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GoGo Penguin « Man Made Object »

GoGo Penguin « Man Made Object »

Go Go Penguin Man Made Object Style : Musique électronique, instruments acoustiques. Sortie : 05/02/2016

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GoGo Penguin "Man Made Object".

Oui, sans aucun doute, et même les Experts ne trouveraient pas trace d'hésitation, Charlie Parker, Miles Davis et John Coltrane sont des génies absolus, ils ont définitivement modifié la conception même du jazz et de leur instrument. On ne revient pas là-dessus et on les écoute ici aussi souvent que d'autres grands comme Art Pepper ou Chet Baker. Seulement voilà, à force de parler sans cesse de cet âge d'or, on a souvent tendance à oublier que le jazz (non pas le jâââse des jâseux snobs, le Djazz, avec son joli D bien sonore pour attaquer le mot et son double z ultra vivant et vibrant) n'est pas mort avec eux. Il faut peut être cesser de penser qu'une couverture de magazine ne peut pas comporter d'autres icônes que ces géants. Certains GoGo conviendraient très bien.

Existent aujourd'hui des groupes et des albums renversants, trépignants de modernité qui peuvent vous faire totalement oublier ce que vous croyez penser du jazz. Passons sur tout ce qu'on peut penser parfois du jazz et fonçons vers 2017, ce qui s'y passe ici, maintenant, sous les doigts de musiciens nourris de Pop autant que de Be-Bop, de grilles d'improvisations autant que d'électro. Le pianiste, Chris Illingworth est très clair : Nous recréons la musique électronique sur des instruments acoustiques. Le Titre (man made object) est inspiré en partie de ma fascination pour la robotique, le transhumanisme et l'humain augmenté. Pas franchement tourné vers l'obsession du musée d'un jazz éternel qui n'avancerait plus du tout. Move on.

On songe aux fantastiques Bad Plus, au Neil Cowley Trio, au regretté Esbjorn Svensson, tous ces musiciens qui peuvent citer dans la même interview Led Zeppelin autant que Coltrane, Keith Jarrett autant que les Beatles. Music first, les étiquettes, on verra plus tard. La composition et ses méthodes ? Voilà ce qu'en dit le batteur, Rob Turner : Un bon nombre des chansons de l’album proviennent de morceaux que j’ai composés avec des logiciels de séquençage comme Logic ou Ableton. Après avoir enregistré ces maquettes, je les faisais écouter aux autres et on trouvait ensemble un moyen de les jouer avec nos instruments. Écoutez Protest, par exemple, et vous serez convaincus.

Le disque est superbe, extrêmement dynamique, perpétuellement en mouvement, parfait dans sa gestion des temps forts et de moments plus solennels. Les nouveaux batteurs de jazz ont compris tout ce qu'ils pouvaient tirer de la puissance des grands batteurs du rock tout en gardant une finesse de jeu extrême. Nick Blacka, à la contrebasse, dégaine occasionnellement l'archet ou envoie le bois sous ses doigts très puissants, il évoque les contrebassistes très terriens, ceux qui soutiennent toute la voûte avec un groove et une énergie incroyable. Le son de Chris Illingworth est très marqué par cette composition digitalisée, il est derrière les compositions et ne frime pas d'une touche. C'est splendide. Il n'y a rien à comprendre, on ne sait pas si c'est du jazz et on s'en fout, c'est magnifique. 

Le trio sera le 22 mars à L'Aéronef, accompagné qui plus est de l'excellent Thomas Grimmomprez trio, qui incarne également ce jazz pulsant et pétant de santé. De quoi vouer à cette musique un amour inconditionnel, A Love Supreme, par exemple.

Le concert de GoGo Penguin + Thomas Grimmomprez à l'Aéronef

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