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The Shoes + We Are Enfant Terrible + Rocky + Marklion DJ set au Grand Mix

Rocky est un groupe, français par accident, haut en couleurs et en sons assez cash. On ne sait pas grand chose de cette formation qui semble vouloir développer une mythologie interne à l'instar du Wallace des Naive New Beaters, dans un tout autre genre. Il est question là de pop, et pas de l'acidulée monotone, mais de celle qui fait bouger les cheveux. Plus electroclash que Beatles, en somme. Et ça fontionne à plein, puisque leur set passe très vite, si vite qu'on en aurait bien repris une louche, après le diabolique Cheap Song. Espérons les revoir bientôt.

We Are Enfant Terrible sont quant à eux bien connus des locaux, et des... locaux. Non seulement le Grand Mix est un peu leur deuxième maison, mais le groupe lillo-parisien a attiré comme un aimant bon nombre d'autres musiciens. Ce qui donne au concert un petit air de répét' dans le garage d'à côté, en beaucoup plus professionnel néanmoins. We Are Enfant Terrible sort son premier album, Explicit Pictures, après quelques EP distribués d'abord en concert puis peu à peu de manière plus large. S'ils ont débuté en 2008, on est bluffé par leur grande professionnalité qui donne une claque d'emblée. Le son, le visuel, tout est parfaitement calibré. Le groupe débute son set par Spade Attack et Nectarine Dream, dans une quasi-obscurité colorée. Les ambiances vont ensuite se succéder, uniquement par la lumière et la prestation.

A l'inverse du dernier concert au Grand Mix, le groupe est aligné sur scène. Au milieu, Cyril, à droite Thomas à la guitare, tous deux en pantalon de costume, chemise et noeud papillon, des ailes d'anges noires dans le dos. A gauche, Clotilde, robe de sirène. Elle prend la parole "On joue à la maison alors on a pensé venir en charentaises, mais on a préféré bien s'habiller". Le ton est lancé, goguenard. Ces zouaves-là portent bien leur nom : des enfants terribles, qui aiment vanner à tout va. Joueurs, dans plusieurs sens du terme. Dans leur prestation, dans leur maniement d'instruments non improvisés (vu leur maîtrise) à partir de consoles de jeux vidéos. Clotilde bouge beaucoup, en parfaite bête de scène, échange à l'occasion sa place avec Thomas pour allumer l'autre partie de la salle sur un Wild Child effectivement sauvageon. Ca virevolte beaucoup, et on ne s'ennuie pas une minute. Les We Are Enfant Terrible n'ont jamais été mauvais dans le souvenir, mais ils emportent là le public avec une nonchalence déconcertante. Du pur génie. Après ce petit moment de folie, on craint un peu pour les suivants, succéder aux Parisiano-Lillois n'est pas chose aisée.

Passer du cinéma à la collection de chaussures, voilà ce qu'ont faits Guillaume Brière et Benjamin Lebeau, soit un processus équivalent à passer du stade des rêves autour de Can You Touch Me, sorti en 2005 sous le nom The Film, à celui de la réalité de la scène sauvage. The Shoes est le type de groupes qui s'exporte, le type même qu'on croise dans un festival hongrois ou tchèque, avec la pensée que c'est pour voir des Rémois. Ainsi, le groupe peut se vanter de passer pas mal de temps outre-Manche, au Koko, au Madame JoJo's, aux Pays-Bas, ou encore au Japon. Fort heureusement pour nous, on les voit aussi en France. La raison de ce succès internationale est simple : difficile de deviner la nationalité de ce groupe en vogue. Ils sonnent de toute façon très anglais, et on n'est pas surpris de voir collaborer Wave Machine ou Cock'n'bullshit avec ces gars-là. Les Bewitched Hands, aussi, de qui ils se rapprochent musicalement. Plus de percussions néanmoins, avec deux collaborateurs en live, qui donnent de la profondeur à une electro-pop-rock qui n'avait pourtant pas à rougir de ses mélodies. Et avant de rejoindre la villa cannoise des Inrocks ou encore d'autres festivals, ils offrent un live au Grand Mix qui electrise indéniablement la foule. Leur album Crack My Bones y passe en entier ou presque et si l'on aurait bien aimé quelques guests, le set est bien trop court, le groupe n'ayant à son actif que quelques morceaux supplémentaires.

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