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Archive + FUN + The Bewitched Hands au Zénith de Lille – Les Paradis Artificiels

C'est le Zénith des petits soirs (seule la fosse est accessible) qui ouvre ses portes en cette date des Paradis Artificiels. Le fait qu'Archive, la tête d'affiche, soit également programmé au Main Square dans quelques mois n'y est sans doute pas pour rien.

Aucune difficulté pour se garer. Pas de file d'attente à l'entrée. Un public qui entre au compte-goutte. La soirée débute très calmement.

C'est aux français de The Bewitched Hands qu'incombe la difficile tâche de lancer les festivités. Mais malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver pour les Rémois, dont on garde un excellent souvenir de leur passage au Grand Mix en 2011, leur prestation ne s'écoutera qu'avec un intérêt poli. La faute à un second album, 'The Vampiric Way', décevant et ennuyeux. Ayant fait retomber le soufflé car trop prévisible. Exploitant sans risques les recettes qui faisaient le charme du premier opus. Les nouvelles compositions manquent de fraîcheur, tournent en rond.

De plus, le groupe ne semble pas à sa place sur cette grande scène. Et ses chansons, aux influences Folk et pastorales, semblent comme se perdre dans la salle. Comme des gouttes d'eau dans l'océan.

Un des phénomènes radio du moment, les américains de Fun, prend le relais. Avouons-le, le putassier single,'We Are Young' ne nous avait pas motivés à creuser davantage la discographie du groupe. Leur concert ne changera pas la donne. Pour avoir choisi un tel nom de scène, on a même l'envie de leur intenter un procès pour publicité mensongère.

Difficile de s'amuser en effet. A moins d'être masochiste. Ou une adolescente pré-pubère dont les murs roses de la chambre sont recouverts de décoration Walt Disney et qui pense à son futur prince charmant en faisant tournoyer autour de son doigt son anneau de chasteté. Du rock girlie. Aussi pénible à écouter que la bande originale d'un épisode de Glee. La reprise du magnifique 'You Can't Get Always What You Want' des Rolling Stones sera même vécue comme un  attentat musical. L'enfer s'est invité aux Paradis Artificiels.

Dans un jeu d'ombres et de lumières, les stars de la soirée montent enfin sur scène. De légères déceptions se font ressentir. La sensuelle Mariah Q, chanteuse dans le groupe depuis 2005, est absente. De même que le guitariste Steeve Harris. La formation, exceptionnellement, ne compte pas de bassiste. Et, chose rarissime chez les anglais, le set démarre démarre avec quelques couacs sonores. Particulièrement dans l'amplification des voix de Pollard Berrier et de Dave Pen.

Un démarrage en demi-teinte donc. Surtout que le concert demande aux spectateurs un  effort d'immersion. Car Archive prend un malin plaisir à déconcerter son public. A ne pas choisir la facilité. Les morceaux mythiques et fédérateurs du passé ('Lights', 'Again', 'You Make Me Feel', 'Pulse', 'Sit Back Down') sont volontairement ignorés. Le groupe ne joue pas la carte de la nostalgie. Et cherche constamment à se réinventer. Quitte à ne pas plaire. A l'image du dernier album en date, 'With Us Until You're Dead', largement joué ce soir, qui demandait un certain temps d'adaptation avant de pouvoir le savourer pleinement. Toujours aussi progressif, toujours aussi Trip-Hop, toujours aussi atmosphérique mais,  inexplicablement, différent. Moins urbain, plus complexe, plus introverti...

Le charme agit doucement. Insidieusement. Presque par traîtrise. En véritables sorciers, les musiciens et chanteurs d'Archive réussissent à envoûter l'assistance. A lui faire vivre un panel large d'émotions. Grâce à une scénographie parfaitement maîtrisée avec ses éclairages correspondant à chaque fois à l'atmosphère voulue. Un jeu de scène sobre, refusant l'esbroufe pour ne mettre en avant que l'intensité de la musique. Et des chansons marquées par la joie, la tristesse, la colère, la nostalgie, la sérénité... Des instants magnifiés par la voix sensible de Pollard, celle ténébreuse de Dave et la chaleur du timbre Soul de la petite dernière, Holy Martin. Qui démontre, en live, son énorme potentiel.

Curieusement, un concert qui se vit à rebours. Qui ne s'apprécie qu'une fois terminé. Digéré. Et compris. Quand la mémoire a effectué son travail de sélection. Effaçant les points noirs pour ne garder que les moments lumineux.

Archive est décidément un groupe précieux. Que l'on prendra toujours autant de plaisir à voir sur scène.

 

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