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« Edge of the sun » de Calexico

« Edge of the sun » de Calexico

Calexico Edge of the sun Style : Jeux sans frontières Sortie : 02/04/2015

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Pas exactement une nouveauté de la semaine mais le duo magique est à nos portes et vient nous voir dans une dizaine de jours, le dimanche 24 avril à l'Aéronef avec Gaby Moreno (qui chante sur Beneath the city of dreams)  Après les envolées pop, variées, baroques et bariolées de Get Well Soon, la liste des orfèvres s'allonge un peu avec les duettistes de Tucson, Arizona, capables eux aussi d'une extrême finesse dans les arrangements et la composition. L'inspiration a pu varier chez Calexico, comme chez tous ceux qui font oeuvre d'Art, mais cette dernière livraison en date est splendide. Quand on a su qu'ils s'étaient adjoints les services de Sam Beam d'Iron and Wine et de Ben Bridwell de Band of horses, on a franchement salivé et on a eu raison. Les harmonies vocales et le mariage intelligent des voix sont splendides, quel que soit l'invité.

On va creuser des racines profondément américaines à coups de lap steel et de pedal steel guitars, ce genre de choses qui évoquent parfois le travail de Lyle Lovett. C'est qu'on croule souvent sous les résumés un peu courts quand on parle de Calexico, confondant pour aller vite Mexico et Calexico. Certes sous influence mexicaine pour une partie non négligeable de sa production, c'est une erreur de les cantonner dans cette catégorie pratique mais fausse. Ce n'est pas Cumbia de Donde qui va nous aider à lever le malentendu mais on insiste, c'est d'ailleurs pratiquement le seul titre marqué par les influences latinos. Bullets and rocks, sur lequel collaborent Bridwell et Beam est tout aussi représentatif du disque, sorte de blues lent teinté de guitare électrique africaine et de harpe, selon Joey. 

Convertino et Burns développent surtout leur sens de l'échange et de l'espace, ils voient large, ils voient grands, ils incluent pratiquement toujours les autres dans leur démarche, Neko Case ou Carla Morrison sur Moon never rises. Tout est en cinémascope, le duel aura bien lieu, lentement au soleil, comme dans un film de Sergio Leone ou de Duccio Tessari. Une très belle ampleur lyrique d'ensemble, rehaussée par des cuivres intelligemment utilisés et mixés, dans Miles from the sea par exemple. Toujours un excellent moyen de se sortir de nos sentiers parfois tellement battus que nous avons l'impression fausse que la pop, pour faire court, n'a plus rien à dire. C'est dans cette musique de la frontière et de ses passages clandestins assumés que se trouve toute la beauté du disque. De la valse de Woodshed Waltz au contretemps en fausse patte de Beneath the city of dreams, on voyage sans cesse et non, on n'est pas constamment à l'ombre sous un sombrero, tequila à la main. On erre sur ses lignes fines séparant de ténus territoires musicaux, on file jusqu'en Grèce (si.) avec des membres du groupe Takim sur World Undone inspirée par Bill Callahan qui inspire décidément beaucoup de monde. C'est splendide, crépusculaire et épuré comme l'orée d'un désert. Le dernier titre Follow the river indique intelligemment ce qu'il faut faire: se laisser porter au gré des flots scintillants de ce disque en reflets d'argent. Dimanche 24 avril à l'Aéro. 

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