo avec tout le groupe, la batteuse Leah Shapiro s'éclipse au profit de son comparse Robert Levon Been, chant et guitare basse principalement. Nous le rencontrons donc, ainsi que Peter Hayes, guitare et voix, entre autres. Le groupe est fatigué, couve une grippe qui leur fera annuler Besançon le lendemain, mais se révèle d'une amabilité et d'une gentillesse sans pareille.

Replaçons dans le contexte : les Nuits de l'Alligator sont l'occasion pour BRMC d'organiser une véritable tournée française, pour la première fois de leur carrière. Il leur reste trois concerts en France après une introduction à Londres, et nous sommes donc curieux de savoir comment ils ont vécu cette partie de leur tournée-fleuve.

"C'était génial", répond Peter sans réfléchir, "c'était même plutôt stupéfiant. Les salles bien remplies, j'ai l'impression que nous avons tourné dans toute la France, je pense qu'on peut dire ça". "J'ai l'impression qu'il n'y a pas un endroit où nous ne sommes pas allés, ou n'allons pas aller", renchérit Robert.
"Eh bien, il y a toujours quelques villes, mais je ne sais rien à leur propos", avoue Peter.
"Des villes ou des villages ?
- Peut-être les deux.
"

Ils rient. N'y voyez rien d'insultant, l'humour parfois douteux de Robert faisant au moins autant partie du personnage que sa curiosité naturelle. Curieux, BRMC l'étaient d'ailleurs beaucoup à propos de la France et ont entamé les comparaisons, notamment à propos du public français.

"Hum, [les Français] sont plus intérieurs, c'est plus comme un chaos contrôlé", décrit Rob, "Plus cérébral. Cela t'oblige à jouer mieux car tu es nerveux et les gens regardent vraiment et font attention plutôt que de se bourrer la gueule et trébucher les uns sur les autres". Peter nuance : "Ils sont géniaux, oui ! Il y a un mélange des deux : pas mal de gens pogotent, dansent et nous arrivent dessus, c'est super. Je pense que c'était comme ça chaque soir. Il y avait des moments adéquats pour un peu tout, certains calmes, d'autres moins".

Suffisamment calmes pour les chansons acoustiques ?

Peter : "Oui"
Robert : "Parfois"
Il sourit.
Peter : "La plupart du temps. Oui, c'est comme ça partout. Il y a plein de gens qui n'ont juste strictement rien à foutre de les entendre. (il rit) Tu sais, ils commencent juste à bavarder. C'est normal. (Il sourit) C'est drôle d'entendre des gens lancer : 'Vos gueules !'. Tu entends des petits murmures de ce genredans la foule parfois et alors ça fait parler ces gens encore plus fort".

BRMC guerilla !

Le groupe est très attentif à ses fans et a lancé il y a quelque temps une opération, baptisée guerilla BRMC. L'idée était d'imprimer des posters, puis de les coller dans les villes où les concerts allaient avoir lieu, voire dans d'autres villes, voire partout.

BRMC guerilla à LilleL'opération visait principalement la France, et c'est ainsi que le groupe a garé son tourbus devant des poteaux à leurs couleurs. La guerilla est cependant rapidement devenue un phénomène plus important et les photos des fans continuent d'affluer. Nous avons donc voulu savoir d'où l'idée était venue.

"Les posters... ça vient d'un fan en Indonésie qui a commencé à en faire pour le fun, et Ian (Ottaway, écrivain qui gère leur blog) me les a envoyés", explique Rob, "J'ai pensé que cela partait d'un super esprit et que ça pourrait être un truc marrant si les gens ici en France voulaient faire la même chose pour les concerts à venir. On ne ferait pas que leur suggérer mais on enverrait des posters (ndlr : après la première vague imprimée, des milliers de posters ont été envoyés en France, répartis géographiquement selon les demandes) à ceux qui voudraient le faire. Et après ça a complètement dépassé ce cadre. D'autres gens voulaient participer ailleurs qu'en France. Et puis l'idée n'était pas que pratique, comme faire passer le mot, mais aussi mettre en place quelque chose qui permettrait aux gens de venir assister aux balances, obtenir des tickets pour les concerts et s'impliquer plus que le fait de venir à un concert et repartir chez soi. Donc c'était sympa, une manière sympathique de rencontrer les gens, connaître un peu mieux leur passion et la partager un peu plus. Tu vois aussi un paquet d'artistes cool qui font leurs propres posters, créent des pièces sur leurs blousons ou autres trucs du genre. J'aime combien beaucoup de nos fans sont aussi créatifs. C'est le meilleur dans tout cela."

Qui a choisi les photos et les textes pour ces posters ?

Robert : "Kafukk, le fan indonésien - et Ian en a suggéré d'autres. Et ça a pris plus de temps que ce que nous le pensions alors on a fini par lui envoyer de l'argent pour le temps investi. Il ne voulait pas le prendre en nous disant que ce n'est pas pour cela qu'il l'avait fait, mais on l'a forcé à le prendre quand même" (il sourit).

Robert Levon Been, BRMCParlant images, on murmure qu'un DVD pourrait être tourné. Le 1000ème concert de BRMC, le 11 décembre 2010 à Londres, avait été filmé mais rien n'était sorti. "Tout n'a pas été filmé", nous précise Robert, "et on ne l'a pas fait comme il faut. On ne l'avait pas planifié, c'est quelque chose auquel on a pensé quelques jours avant le concert, mais toutes les parties n'étaient pas là pour en faire un véritable film. Oui, c'était un soir important pour nous donc j'aurais aimé avoir celui-là. C'est un de mes seuls regrets".

Une setlist différente chaque soir

On aurait bien aimé l'avoir aussi. Tant de concerts, donc, et une setlist variée tous les soirs, composée de quelques immuables pouvant néanmoins varier, quelques morceaux du nouvel album, quelques morceaux plus anciens et sans cesse des surprises : des faces B, des morceaux rares : tout est un peu possible avec BRMC. Depuis le début de cette tournée française, on a déjà collectionné les versions pour une ambiance parfois radicalement différente selon les soirs. Mais comment choisissent-ils les morceaux pour chaque concert ?

Peter : "C'est un dosage, c'est juste un mélange. On essaye de garder tout le monde à l'esprit : les nouveaux venus et les fans de longue date. On essaye de faire un peu pour tout le monde, et pour nous-mêmes (il sourit malicieusement) (ndlr : lors des balances, ils répètent parfois des morceaux qu'ils ne jouent que très peu sur scène, jusqu'au jour où la version leur plaît et sort). On garde tout le monde en tête et parfois cela dépend aussi de nos voix, en gardant ce qui est un peu plus facile. Tu as besoin d'y réfléchir un peu aussi ou alors tu es foutu avant le dernier concert, il y a aussi cet aspect, plus pratique."

L'aspect pratique compte aussi quand on joue de la musique. Et d'ailleurs, c'est ce qui a fait choisir la basse à Robert quand il a commencé à jouer de la musique : "il y avait moins de cordes et j'ai pensé que cela pourrait ne pas être aussi difficile que la guitare et... j'avais raison ! (Il rit) Je savais que si j’avais l’impression que c’était du boulot, j'arrêterais et ça ne serait pas très marrant. J'ai juste écouté des disques que j'aimais, de Soundgarden ou de Alice In Chains, et j'ai essayé d'apprendre les lignes de basse que j'entendais et de les copier. J'étais surpris de constater que ce n'était pas si difficile. Et je n'ai pas appris la guitare avant des années et des années plus tard, au cas où". Hors interview, il nous explique néanmoins qu'il se sert à présent plutôt de sa basse comme d'une guitare. Sachez d'ailleurs que si vous souhaitez reproduire ses riffs de basse, il y a parfois bien du boulot.

Du processus créatif de BRMC

Tant que nous sommes dans l'écriture, on leur parle de quelque chose qu'on a constaté à l'oreille. Entre Beat The Devil's Tattoo, sorti en 2010, et Specter At The Feast, sorti en 2013, on entend une différence au niveau de la batterie. Nous avons donc voulu savoir si le processus créatif avait évolué petit à petit avec Leah au sein du groupe, ou si le travail avait été différent sur les deux albums.

Peter Hayes, BRMCPeter se lance dans une longue explication passionnée : "Ouais, ouais, on a travaillé différemment. Pour Beat The Devil's Tattoo, on utilisait encore deux pistes pour la batterie, pour la plupart des morceaux. Je ne sais pas si cela fait sens quand tu enregistres... Au fil du temps cependant ils ont continué d'ajouter des microphones pour que tu puisses avoir plus de contrôle sur le son. Nous on était plutôt indulgents à ce propos et avec les années on se disait juste 'eh bien, on aime le rendu sonore avec ces deux micros, c'est juste parfois un peu merdique'. Et il y avait ce type qui nous aidait sur le disque, Chris Goss. On ne veut pas se dérober devant des chansons magnifiques, comme tu sais c'est un aspect de ce groupe."

"Je considère que Too Real est une chanson magnifique malgré l'enregistrement un peu merdique et pour Salvation, l'enregistrement est un peu merdique aussi, mais tu prends ça et tu le transfères dans un studio, avec un paquet de micros et là tu peux l'ouvrir vers quelque chose d'encore plus magnifique, plus comme un paysage plutôt que de le contenir dans un son particulier.", détaille Peter, "Donc, on réfléchissait déjà à ça quand il est arrivé, Chris Goss nous a dit : 'Ouais, vous savez, je comprends un peu ça. Les gars n'avez jamais vraiment fait cela'. C'était vrai. Donc on l'a fait et pour d'autres on est revenus à la double piste pour la batterie, avec précaution, pour des trucs comme Teenage Disease ou encore Hate The Taste, pas mal de sons bizarres, torturés autour de rythmes de guitares. Ca doit correspondre à ce que vous entendez. J'adore les sons tribaux, les trucs hypnotiques, c'est notre cas à tous. Donc ça s'entend dans le rythme lui-même et dans le fait qu'on tente de le faire pour chaque instrument. Tu sais, les percussions additionnelles et les tambourins créent une profondeur dans le rythme et refilent ça au reste. Ca s'entend peut-être encore plus ailleurs que dans Specter d'ailleurs."

La tournée s'achève début mars, alors quels sont les plans pour 2014 ?

Robert : "Je ne sais pas"
Peter : "Non, il n'y a vraiment rien de prévu. On garde nos yeux ouverts pour un autre film sur lequel on pourrait bosser. Mais on va surtout se reposer de cette tournée pendant un petit moment. Tu sais, on tourne depuis février 2013, donc on va se calmer un peu. C'est quelque chose de génial mais je pense que ça prend un moment au cerveau pour s’en remettre. On va rentrer à la maison, s'asseoir et réfléchir un peu avant de voir ce qu'on met sur la table. Peut-être musicalement. Ecrire".

Nous pourrions continuer un bon moment, Peter et Robert étant vraiment très ouverts à nos questions mais nous préférons les laisser se reposer un peu avant le concert.

La version enrichie de cette interview sera publiée prochainement, en français et en anglais, sur le site français.

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