Le groupe lillois Aedo Time nous a donné rendez-vous dans son local de répétition à la MJC La Fabrique à Tourcoing. Olvi, la chanteuse ; Nico, le batteur ; Manu, le bassiste ; Axel et Julien, les guitaristes, nous ont dévoilé en l'absence de Vince, le claviériste, les dessous de leur groupe. Très bavards, et très sympas, ils se sont prêtés au jeu des questions - réponses à propos de leur rencontre, de la sortie de leur premier EP, et de leurs projets.
Comment avez-vous commencé à jouer tous ensemble ?
Manu : Mon frère Axel et moi avons appris à jouer de nos instruments ensemble. Un jour, j’ai acheté une basse et lui une guitare, c’est là un peu la genèse du groupe. Pour Olvi c’est un peu particulier, puisqu’elle allait à un cours de Gospel avec ma mère qui lui a demandé très vite si elle ne voulait pas chanter dans un groupe de Reggae.
Olvi : A partir de là, je les ai contactés, et puis on a commencé à faire de la musique ensemble.
Manu : Ensuite on a rencontré Nico, notre batteur, via internet. Avant, on a eu plusieurs batteurs qui venaient et qui repartaient… On ne pouvait jamais construire quelque chose, parce que la musique est différente d’un batteur à un autre.
Olvi : C’était sympa car on a fait plein de rencontres. Mais au bout d’un moment, on s’est dit que l’on aimerait une base fixe, avec une personne qui soit là tout le temps.
Manu : Ensuite, Julien notre guitariste est arrivé il y a un an et demi. Vincent l’a suivi quelques mois plus tard.
Olvi : Ce qui est drôle pour Vincent, c’est qu’on l’a rencontré alors qu'on jouait au Comédia. Il n’y avait pas un chat… On a décidé de jouer pour les 5 personnes qui étaient là, et parmi elles, il y avait Vince qui était super emballé, et qui est venu nous voir à la fin en nous demandant simplement « J’peux jouer avec vous ? ».
Que signifie le nom du groupe ?
Olvi : « Aedo », c’est pour l’aède, le poète qui était le garant de l’histoire d’une communauté. On a ajouté « Time » pour le temps de la poésie.
"« Aedo », c’est pour l’aède, le poète qui était le garant de l’histoire d’une communauté. On a ajouté « Time » pour le temps de la poésie." Olvi - Aedo Time
Et le logo ?
Manu : En fait, on cherchait ce qui pourrait représenter notre musique. Et la montgolfière, c’est quelque chose qui nous transporte et qui nous rend légers. C’est un voyage tranquille, avec quelques turbulences, qui nous permet d’avoir une vision assez vaste sur le monde qui nous entoure.
On a pas mal de vos dates répertoriées sur le site de Lille La Nuit, est-ce qu’il y en a une qui vous a marqué plus que les autres ?
Manu : Je pense qu’il y en a plusieurs… Moi, personnellement, je retiens quand même celle aux 4Ecluses. C’est vraiment très bien organisé, et puis c’était notre première expérience dans le monde professionnel avec un bon son et de belles lumières.
Comment s’est déroulée la préparation de votre premier EP ?
Julien : Déjà il y a eu une phase de préparation, on a choisi les titres que l’on voulait pour l’EP, puis on les a retravaillés et arrangés. L’enregistrement a eu lieu chez Simon Fache. Le côté un peu frustrant, c’est qu’on l'a enregistré séparément.
Manu : Chacun est dans sa pièce avec son instrument. On ne veut pas entendre de basse dans le micro de la guitare par exemple.
Nico : Il faut quand même au passage rappeler que Simon Fache nous a filé un bon coup de main…
Qui est Simon Fache pour vous ?
Manu : Je l’ai rencontré à l’occasion de bœufs, et j’ai appris qu’il était arrangeur. Comme on allait bientôt enregistrer notre EP, je lui ai demandé s’il pouvait nous donner quelques conseils. Au final, il a beaucoup aimé notre musique et a proposé d’être notre réalisateur artistique et de nous enregistrer.
Vous avez d'ailleurs pu enregistrer cet EP grâce au tremplin 104 de l'IAE que vous avez remporté…
Olvi : Oui ! Ah tu veux l’anecdote du tremplin ?! Parce qu’en fait, nous n’étions même pas inscrits à la base. On en avait entendu parler mais il était trop tard pour les inscriptions… mais on a quand même été appelés pour pouvoir tenter notre chance !
Axel : On n’était pas vraiment prêts, c’était notre premier tremplin et on venait de recruter Vincent une semaine auparavant !
Olvi : En plus, le tremplin était très « rock », alors on était surpris de gagner avec notre musique Reggae !
Manu : Enfin, c’est concrètement grâce à ce tremplin qu’on a eu l’opportunité d’enregistrer notre EP. Nous avons financé une certaine partie pour pouvoir effectuer le pressage et finaliser correctement celui-ci !
Nico : Clairement pour sortir un EP aujourd’hui, l'agent reste le nerf de la guerre. On a dû vraiment se bouger pour financer l’enregistrement en trouvant rapidement des dates pour pouvoir faire une sortie avant l’été. Pour sortir un EP, il faut enregistrer, mixer, remastériser… et derrière il faut la communication, la pochette, les droits…
Olvi : Mais c’est génial, parce que ça n’a pas été simple, mais au final on a réussi à se payer un enregistrement de qualité, avec un son propre.
Nico : Je pense que le challenge, c’était de pouvoir amener quelque chose d’autre que ce qu’on retrouve en concert.
Comment sont nés vos morceaux ?
Nico : La base, c’est quand même Manu, qui a pas mal de compositions à proposer. Il y a plusieurs musiques qui vivent un certain temps, qu’on répète… et puis un moment, sur une étincelle, on se stoppe sur une musique, en se disant qu’on peut la faire évoluer. Il y a sûrement beaucoup de groupes qui fonctionnent comme ça. On fait des tests et encore des tests, parfois ça fonctionne, parfois non, parfois il faut ajouter ou bien supprimer des éléments…
Julien : C’est un travail collectif, qui part du boulot de Manu, qui est notre base.
Olvi : Pour moi, ce n’était franchement pas simple au début. Les gars me filaient un texte brut, avec pratiquement aucune mélodie, et me disaient « Vas-y chante »… ! Et puis, si eux avaient déjà des connaissances solides en Reggae, pour ma part c’est une musique que j’ai dû apprendre au fur et à mesure, pour pouvoir me poser dessus.
On a lu sur votre blog un article sur les groupes de Reggae dans la région… Pouvez-vous nous en dire plus ?
"Je trouve que la scène Reggae lilloise n’est pas mise en avant aujourd’hui."
Manu - Aedo Time
Manu : Avant de commencer à faire de la musique, je n’écoutais absolument pas les groupes de Reggae de la région. Je trouve que la scène Reggae lilloise n’est pas mise en avant aujourd’hui.
Nico : C’est vrai qu’à Lille quand tu veux rejoindre un groupe de Reggae, tu as intérêt à t’accrocher ! Je ne tombais que sur des annonces de groupes cherchant un batteur pour faire du black métal…
Etant donné que ce genre n’est pas très représenté, qu’est-ce qui vous a motivé dans les tremplins ? Pensez-vous qu’il y a « une place à prendre » ?
Manu : On est toujours dans l’optique de s’améliorer. Par exemple, la récompense de La Sauce Jack était un an d’accompagnement scénique, et c’est notre plus grosse lacune, ça nous a donc forcément motivé !
Nico : Et puis, il faut bien dire que les tremplins sont toujours le moyen de nouer des contacts intéressants avec des gens du métier.
Olvi : Au-delà de ça, moi je trouve que ça nous a fait monter en niveau à chaque fois. On savait qu’à telle date on se produirait et du coup, on bossait vraiment notre musique.
Nico : C’est vrai que quand tu es dans un groupe sans objectif, tu t’ennuies vite. Les tremplins sont essentiels pour faire avancer un peu son groupe, du moins ce fut le cas pour nous.
Quels-sont les objectifs et projets du groupe pour les mois à venir ?
Manu : Le projet le plus proche est de faire un clip. On va le faire avec l’aide de l’association OTO (Ouvre Tes Oreilles) qui compte des membres étudiants en BTS audiovisuel. Après, on essaie de lancer à fond la communication autour de notre EP, on a commencé à contacter des radios locales, des magazines sur le web… Sinon, si on se projette un peu plus, nous aimerions nous représenter pas loin de chez nous en Belgique, en France et en Europe... !
Olvi : A terme, on serait super contents de pouvoir enregistrer un album aussi !
Des prochaines dates prévues ?
Manu : On joue pour la fête de la musique à Saint André et au Circus le 26 juin !
