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« Cuttlebone » de l’hapax

« Cuttlebone » de l’hapax

L'hapax Cuttlebone Style : Folk de chambre Sortie : 20/03/2014

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Tout commence par ce climat, posé en douceur par un savant larsen et un piano grave. C’est abrasif, osé, sombre, une sorte de lueur contenue. Un violoncelle étonnant relance constamment les assauts mélodiques du disque.  En recherche constante d'une expressivité sauvage et sans fard, le propos s’éclaircit souvent, regagne en lisibilité, ne s’enferre pas dans une noirceur de complaisance comme trop de groupes à la posture « Dark ». Les éclaircies sont fréquentes et subtiles, la lumineuse embellie de Timorous, par exemple. Un folk débridé, spontané, incarné, humain et vibrant.

La voix éraillée, pétrie d’humanité, extrêmement attachante, a le don de se tourner vers vous sans pose affectée. La configuration étonnante du groupe permet des alliances peu entendues. On a d’ailleurs, en général et en ce moment, le sentiment que la musique se sort de plus en plus des chapelles, des registres figés et l’hapax (non, il n'y a pas de majuscule) confirme. Puisque « l’hapax » définit aussi un mot qui n’apparaît qu’une seule fois en littérature, on ne peut pas leur reprocher cette singularité. Les cousinages ne sont pas si faciles à trouver et tant mieux. On tient là la preuve que l’on n’a pas affaire à une sous production qui lorgne obstinément vers des maîtres encombrants. Pas le genre de disque qui vous donne sournoisement envie de réécouter celui qui l’a inspiré. On a un peu pensé, furtivement, à certains titres orchestrés de the Eels et on mesure la portée du compliment. La voix pourra évoquer celle de Kelly Jones des Stereophonics quand il chante sur des titres lents. Pour situer, pas plus. Ni Eels, ni Stereophonics. L’hapax, d’abord. On ne triche pas. On pensera aussi ici à Nick Cave et là à Nick Drake.

On ne peut s’empêcher de songer, en écoutant le dialogue extrêmement réussi entre la guitare acoustique et le violoncelle de We (One), en appréciant cette réussite, ce sens de l’espace sonore, qu’on a tout de même une sacrée chance de compter tous ces musiciens qui jouent à Lille, La Nuit. Tony Melvil, Delbi, Bärlin et l’hapax, le très subtil Tim Fromont Placenti, en attendant de vous présenter tous les autres, belle affiche, ces musiciens affranchis des cloisonnements entre culture supposée et instruments qui s’y rattacheraient. Le rock n’est pas que guitares, il peut donc être aussi puisqu’on chronique ici l’hapax après Bärlin, clarinette ou violoncelle, entrelacés avec la voix… La scène lilloise est d'une élégance rare et d'une réelle audace.

Sombre et d’un éclat mat, le disque est très séduisant, entre fulgurances acérées trempées au larsen et tournoiements nocturnes sur fond de piano en pleine descente, comme sur Obnoxious. Le plus salutaire dans ce disque c’est qu’il ose, qu’il prend parti, qu’il propose une vision, un univers. On adhère ou pas, certes, mais on ne peut pas demander davantage à des musiciens et à un disque : réussir à nous proposer un univers. L’hapax réussit haut la main, sans tambours ni trompettes et même sans batterie ni électricité. Si.

 

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