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« Suzanne »: Sublime portrait de femme à la bande son rock !

Synopsis : Le récit d’un destin. Celui de Suzanne et des siens. Les liens qui les unissent, les retiennent et l’amour qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle.

© Mars Distribution

Critique: Il y a des films qui vous cueillent, vous emportent, vous bouleversent. Suzanne est de ceux-là.
Il s’agit du deuxième long-métrage d’une jeune cinéaste (33 ans !) : Katell Quillévéré. Retenez bien ce nom ! On ose prendre le pari que cette jeune femme a de beaux jours devant elle.
Lorsque Suzanne est présenté au dernier Arras Film Festival, le film est déjà précédé d’une réputation flatteuse. Il a fait l’ouverture de la semaine de la critique à Cannes où il a reçu un accueil dithyrambique.
Quelques journalistes viennent à la vision-presse organisée par le festival d’Arras. Philippe Lagouche, critique cinéma de la Voix du Nord se trouve parmi eux. Quelques 94 minutes plus tard, à la toute fin du générique, il se retourne et dit « Quelle claque ! ». Il a raison à 200%.

Ce qui étonne c’est que Katell Quillévéré (déjà lauréate du prix Jean Vigo, excusez du peu, pour son premier film Un Poison Violent) a su digérer, contrairement à nombre de ses petits camarades, ses influences cinéphiliques pour se forger un cinéma bien à elle.
Bien sûr, on perçoit les inspirations de la jeunes réalisatrice (le Bresson de Pickpocket, le Pialat de A Nos Amours dont l'héroïne s'appelle Suzanne, …) mais jamais le film n’est un catalogue de citations ou références.

© Mars Distribution

Elle a du culot Katell Quillévéré. Et ce culot, paie ! Elle prend son film à bras-le-corps pour raconter le destin d’une femme sur 25 ans. Avec un sens du romanesque, du récit, de la mise en scène qu'on n’avait pas vus depuis fort longtemps dans le jeune cinéma français.

Il y a aussi ce travail sur le montage (bravo à Thomas Marchand !). La cinéaste ose des ruptures de tons, des ellipses narratives. Sans trop en dire, on est souvent brusqué, secoué dans notre confort habituel de spectateur. L’une des scènes les plus fortes du film, nous fait découvrir Suzanne en prison. C’est un véritable coup de tonnerre puisque rien ne nous y a préparé. Que s’est-il passé ? Qu’est-il arrivé à la jeune femme ? L’irruption de cette séquence dans le récit provoque un effet de suspens que ne renieraient pas certains grands réalisateurs du cinéma américain. Et d’un seul coup, alors que nous étions dans une chronique sociale très forte, nous basculons dans le film noir.

Autre belle surprise que réserve Suzanne, c’est qu’on y découvre la description sensible, naturaliste, respectueuse du milieu modeste de l’héroïne du film.
Voilà enfin un cinéma français qui nous parle de « gens de peu » sans mépris ou clichés. Tout sonne juste dans le film : les décors, les vêtements, la manière de s’exprimer des personnages (hé oui, on peut ne pas venir du XVIème arrondissement de Paris et savoir parler un français correct). Jamais la cinéaste ne fait de ses personnages des caricatures.

© Mars Distribution

La bande son, très présente, aide à la progression narrative du film. On retrouve le rock des années 90-2000 (Hole, Courtney Love, Electrelane, …) mais aussi Nina Simone dans une superbe reprise du Suzanne de Leonard Cohen. Cette bande son permet  de nous sentir proche des personnages, d’être en empathie avec eux. Katell Killévéré a transmis aux protagonistes de son histoire ses goûts musicaux personnels. Sûr que de nombreux amateurs de Lille La Nuit se reconnaîtront dans les chansons qui parsèment Suzanne. Ces musiques, qui font partie de nos vies, agissent sur les spectateurs comme de véritables petites madeleines de Proust.

Mais il ne faudrait surtout pas oublier que Suzanne est avant tout un portrait de femme porté par une actrice au sommet de son art : Sara Forestier ! Elle trouve ici son plus beau rôle. Forestier est tour à tour bouleversante, espiègle, émouvante, agaçante, drôle, combattante, rebelle. Elle a tout donné pour le film et sa réalisatrice. Chapeau bas ! Comme quoi, nous avons encore de grandes actrices en France.

© Mars Distribution

François Damiens qui interprète Nicolas, le père de Suzanne, confirme tout le bien que nous pensons de lui. Il est impressionnant de justesse dans un rôle à l’opposé de celui qu’il tient dans Je Fais le Mort (toujours à l'affiche). Adèle Haenel, Paul Hamy et Corinne Masiero viennent compléter une distribution décidément impeccable.

Vous l’avez compris, on vous recommande plus que chaudement Suzanne. Quand on tient du cinéma français de ce calibre, qui tutoie le chef-d’œuvre, on ne passe pas à côté. Point barre !

Affiche et film-annonce © Mars Distribution

Rétrospectives et horaires Plan-Séquence.

La chronique ciné s'arrête durant deux semaines. On se retrouve le 8 janvier. Bonnes fêtes à tous et allez au cinéma !

  1. GAM

    Merci pour votre message, Clara. Allez faire un tour sur cette page : www.cinezik.org/critiques/affcritique.php?titre=suzanne-quillevere
    Vous trouverez la liste des morceaux dans l'ordre du film. J'espère que cela pourra vous être utile. Bonnes fêtes de la part de LLN.

  2. Clara

    Bonsoir, je rentre du cinéma, j'ai adoré le film, très bel article d'ailleurs! Cela fait un moment que je recherche la musique du début de la BA (du début à 0:50), mais impossible de la trouver, pourriez vous m'aider?

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