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Tim Fromont Placenti Electric Quintet au Biplan

C’est bras levé, poing tendu, que Tim Fromont Placenti entame son concert, il arrête soudainement le temps, le choc des verres de bière qui tintent dans le Biplan, l’un des fleurons de notre escadrille de vaisseaux magiques : La Péniche, L’Aéronef, et notre avion préféré. Toutes ces salles qui n’ont jamais eu autant besoin de nous, de nos soutiens, de notre amour immodéré pour tout ce qui ne sert pas directement à quelque chose, pour cette futilité indispensable, loin de l’utilité friquée. Haut les cœurs, le bar du coin diffusait déjà très fort Heatwave de Martha and the Vandellas et on y a vu un heureux présage. On ne manquera pas de soul. On ne manquera pas d’âme. On espérait très fort que ce serait aussi étincelant que le magnifique album livré l’an dernier et chroniqué sur Lille la Nuit.

Le poing tendu se baisse et le magnifique concert commence. Se marient immédiatement une intensité extrêmement contrôlée et un jeu parfaitement délié. Tout le groupe est composé de bons, de très bons musiciens, ça peut aider. Si on peine parfois devant la technicité gratuite embarrassante de certains groupes, on est au contraire ici frappé par le sens aigu de l’utilisation des instruments, de la manière dont ils sont entrelacés, enchevêtrés, mariés, appariés, enlacés, même. On change de tonalité, on bouge sans arrêts les capos, on cherche la bonne guitare, de la Les Paul à la PRS, en passant par une magnifique Telecaster, Tim se révélant d’ailleurs excellent guitariste.

Tout doit servir, tout doit faire sens et tout sert, et tout fait sens. C’est un grand moment. Les compositions sont particulièrement audacieuses, variées, complexes et il faut avoir le groupe pour les servir. C’est le cas. Haut la main. L’intégration du violoncelle est extraordinaire, ce n’est pas du tout le tapis de cordes tranquille, un peu pratique, pour faire dans le joli, c’est un élément essentiel du son, une tessiture qui vous touche à l’âme. Très émouvant. L’ensemble est très organique, hautement humain. On chante à deux voix, on harmonise absolument parfaitement, le Biplan devient planeur, souple et aérien, flottant dans les éthers. Le public s’approche, les gens serrent leur verre contre eux, comme embrassés par la musique, têtes inclinées, oscillant doucement, bercés.

Quant à Tim, il incarne totalement sa musique. On n’est pas dans le rôle de composition scénique, on joue certes, mais on ne plaisante qu’entre les morceaux. Le changement physique est d’ailleurs étonnant. Tim est ce qu’il chante et joue. De cavalcades épiques en envolées lyriques, on ne tombe jamais dans la grandiloquence affectée, le dosage est crucial et il est parfaitement maîtrisé. On termine en se régalant encore de la sublime intégration du violoncelle, de la frappe de Rémi, du jeu dense et serré de ce groupe heureux de démarrer une aventure. Tim plaisante sur le premier rappel de l’histoire du groupe. Ce concert va résonner, essaimer, le bouche à oreille va faire son œuvre, loin des listes de téléchargement en gigabits qui nous étouffent et nous assourdissent, au fond. S’il faut faire un choix, puisqu’on ne peut pas tout écouter comme il faut, embarquons Tim et ses Argonautes sur notre île, on ira en biplan. Le sentiment qui clôt la soirée, au sortir de ces parenthèses temporelles magiques quand le concert est bon, est qu’on a vu un morceau d’avenir, une lueur, une vraie. A l’heure où on tente sans cesse de nous fourguer le quatrième remastering de groupes qui n’ont rien sorti depuis 30 ans, c’est d’une fraîcheur absolue et d’une teneur extrêmement précieuse. On se laisse emporter Into the Wild…folk.

Set list : [New song] / I'll Have Death And A Cappuccino, Please / Trading Hoaxes / Getting rid Of Words / Song for Today / Until It Snows In Monterrey / Price Includes Sinking/ Soon Enough / Worth The Loss Of All Love / Rappel: How Long Has It Been Today?

Musiciens :  Tim Fromont Placenti : guitares, chant, claviers, ukulélé François Haverland : chœurs, guitares, claviers, ukulélé Rémi "Ruben" Vanvelcenaher : violoncelle Nîm : chœurs, basse Rémi Mencucci : chœurs, percussions.

 

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