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Jim Jones Revue + Scott H Biram + The Bellrays + Restavrant + The Legendary Tiger Man + Les Cool Kleps à l’Aéronef

C'était inratable. La première édition du Cool Soul Festival, revue itinérante apportant la bonne parole de ville en ville avec son bringuebalant cortège d'apôtres du Rock N' Roll. Des purs. Des durs. Des apôtres conservant la foi en une musique intemporelle, primaire, basique, séminale. Refusant la tentation de la modernité. Respectant les préceptes originaux. « Maximum Rock N'Soul » comme le hurlent les Bellrays se partageant l'affiche avec les cinq autres groupes de prédicateurs iconoclastes: The Jim Jones Revue, The Legendary Tiger Man, Restavrant, Scott H Biram et The Cool Kleps. Les deux scènes de l'Aéronef sont mises à contribution pour leur servir de tribunes.

 

Co-organisateurs de la soirée, les Cool Kleps se font plaisir et ouvrent la soirée au Club. Guitare Gretsch, orgue Farfisa, batterie réduite à son plus simple appareil. L'esprit rock est là. L'envie aussi. Le groupe sonne garage. Pas de fioritures. Faut que ça envoie, que ça balance. Et on le fait bien. Le chanteur impassible enchaîne les morceaux. Des compositions. Des reprises. « Gaby » de Bashung. « Gloria ». « I Wanna Be Your Dog/Clebs ». On chauffe la salle. Elle se remplit peu à peu. Les bonnes vibrations se font ressentir.

Pas le temps de s'en fumer une. Ou de la finir. The Legendary Tiger Man entre sur le Grande Scène. La soirée se poursuivra sur ce rythme, ne laissant pas le temps de souffler entre les sets. Le bonhomme est portugais. Il est le leader du groupe Wraygunn. Costard noir, lunettes de soleil, petite gueule d'un autre temps, il en jette, seul sur la scène. Latin, il aime les femmes. Il en a fait le thème principal de son dernier album, le hautement recommandable Femina, album de duos au casting uniquement féminin. Elles le rejoignent sur scène. De manière physique avec Rita Redshoes ou Lisa Kekaula des Bellrays. Ou de manière fantomatique à travers des projections vidéos d'Asia Argento ou de Maria De Medeiros. Le blues de l'homme-orchestre, jouant de la guitare derrière une batterie, est sensuel, lascif. Une lascivité malsaine. Derrière les mots doux, les poses de séducteur, semblent se cacher des pensées inavouables, crasseuses. Les riffs de guitare sont à la fois cajoleurs et assassins. Le charme rétro rappelle celui des polars américains en noir et blanc des années 50. Nul doute que The Legendary Tiger Man n'y aurait jamais joué le rôle du héros. Plutôt celui du séduisant bad-guy.

Deux fous furieux rameutent la foule au Club. Pas de doute, ils sont américains. Cela se lit sur leur visage. Dans leur dégaine. Une Amérique profonde. Rurale. Celle des Rednecks. Celle où s'entassent devant des maisons blanches à la peinture écaillée, dans un jardin défraîchi, des objets et ferrailles bons pour la casse. On peut y trouver de quoi se constituer une batterie. Une vieille plaque minéralogique, des bidons d'huile de vidange vides... Le batteur de Restavrant l'a fait. Cela prête à sourire. Le résultat étonne. Paire guitariste- « batteur », le duo crée la surprise. De « The Future Strikes Back » à « Joe D », leurs compositions Lo-Fi déglinguées amènent de la fraîcheur et un agréable vent de folie. Gros coup de coeur public pour ce groupe ovationné à sa sortie de scène. Les nouveaux Black Keys?

 

La scène, The Bellrays en ont fait leur terrain de jeu. Ou plutôt leur champ de bataille. Enregistrant leurs disques rapidement, tournant sans cesse, le groupe s'est forgé une réputation explosive en live. Car c'est en concert que le groupe montre sa réelle dimension, qu'il existe pleinement. Les musiciens jouent pied au plancher. On ne freine pas. On ne ralentit pas. Pas de pause entre les morceaux. Le couple central, Bob Vennum à la guitare et Lisa Kekaula, ne le permettent pas. Bonnie and Clyde ne plieront jamais. Pas de temps pour la douceur. Ou si peu. Avec « Anymore » et « It's All Over Now » pour rappeler que le groupe excelle aussi dans le registre de la balade Soul. Le côté sauvageon de Lisa prend toujours le dessus. Femme-panthère, elle rugit, elle hurle, elle hypnotise, elle donne le frisson... La foule est en liesse. Portée par la guitare incandescente de Bob Vennum et les coups de semonce de ses jeunes complices. L'attitude frontale du groupe, cette manière décomplexée de se jeter à corps perdu dans la musique fascine. On ne joue pas. On vit. On vibre.

On entend un loup hurler au loin, au Club. Scott H. Biram. Un loup solitaire. Pas besoin d'être plus pour foutre le bazar. Et surtout trop indocile pour supporter la compagnie. Visage buriné de routier ou de vagabond, il se plait à raconter des histoires. Pas toujours tendres, d'ailleurs, ces tranches de vie. La voix est hargneuse. Les chansons sont jouées dans l'urgence. Ça sonne crade. Mais ça sonne vrai. Le Blues, ce n'est pas des histoires pour les enfants.

 

Explosion finale avec le Jim Jones Revue. L'ambiance dans la salle est à son paroxysme. Gueules de petites frappes, cheveux gominés, tatouages Rockabilly sur les bras, les musiciens s'approprient tous les codes de la Rock N' Roll Attitude des 50's. Une comédie musicale tirée du film L'Equipée Sauvage avec Marlon Brando. On joue fort. Très fort. Dans un déluge de décibels. Jerry Lee Lewis au volant d'un bulldozer. Plus qu'une revue, un véritable Barnum. Le Rock N' Roll Freaks Circus Show. On surjoue les poses, on en rajoute, on roule des mécaniques... Le show est bien rôdé, bien huilé. Cela manque quelque peu de naturel, mais le public est aux anges. Du cinéma en relief dans un grand parc d'attractions.

 

Plus de quatre heures de spectacle. D'excellents concerts. Des découvertes. Une très belle soirée qu'ont concoctée les organisateurs du Cool Soul Festival. Croisons les doigts pour que l'expérience se renouvèle.

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