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Phantom of the Paradise : Opéra-rock culte !

Synopsis : Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire connaître l’opéra qu’il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l’inauguration du Paradise, le Palais du rock qu’il veut lancer. Il vole la partition de Leach et le fait enfermer pour trafic de drogues. Brisé, défiguré, ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s’évader et revient hanter le Paradise…

© Fox / Solaris Distribution

Critique : Le cinéma Le Majestic de Lille et Plan Séquence ont décidé de fêter Brian De Palma. Comme ils ont raison ! La semaine dernière, nous abordions ce que nous considérons à Lille La Nuit comme le chef-d’œuvre du cinéaste, L'Impasse.
Cette semaine nous revenons sur l’un de ses films les plus emblématiques, le plus culte (le mot n’est pas galvaudé) avec son incontournable Scarface.

Brian De Palma réalise Phantom of The Paradise en 1974. Il s’agit de son huitième long-métrage. A cette époque, le réalisateur a déjà quelques beaux coups d’éclat à son actif comme Hi, Mom ! et Sœurs de Sang.
On a beaucoup glosé sur les obsessions de Brian De palma pour Alfred Hitchcock. Nous ne reviendrons pas trop sur le sujet. Disons simplement que De Palma a su digérer, comme tout grand cinéaste, ses nombreuses influences. Il les a transformées pour les faire siennes, se forger un style indéniablement personnel. Dans Phantom Of the Paradise, il s’en amuse au détour d’une scène hilarante qui parodie la fameuse séquence de la douche de Psychose. Histoire sans doute pour De Palma d’adresser un énorme clin d’œil aux cinéphiles, amateurs du maitre du suspens et à ses détracteurs. On retrouve aussi dans Phantom of the Paradise tout ce qui fera la "touche De Palma" : les splits-screens (écrans partagés) et bien sûr, le thème du voyeurisme qui parcourt toute sa filmographie.

Mais pour ceux qui ne connaissent pas ce film, qu’est-ce que Phantom of the Paradise ? C’est juste l’une des oeuvres cinématographiques les plus fortes des années 70. Un opéra-rock hors-norme, un film-monstre dans lequel De Palma s’amuse comme un petit fou à brasser de nombreuses influences et inspirations. Dans Phantom, on retrouve pêle-mêle le mythe de Faust, Le Portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde, Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, des clins d’œil au Cabinet du Docteur Caligari, à Marcel Proust. Et même une allusion à l'assassinat de John F. Kennedy qui traumatisa l'Amérique onze ans plus tôt. Excusez du peu ! Ce foisonnement de références n'est aucunement gratuit. Loin de saturer Phantom of the Paradise, il nourrit de façon cohérente une oeuvre tour à tour drôle, effrayante et poignante.

© Fox / Solaris Distribution

Qui dit opéra-rock, signifie bien évidemment musique. Ce qui plait bien sûr aux amis de Lille La Nuit. Au départ, De Palma, souhaite demander aux Stones ou aux Who de composer bande originale et chansons du film. Il n’arrivera jamais à les contacter. Puis, il fait la connaissance d’un drôle de petit bonhomme : Paul Williams, un auteur de chansons réputé dans le milieu du show-business. Il a notamment écrit pour Frank Sinatra, Elvis Presley, The Carpenters. Plus tard, il signe la célèbre chanson Love Boat pour la série TV La Croisière s’amuse. En 2012, les Daft Punk font appel à lui pour travailler sur Random Access Memories. Williams est un artiste incontournable des années 70 et 80.

Sur Phantom of the Paradise, Paul Williams décline différents genres musicaux : la Pop, la Surf Music, le Glam-Rock, la Folk,  ... Il écrit des chansons inspirées de groupes ou chanteurs comme les Beach Boys, Alice Cooper, David Bowie, Kiss, Janis Joplin ou encore les Who. Il compose une chanson devenue aujourd'hui culte : The Hell of It.
Mais Williams est également comédien. Dans Phantom, il incarne Swan, personnage inspiré du magnat Howard Hugues et du producteur Phil Spector qui travailla avec les Beatles. On se souvient aujourd’hui de Spector pour sa mythique technique d’enregistrement dite du « mur du son » et par la suite, hélas, pour l’assassinat sa petite amie.
En incarnant Swan, Williams compose un personnage malsain, terrifiant et diabolique. Il est parfait !

© Fox / Solaris Distribution

Face à lui, on retrouve un acteur fétiche de Brian De Palma, le regretté William Finley dans le rôle du malheureux Winslow Leach à qui Swan a volé sa musique et son amour. Finley est bouleversant. C’est Jessica Harper, bien connue des amateurs de cinéma d’épouvante pour le sublime Suspiria de Dario Argento, qui incarne Phoenix , convoitée à la fois par le redoutable Swan et le malheureux fantôme du Paradis.

De par son ambiance, la folie qui s’en dégage, la beauté de sa musique, la mise en scène outrancière de De Palma, sa photographie baroque, Phantom of the Paradise peut être considéré comme une date dans l’histoire du cinéma.
On peut dire aussi qu’il a ouvert la voix à d’autres œuvres similaires au cinéma comme The Rocky Horror Picture Show.

Phantom of The Paradise est de plus l’une des critiques les plus virulentes du monde de la musique et du show-business jamais produites au cinéma. Le moins que l’on puisse dire, c’est que De Palma n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il en rajoute même, justifiant sa réputation de cinéaste de l’excès.
Dire que Phantom of the Paradise n’a pas vieilli serait un peu exagéré. Mais c’est aussi ce qui fait sa valeur et son cachet. Son ambiance très seventies réjouira les amateurs de musiques et du cinéma de cette époque. Éloigné de toutes formes de conformisme et de formatage, Phantom of the Paradise est un film libre !

A noter que George Lucas s’inspirera du casque du fantôme du Paradis, de l’appareil qu’il utilise pour parler et de sa voix métallique afin de créer Darth Vader. Quand on vous dit que Phantom of the Paradise a joué un rôle prépondérant dans l’histoire du cinéma… Le film continue d'ailleurs d'influencer artistes, cinéastes, musiciens, DJ'S, ... On se souvient du clip  réussi qui illustrait le titre de Bob Sinclar, I Feel For You.

© Fox / Solaris Distribution

Signalons que Phantom of the Paradise a reçu le prestigieux Grand Prix du Festival du Film d’Avoriaz en 1975.
Le film ressort cette semaine dans toute la France grâce à Solaris Distribution, dans une flamboyante copie numérique restaurée. A Lille, il est programmé jusqu’au 25 mars.  Alors, plus aucune excuse pour passer à côté de ce bijou du cinéma ! Et comme dirait Swan : Trust me...

Nous dédions cette chronique au chanteur Ray Kennedy, disparu le 16 février dernier. C’est lui qui interprète Life at Last, la chanson de Beef, incarné dans le film par Gerrit Graham.

Phantom of The Paradise (1974)

Réalisateur : Brian de Palma Scénariste : Brian de Palma Compositeur : Paul Williams. Avec Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, George Memmoli, Gerrit Graham
Langue : Vostf Durée : 1h32 Couleurs

Affiche et Film-annonce © Fox / Solaris Distribution

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