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Ariel Pink + Harry Merry au Grand Mix

Harry Merry (Henri Golo ?) ouvre le bal en combinaison blanche de pompiste, pâleur rehaussée d’une belle décoloration pour un look hallucinogène. C’est du bricolage pop en solo intégral sous assistance technologique. C’est plutôt drôle et à prendre au 51 ème degré, Django Edwards essayant de faire de la pop. C’est rigolo et totalement assumé. Il faudrait aller faire un tour du côté de son univers discographique pour en savoir plus. Tout seul sur scène avec des tas de samples et un Juno Roland pout seul compagnon, c’est forcément un peu délicat. Avec une vraie gentillesse amusée, le public du Grand Mix lui sait gré de jouer le coup comme il faut : tant qu’il n’y a rien de sérieux là dedans, aucun souci, les titres parlent d’eux-mêmes, Sharky Super Machine, par exemple. On ne chante pas toujours très juste et les gimmicks s’usent un peu vite mais tant pis, entre pop baroque sous influence sixties et blague d’un tonton farceur qui aurait préparé un petit numéro pour le mariage de sa nièce, on ne peut pas choisir. C’est tout ça en même temps.

La rumeur enfle et les rangs se resserrent, on attend Ariel Pink de pied ferme,  et on ne serait pas surpris de le voir débouler au bout d’une corde tendue depuis la passerelle du Grand Mix en costume de Tarzan pinky et fluo, Cheetah dans les bras, à faire passer l’Elton John de Tommy pour un type un peu coincé. C’est tout autrement, tout sobrement, qu’il arrive, vêtu d’un sweat blanc à ses armes et d’un pantalon dont dépasse négligemment un carnet de base ou de bord. D’une discrétion folle, concentré, un peu inquiet. L’angoisse n’est jamais très loin chez ce clown baroque. Rien de trop.

On confirme ultra rapidement qu’on n’est pas là que pour rigoler, que le propos sera musical avant tout. L’angoisse de se trouver face à une prestation pauvre s’envole rapidement. C’est que défendre Pom Pom sur scène n’a rien d’une facilité. On ne peut évidemment pas attendre la perfection de la mise en place studio, cet empilement de couches sonores absolument incroyables. Cela dit, ce gâteau de mariage en pièce montée de douze étages ne s'effondre pas. Pas moins de six musiciens autour de lui, un batteur hanté parfaitement maquillé et qui joue en bikini turquoise et surtout de très bons comparses pour faire tenir ce savant bordel debout, notamment une basse très agile qui va enrober ça constamment d’une rondeur élastique parfaite. Et ça tient, aussi surprenant que ça puisse paraître, malgré une voix noyée dans des tonnes d’écho qui rendent quasiment incompréhensibles les propos tenus entre les chansons. Ariel n’est pas un très grand chanteur, live.

On a par ailleurs de quoi envoyer l’artillerie lourde, voire très lourde sur certains morceaux, pour faire tenir l’album sur scène, double grosse caisse Ludwig à l’appui s’il faut tabasser un peu pour noyer les approximations. Le public est conquis en trois titres, on continue à pilonner, les pantalons volent littéralement sous l’effet des basses. On s’amuse à envoyer une sorte de métal seventies un peu planant à la Black Sabbath, Ariel file tout seul devant l’ampli le plus éloigné du bord de la scène noyer un petit moment de doute en laissant les trois guitaristes scruter soigneusement le manche du patron qui n’avait manifestement prévenu personne de ce passage, on laisse l’un des claviers nous faire un petit numéro de rap sous hélium en esquissant quelques pas de Duck walking, pour redonner de la distance à tout ça. C'est aussi, comme on l'entend dire, "anachronique, comme surgi des années soixante dix en pleine montée de délire sous acide", d'un psychédélisme permanent.

Au fond, l’inquiétude d’Ariel ne cesse d'affleurer, on sent que le grand guignol dont il habille tout ça enterre une profonde mélancolie sous les oripeaux flashy et constamment roses qui ornent les murs d’une projection vidéo hallucinante, des images en boucle d’une société américaine surnourrie et à la recherche d’une illusion de perfection plastique permanente.

Pas de set list, on joue tout pied au plancher, on termine sur une partie très californienne, les Monthy Python déboulent une nouvelle fois et jamment avec les Beach Boys, sur une plage imaginaire, rose et sucrée, On the beach. C’est peut être là que vit Ariel, finalement. Dehors, c’est différent, White rain in the windy summer.

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