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100 Dromadaires et Omar Sosa aux Arcades

Jouer la première partie d'Omar Sosa ! Cent dromadaires a connu ce bonheur samedi soir aux Arcades. Le groupe avait déjà joué aux Arcades le 8 novembre 2008, avec Aki D. et 3x6. Pour cette formation lilloise figurant parmi les 18 groupes lauréats de Tour de Chauffe cet hiver l'aventure "Omar Sosa" était justifiée : ce mélange de reggae et de flamenco constituait un prélude de choix pour l'époustouflant quartet cubain qui allait suivre. Cent dromadaires c'est d'abord un jeu de mots sur Sandro, le leader du quatuor à l'affiche samedi 31 janvier. Mais Cent dromadaires, c'est aussi une invitation au voyage, à des séjours non conventionnels, sous des soleils lointains. Sandro (guitare-chant) était accompagné à Fâches-Thumesnil par Simon (guitare), Doudou (flute et mélodica), rejoints depuis seulement une semaine par un nouveau bassiste, Stéphane - excellent sur cette musique exigeante avec ses changements de temps. "Le concert que vous avez entendu représente tout de même deux ans de travail, souligne Sandro." Lui tourne souvent seul, d'Istanbul à New-YorK "J'aimerai sortir ce groupe du Nord-Pas-de-Calais. Notre style de musique est exportable."
Enthousiaste, frappant sa guitare au rythme de ses compos endiablées (son groupe n'a ni batteur, ni percussionniste), Sandro sait emmener un public en voyage, jusqu'à lui faire jouer le rôle des cigales.
Ses reprises, du poinçonneur des lilas jusqu'à une chanson en wolof (reprise de Touré Kounda), indiquent aussi ses goûts. "En fait, c'est surtout la langue bambara qui m'a intéressé, après un séjour d'un mois au Mali en avril 2005 : j'avais notamment enregistré un titre chez le bassiste d'Ali Farka Touré. Musicalement, ce qui m'inspire vient d'Afrique, de Jamaïque, mais aussi de la chanson française. Mais je crois que ce que j'aime d'abord, c'est l'afro-beat nigerian, celui de Fela, ou l'afro-folk."

Il arrive voûté comme un vieillard, portant une lampe rouge, dans une atmosphère de griots africains. Puis il s’assoit face au piano à queue et lance un solo, environné des cris envoûtants d’une étrange forêt. Omar Sosa s’est emparé de la salle des Arcades. Il ne va plus la lâcher, comme il ne quittera plus ses trois musiciens des yeux. Ce gars là est un chef d’orchestre, une tour de contrôle. Lâchant parfois le clavier d’un geste vif pour mener à la baguette son batteur qui n’est pourtant pas un bleu : Julio Baretto est un prodige qui a joué avec Gonzalo Rubalcaba, Roy Hardgroove, Chucho Valdez ou Steve Coleman.
La formation est cubaine mais l’allure africaine ; Omar et Julio sont tout de blanc vêtus, jusqu’au chapeau et à la casquette ; le saxophoniste (qui passera bientôt à la flute traversière) et le bassiste électrique du Mozambique Childo Tomas sont en boubous, noir ou bleu. Omar ne tient pas en place, joue au derviche tourneur sur son siège pour inciter la salle à reprendre en refrain « africa ».
Omar Sosa, c’est du jazz, c’est de l’afro jazz, c’est aussi de la salsa ou du zouk et tout un poème de chants et cris d’oiseaux, de bruitages inventifs, au besoin avec les joues gonflées comme des outres. Du pied, Childo Tomas multiplie les effets grâce à une profusion de pédales.
Le saxo tenor a remplacé le sax alto et la flute pour entamer le premier titre du nouvel album (le seizième, CD, déjà !) d’Omar. On prend une grande claque musicale, mais aussi une grande bouffée d’air chaud, tandis qu’Omar transmet sa joie malicieuse et contagieuse. Comme toujours, les musiciens inspirés par les rythmes africains jouent sur scène plus vite, plus fous et plus joyeux que sur leurs enregistrements. Comme Rokya Traoré il y a quelques semaines à l’Aéronef, ce concert est donc plus emballant que l’album qui accompagne la tournée, un opus beaucoup plus calme.
Dans la même semaine, la métropole lilloise a fait le plein pour des concerts bien différents, entre Stanley Brinks (Herman Dune) au Grand Mix, Oasis au Zenith ou Omar Sosa aux Arcades. Preuve que la région lilloise possède un large public réceptif. Le Cubain jouera ses prochaines dates à Hong-Kong, Piacenza, Neuchatel, Washington, Montréal puis San Francisco et Los Angeles, c’est dire la chance du public venu à Fâches-Thumesnil…
 

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