En février dernier, l’Aéronef annonce avec un certain enthousiasme la venue du groupe Salem, nouvelle coqueluche des médias, et de Gonjasufi, une des dernières trouvailles du label britannique WARP Records. Toutefois, en mars, Salem annule une bonne partie de leur tournée européenne, mais la soirée est maintenue autour de Gonjasufi et le jeune duo Two Left Ears est appelé en renfort pour assurer la première partie.
« Veni Vedi Vici », le tee-shirt de Gonjasufi résume à lui seul la prestation livrée par le mystérieux américain. De son vrai nom Sumach Ecks, Gonjasufi est venu, a observé et a conquis immédiatement le public présent hier soir dans le Club de l’Aéronef. Entouré de musiciens talentueux, ce professeur de yoga nous a présenté des morceaux inédits avant de faire bouillir la salle avec les sonorités hip hop, rock et psychédélique de son énigmatique premier album A Sufi and A Killer, produit par Flying Lotus.
Sur scène, on retrouve l’inquiétante étrangeté qui parcoure l’album, Gonjasufi impose une présence mystique et le silence du public en dit long sur les premières impressions reçues. Il n’hésitera pas à interrompre ses musiciens pour rappeler à l’audience qu’elle aussi est ici pour faire du bruit. Le show peut enfin commencer, le chanteur est comme possédé pendant un peu plus de deux heures, notamment lorsqu’il interprète Ancestors, hymne trip hop dédié à ses ancêtres. Les musiciens, rigoureusement dirigés par leur leader charismatique, redéfinissent les lignes de l’album pour nous livrer un concert résolument rock et sublimer des morceaux tels que Holidays. Après avoir enflammé la salle en interprétant les morceaux attendus : She’s Gone et Kowboyz & Indians, Gonjasufi nous montre l’étendue de son talent en terminant le concert sur une improvisation à la batterie.
S’il commence seulement à se faire un nom dans l’Hexagone, Gonjasufi, lui, est déjà prophète en son pays. Après ce concert réussi, on ne peut qu’émettre le souhait que Gonjasufi sorte plus souvent du désert du Nevada pour se produire en France.
