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Mary Stuart au Théâtre du Nord

Un retour attendu sur les planches du théâtre du Nord ! La Mary Stuart de Schiller est un vrai plaisir ; le texte est un réel chef d’œuvre, et l’on ne peut se lasser de l’entendre.

La pièce pourrait en apparence être destinée aux passionnés d’histoire, et ne s’adresser qu’à un public restreint tant elle est contextualisée ; pourtant, il n’en est rien ; l’intrigue pourrait se résumer ainsi : la reine d’Angleterre Elizabeth retient dans ses cachots Mary Stuart, la reine d’Ecosse et ancienne reine de France. On l’accuse de haute trahison : Elizabeth arrivera-t-elle à mettre à mort sa parente ? Osera-t-elle mettre à mort une reine, mettant fin au caractère intouchable de la fonction royale ?

Derrière chacune de ses deux reines, Schiller nous propose deux visions de la femme : d’un côté Elizabeth, qui refuse de voir son pouvoir diminué par celui d’un homme, qui souhaite régner comme un roi, mais qui se heurte en même temps aux lourdes exigences de sa fonction ; la femme saura-t-elle soutenir ce poids tout au long de la pièce ? La force apparente ne cache-t-elle pas de moments de faiblesse, de lâcheté ? De l’autre Mary Stuart, présentée comme la femme qui a consumé sa vie dans les plaisirs, et qu’on soupçonne d’intriguer sans cesse pour reprendre un pouvoir qu’elle affirme devoir lui revenir. Ce personnage oscille lui aussi entre force et faiblesse. Et c’est ce qui fait l’intérêt de cette œuvre ; les deux femmes savent présenter des visages différents selon les situations auxquelles elles sont confrontées. Quel est leur vrai visage ? Le doute plane jusqu’à la fin…

Autour de chacune d’elle gravitent un monde d’hommes de pouvoir, chacun tentant de s’attirer les miettes du pouvoir par ruse, intrigue trahison. Schiller nous offre une magnifique réflexion sur le pouvoir, en même temps qu’il met en place la satire de ce monde.

Cette œuvre présente un temps fort, un temps qui n’appartient qu’à la fiction, la confrontation entre les deux reines, qui, dans les faits, n’eut jamais lieu. Cécile Garcia Fogel, qui interprète avec toujours autant de talent le rôle d’Elizabeth, fait face à Marie Vialle, qui reprend le rôle de Mary Stuart. Un face à face à faire frissonner…. La mise en scène de ce passage est d’ailleurs elle aussi à souligner. Un habile jeu de plateau permet de créer un espace qui n’appartient qu’au théâtre, un sol de terre, sans autre accessoire que la poussière ! Une mise en scène sobre mais d’une grande efficacité, le texte résonne, porté par des acteurs et actrices brillants. Cécile Garcia Fogel réussit vraiment à donner à son Elizabeth toute la dimension royale qui lui correspond, par une voix qui semble venir d’ailleurs, comme si cette femme était réellement possédée par le pouvoir, par une force supérieure.

Seule nuance à apporter à ce spectacle d’une grande qualité : on pourrait toutefois se demander si certains rôles ne sont pas joués dans la démesure. Certains personnages secondaires deviennent des caricatures de leur fonction : la servante éplorée, le jeune romantique révolté… certes, le texte est vivant, mais peut-être trop à certains moments…

Un spectacle à aller voir de toute urgence avant le 17 novembre au Théâtre du Nord !
 

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