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Antibalas + Sorah au Grand Mix

Le coeur de l'Afrobeat se trouve en Afrique. Mais il bat si fort qu'il en résonne aux quatre coins de la planète. Et irrigue de son influence différentes scènes mondiales. Ainsi l'héritage du roi Fela Kuti, créateur de ce mouvement musical né de la fusion du Jazz, du Funk, du Highlife et des des rythmes tradionnels africains, n'est plus seulement entre les mains de ses fils Femi et Seun.

Une dynastie spirituelle s'est constituée de par le monde. En Europe. Avec entre autres, le groupe Français Fanga, les britanniques de Saravah Soul, d'Anthony Joseph & The Spam Band ou encore les Suédois de Ramses Revolution. Et, particulièrement, en Amérique Du Nord. Au Canada avec Souljazz Orchestra ou Afrodizz. Aux Etats-Unis avec Nomo, Akoya Afrobeat Ensemble, Kokolo Afrobeat Orchestra. Et, comme chefs de file de cette scène américaine: Antibalas.

Une formation née en 1998 à Brooklyn. Et ayant su si intimement capturer l'essence même de l'Afrobeat qu'elle contribua à la création du biopic consacré au Black President, 'Fela!', en arrangeant sa musique et en la jouant sur les planches de Broadway ou de Londres où la comédie musicale fut un immense succès.

On imagine facilement le stress des cinq membres du groupe Sorah, vainqueur de la dernière édition du Tremplin de la Sauce Jack, de devoir assurer la première partie d'une telle référence. Défi relevé avec panache et enthousiasme. Même pas deux ans d'existence et déjà un bel aplomb et une belle assurance scénique. Le groupe jongle avec différents styles (Pop, Rock, Funk, musiques latines...) pour partager avec le public son univers positif et gorgé de soleil. Si on peut leur reprocher quelques arrangements un peu trop proprets et une certaine naïveté, les compositions  de Sorah font preuve d'une réelle recherche mélodique et accrochent l'oreille. Prometteur

« Je vole comme le papillon et pique comme l'abeille ». Cette célèbre phrase prononcée par le boxeur Mohammed Ali, les 11 musiciens d'Antibalas pourraient se l'approprier. Véritables poids lourds de l'Afrobeat, leur musique est un véritable uppercut. Asséné avec la plus grande des légèretés et une grâce suprême.

Le groupe démontre qu'il est plus que jamais le patron incontesté du genre. Donnant le meilleur de lui-même. Jouant avec ferveur et passion. Pas de leader. Pas de chef d'orchestre. Ou de soliste. Chacun joue ce rôle à tour de rôle. Avec une facilité déconcertante.

 Mais au-delà de l'incroyable aisance technique des musiciens, c'est le plaisir d'être tout simplement là, sur scène, à défendre une musique à laquelle ils sont voués corps et âme, que l'on perçoit. On se marre. On se fait des clins d'oeil. Ou la grimace. On pose son instrument pour aller se chercher une bière au fond de la scène. On en profite pour chuchoter quelque chose à l'oreille d'un autre musicien. On éclate de rire. On danse. On retourne à sa place comme si de rien n'était. On reprend son instrument.... Et on sort un solo monstrueux.

Antibalas ne ressuscite pas l'Afrobeat. Il le fait vivre. Il ne le joue pas. Il le fait respirer. Vibrer. Danser. Bouillonner. Avec amour et respect. Même quand, subtilement, il s'écarte quelque peu des codes du genre. Le Jazz, le Funk, les rythmes traditionnels sont bien présents. Mais d'autres sonorités viennent s'y greffer. Celles du psychédélisme californien de la fin des années soixante. Particulièrement perceptibles dans les solos de l'organiste Victor Axelrod que n'auraient pas reniés Ray Manzarek, clavier des Doors. Une touche psychotrope qui renforce l'aspect hypnotique de cette musique.

Nul doute que, de là où il se trouve, le Black President doit se réjouir d'une telle prise de pouvoir.

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