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Jonathan Wilson + Syd Arthur au Grand Mix

Il y a les artistes qui s'acharnent à chercher l'innovation, l'originalité, la sophistication, qui plongent jusqu'au cou dans les nouvelles technologies pour tenter d'élaborer le son du futur. Ou, au mieux, sonner plus actuels que le voisin.

Et il y a ceux qui s'en foutent. Au risque de passer pour rétrogrades. Préférant les préceptes les plus rudimentaires à la quête prétentieuse d'une saint-graalesque modernité. C'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure confiture parait-il. Encore faut-il savoir préparer sa tambouille... Car se référer au passé est un exercice casse-gueule. Il faut savoir faire mijoter sans imiter servilement les recettes d'antan.

Une leçon que semble ne pas avoir parfaitement digérée les britanniques de Syd Arthur. Avec au menu un patronyme qui semble faire le lien entre l'Acid-Pop déjantée de Syd Barrett et les mélodies Flower-Power du grand Arthur Lee, il y avait de quoi avoir l'eau à la bouche. Néanmoins, celle-ci reste désespérément sèche. Avoir des cheveux longs et exhiber des looks de baba-cool, cela ne fait pas tout. Les anglais singent le Prog-Rock du début des années 70, ses ambiances psychédéliques mais la facilité le dispute à l'académisme, le conventionnel à la platitude. Les mélodies ne convainquent pas. Le chant est parfois trop juste. Le groupe regarde dans le rétro mais négocie mal sa marche arrière en livrant un fatras mal dégrossi de références trop évidentes (Soft Machine, Gong, Caravan, Jethro Tull) et laisse le public sur le bord de la route.

Fort heureusement, le Grand Mix ne restera pas longtemps sur le bas-coté, le pouce tendu, attendant qu'on le porte vers des horizons meilleurs. Avec le californien d'adoption Jonathan Wilson, le voyage tant attendu peut enfin commencer. La destination? Los Angeles. Laurel Canyon, un quartier situé sur les hauteurs de la ville, pour être plus précis. L'époque? La deuxième moitié des années soixante. Quand y émergeait une nouvelle génération de songwriters et de musiciens: Stephen Stills, Graham Nash, David Crosby, James Taylor, Arthur Lee (encore lui), Joni Mitchell...

Avec ses cheveux longs, sa barbe, ses fringues de roadie, Jonathan Wilson semble d'ailleurs avoir été directement téléporté de cette période charnière de l'histoire du Rock. Une délicieuse sensation d'anachronisme se fait ressentir. Mais si l'américain, il ne s'en cache pas, cherche effectivement à réveiller cet esprit musical, il ne tombe jamais dans le piège de la nostalgie, de la redondance passéiste et du simple copier-coller.

Jonathan Wilson appartient à cette race de musiciens et de groupes (à l'instar, des Jayhawks ou des plus jeunes Fleet Foxes) qui sont foncièrement intemporels. Fignolant avec abnégation des mélodies finement ciselées et des harmonies étincelantes, afin de traduire musicalement et textuellement des émotions à fleur de peau. Il ne s'inscrit dans aucun revival. N'est pas un artiste vintage. Juste un héritier. Respectueux de ces prédécesseurs. N'ayant pas peur de se voir coller une étiquette « Classic Rock », sachant très bien que le mot « classique » est un terme chargé de noblesse, nullement péjoratif.

Ainsi, son concert se joue à l'ancienne. Avec un beau gros son électrique mais bourré de feeling. Reposant sur des musiciens d'exception. Qui dans des élans d'improvisation n'hésitent pas à étirer les morceaux jusqu'au point de non-retour. Avec des bifurcations ou des changements de structure inattendus. Faisant alterner de longues pièces psychédéliques avec des compositions révélant les origines sudistes du compositeur. Avec son groupe, Wilson revisite avec bonheur plusieurs traditions musicales américaines. Même les plus Jazzy.

Les influences sont nombreuses. Clairement identifiables. Pourtant, on a l'impression de voyager sur des terres inconnues. Car, à l'heure actuelle, celles-ci semblent ne pas avoir été foulées depuis bien trop longtemps. Faisant de ce genre de prestation un instant rare et précieux.

Le futur, c'était hier.  Et pour sonner actuel, rien de tel que l'intemporalité. Merci Jonathan pour cette magistrale leçon.

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