Sur le chemin vers le parc du Champ de la Lune, à Braine-le-Comte, un homme interroge le passant "c'est ce soir qu'il joue le Francais ?". Nous sommes en Wallonie, trahis par notre accent et à supposer que l'homme evoque Louis Bertignac, il a un jour d'avance. La premiere soirée de l'Autumn Rock est consacrée à des cover bands, peu courant pour une programmation de festival. Le festival est lui l'un des plus vieux en Belgique et propose une journée consacrée au rock, faisant se déplacer des groupes belges, bien entendu, parmi les plus connus et de moins connus, mais également des artistes internationaux (on se souvient de IAMX quelques années plus tôt). Une pointure discrète, en somme.
Ce soir, ce sont les brillants Hollywood Bowl qui ouvrent sur un morceau bien connu, suivi de People Are Strange. Le concept de cover band paraît souvent un peu étrange, et on ne peut s'empêcher de se dire que si les musiciens sont brillants, ils pourraient également se révéler à travers leurs propres compositions. Néanmoins, c'est souvent une activité secondaire, une aventure musicale parmi plusieurs en cours, et puis tant que le plaisir y est, pourquoi se priver ? Dans le cas des Hollywood Bowl, difficile de toute facon de voir les Doors autrement que sur de vieilles vidéos d'archives. Le public est composé de gens de tous horizons et tous âges et il est agreable de se dire que cette performance servira peut-etre de vecteur de découverte. Apres This Is End, le chanteur, dont l'accent américain n'est pas mauvais, reprend le français pour expliquer que le groupe joue ce soir les chansons selectionnées par leurs fans. "Vous etes en forme ?", demande-t-il, "vous etes au courant que le concert de Mister Cover va durer jusqu'a 14h du matin ?". Enchaînement sur Break On Though et une derniere chanson avant de partir, le classique Light My Fire.
L'ambiance est assez calme ce soir et beaucoup de gens se sont installés dans l'herbe. Comparaisons des bracelets de festival et des prix tandis qu'on peut surprendre une replique etonnante ailleurs : "c'est quoi apres ? - Pink Floyd j'crois". En l'occurence, c'est Coldplay, ou plutot Coverplay. Pas réellement des sosies du groupe contrairement à d'autres cover bands, mais un remarquable appétit de la scène. Même si l'on n'est ni expert de Coldplay, ni très fan de leur musique, il est assez facile de rentrer dans le concert tant les membres de Coverplay prennent un plaisir évident à jouer. Ils tentent de réveiller une foule plus importante que précédemment, mais qui visiblement digère sa semaine de travail. Petit essai sur les choeurs. Et alors qu'il serait tentant de démembrer un photographe qui utilise le flash de manière importune, Coverplay jouent un dernier classique et puis s'en vont.
Ca devient ensuite excitant quand quelques riffs précis se fait entendre durant les balances. Exercice perilleux pour les Curiosity tant les Cure sont toujours excellents sur scène, envoyant 2h30 de génie à la tête du spectateur même en festival (2h45 aux Vieilles Charrues, même). Après une déclaration d'amour pour le Hainault, ils debutent par quelques classiques. Point de cheveux de jais en piques ou de rouge a lèvres débordant des commissures, mais cinq adorateurs du groupe qui filent également une bonne claque musicale au festival. Le chanteur possède une bonne voix, qu'il a dû travailler pour ressembler à celle de Robert Smith, et se révèle avoir du charisme. La setlist pioche essentiellement dans le best-of, déja colossal chez Cure, et le groupe donne au passage quelques explications, et se fait plaisir avec des morceaux moins connus comme Play For Today ou l'extraordinaire Three Imaginary Boys . Ils passent le test A Forest avec brio, proposant une version tout sauf immonde. A défaut de revoir les originaux dans la minute, on passe donc un très bon moment, avant de découvrir Mister Cover, adulé dans la région au point de se produire à l'Ancienne Belgique dans l'année qui propose, lui, un set de covers varié.
