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« Django » : Reda Kateb dans la peau du guitariste de jazz mythique Django Reinhardt

Cette semaine dans son Actu Ciné, Lille La Nuit se penche sur un film qui est tout à la fois le biopic d’un grand musicien, l’évocation historique d’une époque troublée et un hommage à un peuple persécuté : les tsiganes. Ce film, c'est Django ! N'y voyez aucun rapport avec le western spaghetti (1966) de Sergio Corbucci ou le remake (2012) très libre qu’en a tiré Tarantino ! Django, réalisé par Etienne Comar, raconte l’histoire de Django Reinhardt l’un des plus brillants musiciens du XXème siècle. Le guitariste de jazz manouche est interprété par l'impeccable Reda Kateb. Django, voilà un film passionnant à plus d’un titre...

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Django de Etienne Comar : En interprétant Django Reinhardt, Reda Kateb fait davantage œuvre d’incarnation que d’imitation.

 

Critique : Etienne Comar - célèbre producteur de cinéma  - signe avec Django son premier long-métrage. Et il ne fait pas les choses à moitié en se lançant pour son premier film dans l’évocation d’un guitariste qui a influencé plusieurs générations de musiciens : le grand Django Reinhardt.

Le pari est risqué : il est vrai que Django Reinhardt n’est peut-être pas le musicien le plus célébré de nos jours. Le guitariste est sans doute mal connu (inconnu ?) des jeunes générations qui écoutent de la musique et vont dans les salles obscures.

Mais Comar a l’intelligence de penser avant tout à signer un vrai film de cinéma, qui peut intéresser le plus grand nombre. Pour cela il fait de vrais choix ! L’idée est de raconter l’histoire de Django Reinhardt comme s'il était un personnage de fiction. En deux mots : en vrai personnage et héros de cinéma !

Au lieu de signer un biopic classique qui fait défiler les différentes étapes (et passages obligés) de la vie du musicien - de sa naissance à sa mort - Comar a l’intelligence de se positionner sur une période très précise de la vie du guitariste de jazz manouche : il nous plonge en 1943, pendant l’Occupation allemande.

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Django de Etienne Comar : Sur le plateau, le cinéaste dirige le comédien Reda Kateb.


Du coup, son film échappe au côté didactique des biopics traditionnels
qui vous font décrocher de la projection et vous donne une irrépressible envie de bailler. Se concentrer sur l’histoire de Django Reinhardt c’est par la même occasion se concentrer sur une époque troublée, noire, sombre, riche en rebondissements et enjeux dramatiques forts.

Si la musique n’est pas oubliée dans Django, si le personnage de Django Reinhardt est merveilleusement incarné par Reda Kateb (notre Al Pacino français !), on se dit que Etienne Comar évoque tout autant le musicien de jazz qu’une période de notre Histoire terrifiante ! On peut même extrapoler en se disant que l’histoire de Django Reinhardt n’est peut-être qu’un « prétexte » pour rendre hommage à ce peuple magnifique, les tsiganes, qui ont payé un lourd tribu durant la seconde guerre mondiale à cause de la barbarie nazie !

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Django de Etienne Comar : Le génocide des tsiganes par les nazis est évoqué.


En racontant le parcours de Django Reinhardt, Comar raconte la culture tsigane, sa musique, ses coutumes.
Et semble nous mettre en garde sur d’éventuels dangers futurs qui nous pendent au nez si nous continuons à nous replier sur nous-même au lieu de jouir de la beauté et de la richesse de cultures qui ne sont pas la nôtre.

Django respecte avec beaucoup de minutie les faits historiques, mais se garde bien d’être une « leçon d’Histoire ». Comar et son scénariste Alexis Salatko - auteur de l'ouvrage Folles de Django - se permettent des libertés avec certains faits et personnages. Django Reinhardt est un personnage assez mystérieux dont on ne sait pas tout . Les auteurs lui préservent donc cette part de mystère.

On sait que le guitariste a eu beaucoup de femmes dans sa vie. Au lieu de nous infliger un défilé de maîtresses à l’écran, deux femmes sont privilégiés : l’épouse de Django Reinhard, Naguine (Beata Palya) et Louise de Clerk - superbe Cécile de France - personnage fictif qui représente les nombreuses maîtresses du musicien mythique.

En prenant quelques libertés, Etienne Comar fait œuvre de cinéma. Son film est tout à la fois un musical, un suspense, un drame, un biopic (tout de même) mais il ne se fige jamais dans un genre plutôt qu’un autre. Les associations pourraient être bâtardes, ne pas fonctionner. Au contraire l’alchimie fonctionne.

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Django de Etienne Comar : Cécile de France incarne Louise, personnage fictif représentant les maîtresses du musicien.


Django
est une fresque romanesque qui tourne le dos au spectaculaire pour se concentrer sur l’intime.
Ainsi même si décors, reconstitutions, costumes, direction artistique se montrent parfaits, ils n’écrasent jamais les personnages.

On vibre pour Django Reinhardt, ses amis, frères tsiganes, les femmes qu’il aime. On est ébloui par le travail fourni par Reda Kateb. On est bouleversé par cette fin (que nous ne dévoilerons pas) qui nous renseigne sur une facette méconnue de Django Reinhardt.

Django est un beau film, sincère, dont les choix d’écriture, de structure, de mise en scène et d’interprétation rappellent qu’on peut raconter un  personnage emblématique d’une époque sans pour autant tomber dans la caricature et un hommage figé digne du Musée Grévin.

Synopsis : À Paris en 1943 sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères Tsiganes sont persécutés.
Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts…

Django un film de Etienne Comar
Avec : Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mirété, Vincent Frade, Johnny Montreuil, Raphaël Dever et Patrick Mille
Scénario Étienne Comar et Alexis Salatko - Librement adapté de l'ouvrage Folles de Django de Alexis Salatko, publié aux Éditions Robert Laffont
Producteurs : Olivier Delbosc et Marc Missonnier
Durée 1h55min

Sortie le 26 avril 2017

Affiche, photos et film-annonce © Pathé Distribution

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