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Still Life de Kevin Morby

Still Life de Kevin Morby

Kevin Morby Still Life Style : Folk US Sortie : 13/10/2014

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Le disque s’ouvre sur un tempo lent en suspensionentrecoupé d’accords clairs, un phrasé dylanien sans cette voix de sable et de verre, fameuse, mais redoutable pour de nombreux auditeurs. Les emprunts peuvent gêner mais James Taylor le disait récemment, Imaginer aujourd’hui faire quelque chose de totalement neuf est illusoire.  Les influences sont assez rapidement oubliées, d’ailleurs, si on fait le petit effort d’éviter les comparaisons et d’écouter Kevin Morby pour lui-même. Il ne tarde pas à l’être pour de bon en exposant des mélodies finement ciselées dont le cœur est souvent soutenu par une basse très ronde mixée en avant. All of my life vient sans conteste donner un tour plus grave et plus dense au disque, c’est le premier grand titre de l’album qui s’installe doucement, prenant des tours sinueux pour se loger dans notre mémoire mélodique, sans forcer, en passant, sans même avoir l’air d’y toucher, n’appuyant jamais sur la moindre touche de volume un peu gratuite. Un petit bourdonnement ici ou là, un appui discret sur une caisse claire limpide. On reste extrêmement musical sans verser dans le folk convenu pour feux de camps estivaux, égrenant des accords sages sur des textes doux amers et parfois très sombres. Des gens se meurent, des gens se noient, des gens tentent de trouver la paix mais ne la trouvent pas. Les titres ont une belle dynamique interne, toujours cruciale pour que tout disque fonctionne, le groupe est réduit à une expression simple, dessinant de frêles esquisses instrumentales qui permettent aux chansons de tenir parfaitement sans le moindre arrangement inutile. On pense à quelques cousins nord américains, Ron Sexsmith pour la fausse fragilité, Angel Olsen pour la sauvagerie farouche, Elliott Smith pour la grâce des guitares.

Dépouillé et pesé, mesuré et discret. Des pianos en cascades légères et d’étranges sonorités viennent compléter l'ensemble et évite l’uniformité d'un folk trop canonique (Dancer). Morby propose, nous disposons. Le disque, au fil des écoutes qu’il faudra prendre soin de répéter pour en savourer la finesse, acquiert une ampleur insoupçonnée, progressive, ascensionnelle, le track listing est très pensé. L'album ne se laisse pas faire, avant de se livrer totalement. Insistez.

On sait aussi le bonhomme fan de l’illustre et méconnu Bill Fay, capable de sortir presque par accident deux très grands disques parce que Matt Deighton (ex Mother Earth) est allé le chercher pour lui dire que tout était prêt et qu’il n’avait qu’à passer en studio. L’homme n’enregistrait plus. Il a quitté quelques temps son emploi de jardinier, dit-on, pour tailler d’autres haies, des dentelles moins végétales mais tout aussi fines. Cette filiation rehausse d’un ton le songwriting de Kevin Morby. Ses références, nettes, deviennent des gages de qualité. Tant qu’à choisir des maîtres, autant prendre ceux là quand on file du côté des guitares acoustiques très boisées, des Stratocaster claires et sans le moindre effet. Une très belle réussite de genre. Comme il est à La Péniche, le  25 mai, on n'a qu'une envie, aller voir de quel bois il se chauffe. 

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