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« The Rose » : Un grand classique du film rock dans les salles !

Synopsis : 1969. Mary Rose Foster - The Rose (Bette Midler) est une rock star adulée mais épuisée par les tournées sans fin, les nuits sans sommeil, l'alcool et la drogue. Contre l'avis de son manager (Alan Bates), elle compte prendre une année sabbatique après un dernier concert qui doit la ramener triomphante dans sa ville natale de Floride.

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Bouleversante, drôle, effrayante, pathétique : époustouflante Bette Midler dans The Rose.

 

Critique : C’est l’une des reprises les plus attendues de cet été - et la plus attendue par les amateurs de films musicaux - : celle de The Rose, le film culte de Mark Rydell.

Et comme, selon le vieil adage, il y a un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître - The Rose fut réalisé en 1979 - nous allons planter quelque peu le décor : la fabrication du film de Mark Rydell a connu un parcours quelque peu chaotique. En 1973, il est envisagé de consacrer un biopic (terme pas encore tout à fait à la mode) à la chanteuse Janis Joplin, disparue à l’âge de 27 ans d’une overdose - qui fait partie du tristement célèbre Club des 27 avec Jimmy Hendrix, Jim Morrison, Amy Winehouse, Kurt Cobain et quelques autres -.

Le projet est proposé à la chanteuse de night-clubs Bette Midler, qui le refuse :

Quand Janis est morte, j’ai reçu un script intitulé Pearl (le surnom de Joplin et le titre de son dernier album). J’ai vraiment été choquée.

Bette Midler, The Rose

«Quand Janis est morte, j’ai reçu un script intitulé Pearl (le surnom de Joplin et le titre de son dernier album). J’ai vraiment été choquée. Je ne connaissais pas Janis, mais j’ai trouvé que la façon dont on la traitait était irrévérencieuse. Ce n’est pas que c’était un mauvais script ; c’était juste l’idée de ne pas laisser cette personne tranquille, tout particulièrement si peu de temps après sa mort.»*

Plus tard, Michael Cimino (réalisateur de Voyage au Bout de l’Enfer et La Porte du Paradis) - qui ne sera pas crédité au générique de The Rose -  et Bo Goldman (scénariste du mythique Vol au Dessus d’un Nid de Coucou) écrivent un scénario qui fait toujours référence à Janis Joplin puisqu’il raconte le destin tragique d’une star du rock. Mais ils retirent cependant toutes les allusions réelles et directes au personnage de la chanteuse, à la demande de Bette Midler.

Après que Michael Cimino lui-même, Norman Jewison (déjà réalisateur d’un film musical Jesus-Christ Superstar) et Ken Russell (réalisateur quant à lui de la transposition cinématographique de l’opéra-rock de The Who, Tommy) ont été approchés, c’est finalement à Mark Rydell qu’incombe la responsabilité de porter The Rose à l’écran.

Rydell, qui fut d’abord pianiste de jazz - autant dire qu’il s’y connaît en musique - et acteur, est un technicien solide qui fait son apprentissage à la télévision américaine en réalisant des épisodes de séries TV. Avant The Rose, il signe notamment un western devenu culte, John Wayne et les Cow-Boys, car il s’agit de la dernière apparition au cinéma de John Wayne.

Rydell signe d’autres films très intéressants après The Rose, notamment La Maison du Lac. Mais le film porté par Bette Midler est bien évidemment considéré à juste titre comme son œuvre la plus aboutie, et elle demeure la plus célèbre.

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Rose (Bette Midler) : comme un petit air de Janis Joplin.

 

Lost Films, et son distributeur amoureux du cinéma, Marc Olry  - on lui doit déjà de superbes reprises comme Seconds, L’Opération Diabolique - a la bonne idée de ressortir The Rose dans sa splendide version restaurée par la Twentieth Century Fox et Criterion. C’est une belle occasion pour tout un public de jeunes spectateurs amateurs de musique de découvrir l’un des films musicaux les plus emblématiques des années 70. Hasard de la programmation, c’est aussi l’occasion de voir The Rose quelques semaines après Amy, le documentaire consacré à Amy Whinouse. Soyons clairs, The Rose est bien un film de fiction mais il constitue tout de même l’un des documents les plus forts qu’on puisse voir sur l’univers du rock, ses stars, leurs frasques et l’exploitation dont elles sont parfois les victimes, par pur souci de business.

Mais The Rose montre surtout la pression psychologique, la perte de repères d’une star trimballée d’une ville à une autre, soumise à un stress permanent, épuisée à force de voyages en avions et décalages horaires, pressée comme un citron, se perdant dans les paradis artificiels et l'alcool pour décompresser. Sans oublier le public, qui vous adore, vous vénère, vous prend tout. La séquence finale du film fait froid dans le dos. Il faut voir Rose monter sur scène dans un état lamentable et découvrir le stade de sa ville natale, dans lequel elle va chanter. On dirait le corps d'une bête constitué de milliers de spectateurs, prêts à la dévorer. Terrifiant !

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Le stade, le public, les spectateurs, la foule qu'il faut affronter chaque soir. Au risque de s'y brûler les ailes.

 

Bien plus qu’un film léger sur le monde de la musique - même si le film contient aussi quelques scènes réjouissantes - The Rose est une tragédie moderne mais néanmoins shakespearienne portée par une interprète exceptionnelle, Bette Midler.

On a rarement vu au cinéma une rock-star incarnée de manière si crédible, avec autant d’abattage, d’énergie, d’émotion, de palettes de sentiments. Tour à tour bouleversante, ogresse, drôle, effrayante, pathétique, Midler interprète avec une conviction de chaque instant une femme perdue - sous influence, comme dirait Cassavetes - crevant du manque d’amour et de l’abandon des hommes.

En plus d’être un beau film musical, The Rose est un magnifique portrait de femme. Et si la mise en scène de Rydell (sublimée par la photographie du génial Vilmos Zsigmond, auquel va bientôt être consacré un documentaire produit et distribué par Lost Films) est impeccable, il faut tout de même avouer que ce qui nous scotche à l’écran, nous rive durant 2h14 sur notre siège, c’est réellement la prestation époustouflante de "LA" Midler qui trouvait ici le rôle de sa vie. Elle n’obtint pas l’Oscar mais reçut tout de même un Golden Globe de la meilleure actrice.

Bette Midler est l’instrument le plus sensible que je connaisse, un Stradivarius. Il n’y a pas une note qu’elle ne puisse jouer.

Mark Rydell

Mark Rydell dit d’ailleurs au sujet de son interprète : «Bette Midler est l’instrument le plus sensible que je connaisse, un Stradivarius. Il n’y a pas une note qu’elle ne puisse jouer. Elle interprétait un personnage qui, dans son enfance n’avait jamais été touché, caressé par ses parents, et le résultat est qu’elle a soif de contact, que ce soit sous la forme de la drogue, de la nourriture, de l’amour, de la foule. Et plus elle dévore les choses et les gens, plus elle se sent vide à l’intérieur. Et Betty a très bien compris cela car, au fond de sa personnalité, il y a ce même besoin de dévorer. Quand on est en présence de quelqu’un comme Betty Midler, c’est comme d’avoir entre les mains un fusil de haute puissance. Il suffit de bien viser la cible et d’appuyer sur la gâchette. Comme je savais ce que je voulais, il me suffisait de la guider doucement dans la bonne direction puis de libérer au bon moment son énergie.»*  Pas étonnant que le cinéaste ait alors voulu la retrouver pour un autre film, For the Boys, en 1991.

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"Bette Midler est l’instrument le plus sensible que je connaisse, un Stradivarius." Mark Rydell

 

Il semble difficile de faire le poids face à une telle tornade. Pourtant, le reste de la distribution est à l’avenant avec Alan Bates dans le rôle de Rudge Campbell, manager ambiguë à la fois confident, protecteur, exploiteur. Et Frederic Forrest, tout autant viril que fragile dans la peau de Huston Dyer, le petit ami de Rose.

Terminons tout de même par les séquences musicales : que ce soit dans les clubs, salles ou stades, chaque instant live est d’une crédibilité absolue, remarquablement filmé et monté. Pour la petite histoire, il faut savoir que les light-shows furent confiés à un dieu dans sa catégorie, Chip Monck, qui avait illuminé les légendaires concerts de Woodstock.

The Rose est en sortie nationale depuis le 29 juillet et il est programmé par Plan Séquence au cinéma Le Majestic de Lillejusqu’au 1er septembre. Voilà bien un incontournable de cet été au cinéma, estampillé Lille La Nuit.com !

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* Propos issus du dossier de presse.

Photos, affiche, film-annonce Lost Films  © 1979 Twentieth Century Fox Film Corporation. All Rights Reserved

Réalisation : Mark Rydell
Interprétation : Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton
Durée : 2h14
USA, 1979  - Langue : Vostf

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