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Hanni El Khatib + Wod au Splendid

 

De prime abord, il a tout pour plaire cet Hanni El Khatib. Californien, une belle petite gueule de rebelle, une voix cassée au charme rétro, deux albums bruts de Rock-Garage, des influences musicales d'esthète... Pourtant, on a du mal à le faire rentrer dans le cercle des intimes. Celui des artistes dont on se plaît à écouter inlassablement les disques. Même quand ils sont produits (l'album Head In The Dirt) par un prodige tel que Dan Auerbach, le guitariste et compositeur des formidables Black Keys.

 

C'est une sympathie un peu tiède que l'on éprouve à son égard. Une certaine méfiance même. Si certains devinent dans le personnage un héritier, un successeur des White Stripes, de Jon Spencer, de The Legendary Tigerman et, bien évidemment des Black Keys, on ne peut néanmoins s'empêcher de ne voir en lui qu'un bon élève et un simple suiveur. Car contrairement aux artistes cités, profondément revivalistes eux-aussi et n'ayant rien inventé il faut le concéder, il lui manque ce je-ne-sais-quoi qui fait la différence. Une âme, une flamme, une réelle personnalité... Appelez-ça comme vous voulez. Le concert donné au Splendid le 21 novembre, la rencontre face-à-face était peut-être l'occasion de trouver ce qui manque cruellement aux albums. Et d'être enfin totalement séduit.

En première partie, une collision. Avec le Wall Of Death. Un trio parisien. Qui, parait-il, a fait sensation lors du dernier Rock en Seine. Et a su séduire les adulés Black Angels qui l'ont invité à assurer la première partie de leurs dernières dates européennes, à jouer au Psych Fest d'Austin au Texas et lui ont adjoint, pour l'enregistrement de leur premier album, Civilized, leur ingénieur du son. Rien d'étonnant. Car il s'agit en fait de la même came. Du psychédélisme intello-chic et un peu toc. Malgré un déluge de guitares Fuzz et d'orgues vintage, on ne trippe pas. Comme chez leurs cousins américains, tout est bien trop monotone et répétitif. La notion d'hédonisme est oubliée. La seule différence, peut-être, est que les français réussissent à surpasser leurs mentors dans l'ennui provoqué. La faute à un chant d'une froideur rappelant les heures sombres de la Cold-Wave... Heureusement, le set est très court. 

21 heures tapantes. HEK monte sur scène entouré de trois musiciens. Le morceau 'Head In The Dirt' démarre les hostilités. On ouvre ses shakras, on essaie d'oublier ses petits préjugés, on se force à remuer la tête, à y croire. Mais rien n'y fait. C'est peine perdue. Ce n'est pas à un concert que l'on assiste. Mais à une leçon froide et mécanique. Le Rock  pour les nuls, en quelque sorte.

Les titres s'enchaînent. Mais on ne ressent rien. On sent que Hanni El Khatib est en pilotage automatique. Qu'il joue soir après soir le même concert, la même set-list sans rien changer d'un iota. C'est carré, c'est professionnel. Et c'est tout. Les morceaux sont joués à l'identique que les versions studios. On ne sent aucune connivence entre les musiciens. Aucun plaisir. Du playback joué en live. De temps en temps, Hanni El Khatib prend la pose. Balance quelques mots de circonstance au public. Sans un sourire. Histoire de. Pas de quoi créer une réelle interaction. L'esprit des Cramps est invoqué avec la reprise de 'Human Fly'. Mais cela ne suffit pas. Un concert Canada Dry. Cela a le goût du Rock N'Roll, cela a l'allure du Rock N'Roll mais cela reste du soda. Edulcoré en plus. Et qui n'a même pas l'obligeance de nous être servi frais. Seuls les adolescents dans la salle prennent quelque peu leur pied. Mais pas sûr que dans quelques années, quand leur culture musicale se sera étoffée, qu'ils continuent d'éprouver un plaisir identique à l'écoute des chansons d'Hanni El Khatib.

22 heures sonnantes. Montre en main. Le concert se termine. Prouvant à quel point la prestation manque de spontanéité, de naturel, est calculée, millimétrée. Oh, bien sûr, par générosité, 10 minutes de rappel sont généreusement accordées. C'est trop d'honneur, monseigneur. Simplement lamentable. Misérable. La désagréable sensation d'avoir vu un artiste venir chercher son chèque.
 

S'il espérait renforcer son capital sympathie, gagner quelques points auprès des sceptiques, Hanni El Khatib a perdu son match. Haut la main.

 

 

  1. Kriss

    ...album.
    So, WTF?? J'ai peine à vous lire, mais je veux bien y croire, puisque unanimes.
    Triste.

  2. Kriss

    J'y étatis pas, à laéro.
    Mais à vous lire, c'était tout l'inverse de son concert au Grand Mix d'il y a un an et demi : puissant, minimaliste, profondément rock et intimiste. L'essence du rock sur scène (Hanni + un batteur). Il avait conquit son public. Il jouait à l'époque son -excellent- premier...

  3. Yann

    HEK n'a que ce qu'il mérite. Qu'il aille donc voir un adolescent qui y a laissé ses sous de Noël, d'anniversaire et qui a du y trainer un parent peu motivé pour l'accompagner parce qu'il ne conduit pas. On se la joue mais on ne joue pas, lamentable, Greg a tout à fait raison. Bien fait et mérité.

  4. Vanessa

    Franchement tu as été même quelque peu sympathique, cher Dirtygreg. Moi aussi j'étais dans la salle et je n'ai apprécié mollement qu'un seul morceau "loved one". Quelle déception. Si le mec veut pas être là, faut pas qu'il y soit.

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