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Carmen à l’Opéra de Lille

L’histoire est des plus simples : elle se centre autour de la belle Carmen, dite la Carmencita, une gitane éprise de liberté qui refuse qu’on lui dicte sa conduite. Elle oscille d’un amant à un autre pour ne pas subir la loi d’un homme (ainsi que le suggère l’air célèbre de l’Habanera « L’amour est un oiseau rebelle ») ; Carmen est également une contrebandière, autre forme de refus de l’ordre… La scène se passe à Séville (Espagne), à l’époque des grandes corridas : Carmen se tournera ainsi vers le toréador Escamillo (« Toréador, prends garde »), après avoir abandonné Don José. Si cet opéra se finit tristement par la mort de Carmen, que Don José, fou de jalousie, poignarde alors qu’Escamillo est en train de tuer le taureau, cette mort ne ternit pas la tonalité générale de cette œuvre emportée, dont tous les airs sont connus du grand public… Tous les airs déclenchent ne nous quelque chose et on se surprend à penser que l’on connaissait tout l’opéra sans le savoir !

Les dix représentations proposées par l’Opéra de Lille pour Carmen n’ont pas suffi à satisfaire tout le public qui souhaitait voir ce célèbre opéra. Une multidiffusion exceptionnelle a donc été mise en place à l’occasion de la représentation du vendredi 14 mai. Les auditeurs de France Inter pouvaient suivre l’événement en direct, tout comme les internautes de France 3 Nord – Pas-de-Calais. Et aux quatre coins de la région, les spectateurs pouvaient suivre Carmen sur grand écran. Le Théâtre d’Arras, le Studio 43 de Dunkerque et le Phénix de Valenciennes ont ouvert gratuitement leurs portes au public.

Vu de l’extérieur
A Lille, les spectateurs devaient être plus courageux pour assister à la retransmission en extérieur sur la place du Théâtre. Mais les plus ponctuels ont pu s’asseoir sur la place et les plus organisés s’emmitoufler dans leur couverture pour affronter les plus de trois heures de spectacle. Des conditions qui n’ont pas arrêté les plus intéressés. Un public hétéroclite était au rendez-vous pour ce dispositif vraiment très intéressant. Quelques commentaires de présentation pour indiquer que les cigarettes allumées sur scène sont fausses, quelques tours de caméra vers le public installé dans la salle de l’Opéra et place à la Carmen de Georges Bizet…

Vu de l’intérieur
Effectivement, on comprend que l’opéra soit rempli et que bon nombre de personnes se soient levées tôt et aient fait la queue dès l’ouverture de la billetterie en vue d’obtenir une place en intérieur ! Le spectacle était exceptionnel !

Attendu de tous les abonnés de cette saison 2009-10, l’opéra Carmen de Bizet (1875) a fait un triomphe ! Quoi de plus normal pour ce chef d’œuvre adapté de l’œuvre narrative de Prosper Mérimée. Cet opéra est vif, emporté, loin des élans lyriques des grands opéras italiens ; Bizet s’est plu à représenter ici un monde de fêtes, toujours en mouvement, on trouve peu de grandes déclarations d’amour, de scènes de déploration ou de malédiction mais bien des scènes rapides qui emportent toujours le spectateur dans un rythme entraînant !

La mise en scène de ce spectacle était efficace, cohérente mais décevante devant l’ampleur de cet opéra. On a pu voir un jeu de panneaux, de voiles, des décors amovibles, mais rien de surprenant, d’impressionnant, rien à la hauteur de la performance des artistes. Carmen, interprétée à la perfection par Stéphanie d’Oustrac, a bien entendu ravi tout le public ; l’artiste a tenu la note à merveille, faisant vibrer la salle à l’unanimité mais lui a donné corps par un jeu de scène époustouflant, entre sensualité et révolte ! Les performances de ces compagnons étaient elles aussi de qualité, à commencer par celles de Gordon Gietz (Don José) et de jean-Luc Ballestra (Escamillo).

On ne saurait aussi oublier de féliciter l’orchestre de Jean-Claude Casadesus, qui a encore permis à cet œuvre de renaître une nouvelle fois ! A noter également la présence d’un chœur composée de jeunes enfants, qui ont apporté encore plus de vie et de fraîcheur à cette œuvre d’une grande légèreté, au sens le plus positif du terme.

C’est donc un spectacle des plus réussis auquel on a pu assister à l’intérieur de l’opéra, où il faisait bien plus chaud que vendredi soir devant le bâtiment ! Les artistes ont reçu un accueil des plus favorables, applaudis plus de dix minutes !
Une expérience à vivre, rien que pour le plaisir d’entendre, chose rare, toute une rame de métro fredonner les airs de ce chef d’œuvre à la sortie du spectacle !

> Voir la vidéo diffusée en direct sur France 3

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