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Allah-Las + White Mistery au De Kreun

Ce soir, au De Kreun, rencontre avec la fine fleur de la nouvelle scène américaine. Des jeunes pousses certes, mais qui ancrent leurs racines au plus profond de l'histoire de la musique. Le Rock Sixties pour les Californiens de Allah-Las. Le Rock Garage des Seventies pour les White Mystery, originaires de Chicago.

On décèle très vite chez les deux membres de ce duo comme un air de famille. Principalement en raison de leurs longues et flamboyantes chevelures rousses. Portée en afro par la chanteuse-guitariste. Et à la manière d'un hardos suédois des années 80 par le batteur. Des styles capillaires qui ont du faire la fortune d'un certain nombre de fabricants de friseurs à cheveux et de shampoing.

Alex et Francis sont effectivement frère et sœur. Et ont formé leur groupe en 2008. Sur le modèle des nombreuses formations guitare-batterie jugeant inutile la présence d'un bassiste : The Inspector Cluzo, Two Gallants, The Black Keys et bien évidemment The White Stripes. Pour la petite histoire, les White Mistery ont d'ailleurs été conviés par Jack White en personne à venir jouer à une soirée privée tenue par son label Third Man Recors lors du dernier festival Coachella.

Un Rock basique, minimaliste, sauvage et primal. Ne fonctionnant qu'à l'énergie brute. Joué fort et vite. Les morceaux ne dépassent pas les 3 minutes. Et s'enchaînent pied au plancher. A grand renfort de guitares saturées et de rythmes teigneux. Les plus jeunes dans la salle remuent la tête. Profitent pleinement du boucan. Les plus vieux restent sceptiques. Car, malgré déjà trois albums, la formation manque cruellement d'une réelle identité. L'empêchant de se démarquer des multiples artistes tentant de raviver la flamme des MC5 ou des Stooges.

On attendait beaucoup du concert des Allah-Las. Car même s'ils n'ont pas inventé le fil à couper le hashish, leur manière de se réapproprier, sur leur premier album éponyme, les codes de la musique Sixties en assumant pleinement l'héritage des Kinks et des Byrds avait su séduire. Un disque rétro mais d'une grande fraîcheur et d'une extrême élégance. Sachant reproduire le son particulier des années soixante en évitant intelligemment l’écueil de la parodie. La venue des Californiens s'annonçait donc comme un rayon de soleil dans un printemps encore bien maussade.

Expéditif, une heure montre en main, le set, malheureusement, ne suscitera pas de sentiment plus fort que la simple sympathie. La reconstitution minutieuse du son de l'album impressionne. Mais une désagréable impression de copié-collé se fait de plus en plus ressentir à chaque morceau. Les chansons, en live, ont du mal à prendre un nouvel envol. A se démarquer du schéma établi sur l'album.

Les quatre musiciens se montrent beaucoup trop appliqués. Une bouteille de whisky a beau circuler, ils se comportent comme des élèves modèles. Des premiers de la classe qui réfléchissent trop. Au dépend du naturel. De la spontanéité. Point de fièvre psychédélique. De folie psychotrope. L'ensemble reste bien trop sage. Du flower power politiquement correct. Ou trop bien timide. Qui rechigne à retirer ses fringues pour aller courir à poil dans les bois.

Sympathique, gentillet mais clairement inoffensif et anecdotique. Pas de quoi s'écrier avec fougue « Ah la la, ces Allah-Las ! ». La prochaine fois, peut-être...

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