Du pirate, Cœur de Pirate n’en a que les tatouages. Et encore ! C’est Alice au Pays des Merveilles qui trône fièrement sur l’épaule droite de cette québécoise.
Arrivée toute discrète sur scène, la blondinette s’installe seule au piano, face au public. Très vite, les mélodies de ce charmant petit cœur emballent un public en partie composé de curieux. Nombreux sont aussi les couples dont les ballades de Cœur de Pirate auront éveillé le romantisme. Chacune de ses chansons est conclue par un « Merci ! » direct et ponctué d’un joli sourire.
« S’il y en a dans la salle qui ne me connaissent pas, je suppose qu’ils auront deviné que je ne viens pas vraiment d’ici… (rires) Mon accent m’a trahie !... Donc je viens de très loin, une petite ville qui s’appelle… Montréal. C'est mon premier concert à l’extérieur de Paris et ça me fait très plaisir ». Cœur de Pirate, ou Béatrice Martin de son vrai nom, entame ensuite Ensemble, un titre qui pourrait parler de sa « rencontre avec Roubaix » nous dit-elle.
La chanteuse demande s’il y a des Francis dans le public mais personne ne répond. « Ce sont des choses qui arrivent » s’amuse-t-elle avant de continuer : « Mais il y a un peu de Francis en toi, toi, toi et toi ! » Entre chaque morceau, on a droit à un petit intermède qui nous conquit. D’autres fois, c’est une manière rigolote d’introduire le prochain titre : « Yen a qui connaissent Julien Doré ?... Et vous aimez ? Ou pas ? Bon. Parce que dans son album il y a une jolie chanson qui s’intitule Les Bords de Mer. Alors comme je m’appelle Cœur de Pirate… Bords de Mer, Cœur de Pirate, ça va vous suivez ? C’est subtil hein ! Ah résultat vous m’avez pas dit si vous aimiez Julien Doré. De toute façon, je la fais, c’était préviu ! » Réglés comme une mécanique d'horloge bien huilée, les doigts de la petite blonde galopent sur le piano tandis que sa jolie voix virevolte sur les mélodies.
La prestation de Cœur de Pirate s’achève de manière interactive : « C’est la dernière, à moins que vous en vouliez une autre ? Oui ? Alors je vais d’abord vous jouer une nouvelle compo, qui parle de la première fois que je suis venue à Paris. J’étais en plein décalage et je n’ai rien eu le temps de visiter, à part un endroit qui m’a marqué : la Place de la République. Alors j’ai écrit cette chanson qui parle de décalage, et qui sera sur mon second album. » [En attendant, on peut toujours découvrir le premier album de Cœur de Pirate qui sortira dans les bacs le 11 mai, mais qui est déjà disponible sur iTunes].
Le set se termine avec le célèbre Comme des Enfants que Cœur de Pirate invite le public à chanter avec elle. Et c’est un peu gênée et une ballerine à la main que la jolie blonde quitte la scène… après avoir renversé son verre d’eau, sous les applaudissements d’un public ravi.
Léger changement d’ambiance avec l’arrivée de The Delano Orchestra : le groupe n’est composé que de mecs et tous sont plutôt grands. Sur scène, ces six garçons forment un véritable orchestre composé de deux guitares, une trompette, une batterie, un violoncelle, une basse et un synthé.
Tout commence dans une timide douceur, avec une guitare portée et supportée par la voix langoureuse d’Alex. Mais la retenue des deux premiers morceaux tranche avec l’ensemble du set où les mélodies montent souvent en puissance pour se terminer dans une symphonie rock incroyable. On sent dans ses ambiances cotonneuses que le groupe peut pousser plus loin mais qu’il préfère jouer l’accalmie avant de délivrer la rage.
Alex paraît très timide. Pourtant, ses petites paroles font leur effet : « Ça nous fait vraiment plaisir d’être ici ce soir, merci beaucoup. Parce que hier, on jouait au Printemps de Bourges devant des professionnels et ça allait. Enfin, pas trop quoi ; ce soir, c’est mieux ».
The Delano Orchestra allie avec talent la magie fragile de l’hiver et la folie douce qui anime, par exemple, la musique de Yann Tiersen. On a parfois le sentiment de voir la nature se réveiller : après la solitude et le froid hivernal, c’est l’agitation du printemps qui jaillit de chacun des instruments du groupe. Ce qui n’est pas sans rappeler le génie du dernier album de Sigur Rós.
Le public apprécie franchement et l’ovation qu’il fait au groupe amène The Delano Orchestra à offrir un rappel imprévu de deux titres. Un petit cadeau qui achève cette sympathique soirée de poésie.
> MySpace de Cœur de Pirate
> MySpace de The Delano Orchestra
