Philippe Combes, après une carrière d'interprète aux côtés de grands chorégraphes (Régine Chopinot et Angelin Preljocaj), a créé depuis 2000 sa propre compagnie, Cave Canem. Il développe ainsi ses propres écritures chorégraphiques, à l’image de Dromos 1 & 2, deux solos articulés, dont la création s’est échelonnée en deux étapes, le temps d’une année.
Dromos 1 est une scène close qui nous présente un corps prisonnier, celui de la danseuse Delphine Lorenzo.
On perçoit à travers la membrane qui nous sépare de l’espace d’expression, un corps nu évoluant sans jamais toucher le sol, dans une matrice aux allures d’environnement primitif. Lumière uterine et habillage sonore enveloppants, que Philippe Combes exploite à l’aide des fréquences et sonorités brumeuses de Pan Sonic. Une utilisation de l’art électro-acoustique qui résonne dans les vagues numériques de la vidéo de Cécile Babiole.
Car des motifs, puis un corps virtuel, viennent s’incruster sur la peau qui retient la danseuse en vitrine, exposée mais protégée. Ces deux corps, les mêmes, l’un derrière, l’autre dehors, finissent par fusionner dans la matière du voile. La danseuse, s’extirpe de son cocon, se libère timidement, puis dans l’hyperactivité exprimant autant la crainte que l’excitation.
Elle pousse, pli, craque ; la chrysalide est rompue. Changement de plateau. Nous voilà dans le second temps d’action, Dromos 2.
La matrice métallique autour de laquelle le corps de la danseuse, suspendue, limitait son expression, se retrouve en fond de scène, en coquille vide.
Le cadre rigide a migré dans le corps même de l’interprète, dévoilée. L’articulation des mouvements cherche la justesse dans le vaste espace ouvert. L’équilibre, la gravité et la découverte de soi, vulnérables sous la lumière froide et franche du monde extérieur.
Philippe Combes offre au spectateur une série de tonalités interrogatives auxquelles chacun trouvera sa propre réponse: «Comment chacun d’entre nous se situe par rapport aux événements qui s’offrent à lui, pour trouver, avec ce qu’il a et ce qu’il est, sa place dans le rythme d’une vie ? »
