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Duff McKagan’s Loaded + Porn Queen au Splendid

Nostalgie quand tu nous tiens. Ce n'est pas motivé par son dernier album, le pourtant plus qu'honorable The Taking, que l'on franchit les portes du Splendid pour aller à la rencontre de Duff McKagan et de son groupe Loaded en ce soir du 16 juin 2011. Non. Ce n'est pas pour ce qu'il est aujourd'hui que l'on se rend à ce concert. Mais plutôt pour ce qu'il était. Ce qu'il représente. Le bassiste d'un des combos de Hard-Rock les plus géniaux qui ait jamais existé: les Guns N' Roses. Ceux de la grande époque, 1985-1995. Pas ceux menés actuellement par un Axl Rose bouffi et dredlocké qui aurait mieux fait de donner un autre nom à son groupe depuis le départ de ses mythiques musiciens: les guitariste Slash, Izzy Stradlin ou Gilby Clarke, le batteur Matt Sorum et, bien sûr, le bassiste Duff McKagan. Franchement, quel fan des Guns de la première heure a réussi à écouter plus d'une fois cette « chose » embarrassante qu'est Chinese Democracy? Une arlésienne à la sortie maintes fois repoussée. Et qui au bout du compte, pour notre plus grand bien, aurait dû rester dans les placards...

 

C'est donc sans surprise que l'on constate qu'une grande majorité des spectateurs présents, dont votre serviteur, approche la quarantaine. Ou la dépasse largement. Une fois n'est pas coutume, on n'aura pas l'impression d'être un vétéran entouré d'un océan de jeunesse vous renvoyant votre âge en pleine figure.

Judicieuse première partie avec les luxembourgeois de Porn Queen. Un nom susceptible de plaire à l'acteur Charlie Sheen, grand amateur devant l'éternel de ces starlettes qui ne feront jamais, malgré leurs prouesses cinématographiques, la couverture des trop prudes Première ou Studio Magazine. Et qui complique la tâche de celui qui cherche à glaner sur le Net des informations sur ces musiciens en le déconcentrant et en le faisant s'attarder longuement sur certains sites... Tout juste apprend-t-on que le groupe a été formé par deux brésiliens: le chanteur-guitariste Lucas Ferraz et Fred Barreto, également guitariste.

Accompagnés de leur bassiste et de leur batteur, c'est sur une bande-son constituée de cris de plaisir féminins du plus bel effet qu'ils montent sur la scène du Splendid. Lunettes de soleil, tatouages proéminents, T-shirts noirs de métalleux, les Porn Queen offrent une entrée en matière idéale. Adeptes d'une musique virile fleurant bon la bière et la sueur du motard en virée, ils ne cachent pas leurs influences: le Classic-Rock et  le Hard des Seventies, le Blues et, évidemment, les Guns N' Roses. Influence plus que décelable sur le titre « Addicted », faisant ouvertement référence au morceau « Mr Brownstone ». Avec leur riffs sexys et leurs compositions salaces, ces « reines du porno » réussissent leur opération de désinhibition, transformant les oreilles du public en zones érectiles et érogènes. Il est à noter que le groupe fera également la première partie d'un certain Slash le 12 juillet 2011 au Zénith de Paris...

Peu de spectateurs ayant eu la chance d'assister au concert historique des Guns N' Roses à l'Hippodrome de Vincennes le 6 juin 1992 ou à celui qui fut donné en 1993 à Bercy, dernière date française du groupe (la tournée récente, sentant plus les chrysanthèmes que la rose, ne compte pas) et Duff n'étant venu qu'une seule fois dans l'hexagone avec son projet Loaded (de même qu'avec les plats Velvet Revolver), on ne peut s'empêcher de ressentir une émotion et une excitation purement juvénile en le voyant faire son apparition. Âgé aujourd'hui de 47 ans, les excès en tous genres n'ont en rien altéré son charisme.

Épaulé par Jeff Rouse à la basse, Mike Squires à la lead guitar et Isaac Carpenter à la batterie, Duff (qui a délaissé la basse, son instrument de prédilection, pour la six-cordes) fait vivre un délicieux moment d'anachronisme à ses fans. Le grand blond décoloré renoue avec ses racines Punk. Basique, primaire, frontale, hautement testostéronée, sa musique se fout de sonner moderne. « It's Only Rock N' Roll » comme le clament les Stones. Et ça, c'est déjà beaucoup. Surtout à une triste époque où l'on cherche vainement à « réinventer » le Rock. En oubliant les principes hédonistes de base. En le castrant. Duff, lui, exhibe fièrement ce qu'il y a de plus séduisant, de plus attirant dans l'anatomie de cette musique sauvage: ses burnes (pardon my french). Jouissif!

Souriant, extrêmement bavard et communicatif, prenant un bain de foule, il se fait plaisir. Et par la même occasion fait plaisir à son public. Les compositions solides de Loaded font que Duff McKagan existe pour lui-même. Et pas seulement pour son glorieux passé. L'énergie renvoie à celle d'Iggy et de ses Stooges. Le son authentique et mal léché au Grunge des 90's. N'oublions pas que l'ex-Gunner est originaire de Seattle, berceau de ce courant musical. Son timbre de voix est très agréable. Et s'il n'est pas le plus impressionnant des chanteurs, son chant est en parfait accord avec la direction Punk-Rock de son projet. Humble, il ne joue jamais la Star et laisse une grande marge de manoeuvre à ses impeccables musiciens.

Lors du rappel, Duff troque sa guitare contre son premier amour: la basse. Il tombe le maillot. Et fait presque couler les larmes. De frêles jeunes filles au premier rang brandissent un message écrit: « Please, sing So Fine » (morceau présent sur Use Your Illusion II). « We haven't played that shit for a long time » déclare-t-il en riant. Mais il s'exécute. Les frissons de plaisir d'entendre du Guns en live sont palpables. Il enchaîne avec « Ten Years » (issu de son premier album solo datant de 1993, Believe In Me), la reprise d' « Attitude » des Misfits et d'autres titres de son ancienne bande sur lesquels il était chanteur: « Dust And Bones », « It's So Easy ». L'euphorie est totale. On a rarement vu des hardos aussi émus.

Vraiment, vraiment, vraiment un chouette moment que ce concert de Duff McKagan. De quoi s'écrier à la manière d'un gros chauve au teint jaunâtre: « Hum, elle est bonne cette nouvelle tournée de Duff! ».

  1. dirtygreg

    Pas taper, pas taper!!! Merci Knight78 de corriger les erreurs de l'article. Ta mémoire de Fan est meilleure que la mienne. Sinon très flatté que la review t'ait plu...

  2. Knight78

    Très sympa cette petite review. A part 2 erreurs. La dernière date française de GN'R n'est pas Vincennes '92 mais Bercy '93. Et VR a déjà joué en France au Bataclan en 2004.

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