Jneb n'est pas né de la dernière pluie. En 1994, il fonde son premier groupe de rock/punk/ska dans lequel il officie en tant que chanteur jusqu'en 2002. Il donne au passage une cinquantaine de concerts, et sort un album. Il décide ensuite de se concentrer sur un projet solo de grande ampleur, un tryptique multimédia intitulé « Idéaux et débats » qui voit le jour en 2007, et qui est encore actuellement en téléchargement gratuit. Il s'agit d'un film (« Vidéo et Débat »), d'un roman (« Idéaux et Ebats ») et d'un album (« Des hauts et des bas »), le tout en intéraction. Ce projet est porté par un message de fond prônant le port du préservatif. Qu'on le veuille ou non, Jneb est un artiste engagé et militant, un vrai punk comme on n'en fait plus ! S'en suit un concept-album de 10 titres intitulé « Tout n'est pas Rose » racontant l'exode d'un homme qui voyage pour oublier sa petite amie, Rose. L'histoire se déroule sur fond de « rock hétéroclite ». Jneb y convie un nombre impressionnant d'invités (19 au total) dont Marcel, Skip the Use, La Ruda, Suprêmes Dindes...
Mais Jneb n'a pas dit son dernier mot ! De retour avec son Jneb Band composé de Msieur L. à la guitare, Mamzelle D. au trombone, Msieur P. au trombone et aux choeurs, il sort en avril 2010 « Enfance v(i)olée » un ep 7 titres. Le groupe se définit lui-même comme un « groupe de pseudo-punk (de pacotille) ». Et pourtant, il s'agit bien là d'un punk authentique et survolté. On ne peut d'ailleurs pas s'empêcher de penser à Trust à la première écoute. Mais détrompez-vous, Jneb Band est dans l'ère du temps. Avec des productions de haute volée auxquelles s'ajoutent des arrangements au synthé ou au piano qui viennent accompagner la voix et les autres instruments, le groupe nous livre un punk résolument moderne, agité et toujours aussi militant.
Le visuel signé Chester et Berth nous montre un enfant pointé du doigt par ses camarades dans un cour de récréation. Cette illustration est une mise en image du morceau « Enfance v(i)olée » dans lequel le chanteur (accompagné de Lorenzo de No Flag) dénonce le dictat des plus forts utilisant leur pouvoir pour asservir les faibles : « Plus qu'interné, interne, il est le souffre douleur, personne n'y met un terme, (il) vit au grès des humeurs des grands qui n'ont de cesse de faire régner la peur ». Les titres, courts et intenses, s'enchaînent sans fioriture. Le ton est parfois dramatique « J'appuie sur la gâchette », « Le mâle bien », parfois cynique « ça sent la merde », mais très souvent ironique « Histoires courtes », « Jneb Band en Gaule » à l'image des illustrations de Berth à l'intérieur du livret (dans lequel on trouve également les paroles). Histoire de nous convaincre, Jneb inclut dans cet ep le clip à la fois drôle et acide du morceau « il faut être pris pour être prisonnier », réalisé en pâte à modeler !
Au final, Jneb a le mérite de proposer un punk éclectique survitaminé et engagé, dont l'humour cru et acerbe est mis en valeur par des productions de très bonne facture. De quoi remettre la crête au goût du jour !
