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General Elektriks & Curumin à l’Aéronef

Il est clair en entrant dans l'antre de l'Aéronef ce mercredi soir que le Général, depuis son passage au Grand Mix, au mois de novembre, a bien écoulé sa came électrique. Le public y est, en effet, encore plus nombreux qu'au précédent rendez-vous. L'excellent second album du groupe, pourtant sorti il y a plus d'un an, Good City For Dreamers, a su recruter de nouveaux adeptes et la réputation scénique qu'ont acquise Hervé Salters et ses compagnons tout au long de leur tournée et de leurs différents passages télé, dont cet hommage rendu en compagnie de M au King of the Pop lors des dernières Victoires de la Musique, a permis de consolider les troupes. Les spectateurs du Nord sont donc de nouveau prêts à en découdre avec la Pop Funky et énergisante de General Elektriks.

Le brésilien Curumin (prononcez Kou-rou-mine) est le premier à entrer sur le champ de bataille, pour présenter son second album Japan Pop Show, sorti en 2008 dans son pays mais qui n'arrive que maintenant dans nos contrées. Le public, au début de la prestation, semble peu réceptif à la musique métissée de ce jeune artiste, originaire de Sao Paulo et descendant de japonais et d'espagnols. Mais au fil des morceaux, intégrant aux racines traditionnelles brésiliennes des influences Hip Hop, Reggae, Dub, Pop, Rock et Electro, les têtes commencent à remuer au rythme des mélodies chaloupées du brésilien multi-instrumentiste (il démarre le show derrière sa batterie, tout en chantant, pour terminer à la guitare) accompagné d'un percussionniste et programmateur (qui prendra le relais aux fûts délaissés par Curumin) et un bassiste, et les acclamations et applaudissements seront de plus en plus véhéments.

Rien de plus normal. Car s'il est encore relativement méconnu en France, Curumin a su conquérir le coeur des mélomanes de par le monde. Japan Pop Show a été élu par la presse musicale brésilienne comme le meilleur album 2008 et a été encensé par le New York Times, le New York Daily News, le magazine Spin aux États-Unis. Et lors de cette première partie, l'artiste sud-américain démontrera qu'il est effectivement, avec Seu Jorge, Bonde Do Role, Os The Darma Lovers ou encore Cibelle, l'un des musiciens les plus doués de la jeune génération brésilienne. Ces chansons rendent hommage aux grands mouvements musicaux du pays du football, du carnaval de Rio et de la chirurgie esthétique: Tropicalisme, Baile Funk, Mangue Beat mais avec un sens de la composition héritière de la Pop et du Funk et ce avec inventivité et originalité. Excellente idée donc de l'avoir fait assurer la première partie de General Elektriks, qui sait connait en mélange Pop et Funk et avec qui Curumin a également en commun le fait d'avoir travaillé avec le groupe de Hip Hop californien Blackalicious.

Après cette première offensive, c'est au tour du Général de prendre d'assaut la scène de l'Aéronef. Et le groupe démarre pied au plancher (façon de parler maladroite car Hervé Salters bondit tellement derrières ses claviers vintage que ses pieds touchent rarement le sol!) par un instrumental tiré du premier album, Cliquety Kliqk, suivi de « Take Back The Instant », issu du second album. Album qui réussit le tour de force, un an après sa sortie, de rester dans les platines des acquéreurs et de ne pas rester qu'un coup de coeur du moment détrôné par d'autres sorties discographiques. On remarque d'ailleurs que de nombreuses personnes ayant fait le déplacement au Grand Mix au mois de novembre sont de nouveau dans la salle ce soir.

Et ceux qui avaient été conquis à Tourcoing par un show déjà impeccable auront la joie de découvrir un set qui a pris en intensité grâce aux nombreuses dates données par le groupe depuis. Hervé Salters et ses acolytes (Norbert Lucarain et sa crête Punk à la batterie et au vibraphone, Jessie Chaton, par ailleurs chanteur du groupe Fancy, avec son look androgyne et sa coupe afro à la basse et basse synthé, Jordan Dalrymple à la MPC, petite machine munie de 16 coussinets auxquels on assigne des sons de son choix, et à la batterie et Éric Starczan à la guitare) appliquent toujours la même recette à géométrie variable basée sur un mélange des genres musicaux (Pop old-school, Rock, Funk du début des Seventies au son Steviewonderien en diable, bricolages lo-fi) mais font preuve d'une plus grande aisance scénique et d'une plus grande maîtrise des morceaux qu'ils ont ainsi pu réarranger pour les rendre encore plus percutants.

Les membres de General Elektriks mouillent le maillot (ou plutôt la chemisette aux couleurs vives portée avec une très esthétique cravate, sauf pour Jessie Chalton qui se démarque de ses petits camarades en optant pour une tenue Glam du plus bel effet), Hervé Salters asperge de sueur ses différents claviers à chacun de ses formidables soli en sautillant comme s'il était monté sur ressorts et pousse, sans le moindre mal, le public lillois à taper dans les mains et à se déhancher à mort autour de la scène. Ça groove sec et c'est tout simplement irrésistible. Les musiciens démontrent leur art des breaks et de la danse, des soli explosifs et la joie se lit sur leurs visages.

General Elektriks assurera le show pendant près d'une heure et demie avec des classiques de ses deux albums (« Rait The Radio », « Helicopter », « Engine Kick In », « Little Lady », le décidément très efficace en live « David Lynch's Moment », parmi tant d'autres), une reprise funky d'une des chansons préférées du leader, le « Ashes To Ashes » de David Bowie, une cover de l'hymne rap « The Message » de Grandmaster Flash couplé à un instrumental du grand Serge Gainsbourg, « En Melody » (déjà samplé par De La Soul, permettant ainsi à Hervé Salters de faire un clin d'oeil à la culture Hip Hop qu'il connait bien depuis son expatriation en Californie et sa collaboration avec Mighty Underdogs ou encore Blackalicious) et même un inédit, « How she Got Away » tiré de la Deluxe Edition de Good City For Dreamers.

Seul petit regret: celui de ne pas avoir vu Curumin rejoindre le groupe sur scène pour une jam alors que cela s'est déjà produit sur des dates antérieures, ce qui aurait permis de prolonger le plaisir. Plaisir éprouvé par ceux qui ont découvert le groupe sur scène pour cette date lilloise et surtout ceux qui étaient déjà venus à Tourcoing et ont pu voir que General Elektriks ne se moque pas de son public en reproduisant à l'infini le même concert.

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