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Lescop + Yan Wagner au Grand Mix

Au Grand Mix ce soir, on a décidé de nous (re)plonger dans l’ère de la new et de la cold wave. Du coup dans le public, il n’y a pas que la jeune génération qui est venue découvrir Yan Wagner et le phénomène Lescop.

Il est 20h45 quand Yan Wagner entre en scène, accompagné de ses deux musiciens. Chacun se poste devant son clavier et envoie les beats, entouré d’images de coucher de soleil et d’ambiances sombres. Dès le premier titre (Follower), on prend conscience d’une chose : les effets, les samples, les rythmes, les voix… c’est soigné, précis et surtout, c’est entrainant ! Pour définir un peu le genre, on pourrait parler de "cold-électro-dance", à classer avec Depeche Mode, Hot Chip, Joy Division, Kraftwerk ou Goldfrapp. Le timbre caverneux de Yan est particulièrement envoûtant. D’ailleurs à regarder autour de nous, le public est absorbé par cette voix presque magnétique.
Alors qu’au fil des titres on passe d’une ambiance rouge à verte, puis bleue ou indigo, Yan vient tranquillement se poser tel un aigle noir au milieu de la foule pour l’envahir de sa couverture sombre sur Stranger In Town. Il fait monter la sauce au milieu de la fosse qui commence à se transformer en dancefloor. C’est sûr, une partie des spectateurs connait déjà bien l’artiste. Ce qui se confirme avec les premières notes de Forty Eight Hours qui enflamment ce public. Et bien que Yan échange peu avec lui, le courant passe pourtant.
C’est froid, mais ça bouge. C’est lent, mais c’est dansant. C’est très calibré, mais c’est puissant. Il n’y a pas à dire : Yan Wagner est hypnotisant. D’ailleurs après nous avoir présenté la majeure partie de son dernier album, il offre au Grand Mix en rappel un titre plus disco, Brothers de D.A.F., avant de nous saluer d’un « Merci, à plus tard ! ».

Dès l’arrivée de l’artiste qui buzze depuis l’automne, le public jubile. Tandis que Paris S’Endort, Lescop vient réveiller Tourcoing. Depuis son passage à l’Aéronef en novembre dernier, le garçon a beaucoup tourné. Mais sa timidité est toujours aussi flagrante. S’il est une chose étonnante avec Mathieu Lescop, c’est bien ça : malgré sa célébrité, ce personnage étrange, un peu autiste même, paraît encore paralysé sur scène. Il chante comme s’il était absent, tout en habitant de la plus profonde mélancolie ses titres. Les comparaisons avec Etienne Daho ou Ian Curtis ne sont pas dénuées de sens. Et comme pour ces grands noms de la musique, Lescop attire, fascine. Il n’exprime rien, ou peu – même lorsqu’il chante en duo avec Dorothée De Koon invitée pour Le Mal Mon Ange. Et pourtant le public le comprend, ressent les mêmes choses que lui. Ce public qui d’ailleurs danse langoureusement, chacun à sa manière. Les rythmes sont plus lents qu’avec Yan Wagner, il n’y a pas la folie et la furie d’un concert de rock. Mais les spectateurs apprécient et de toute façon ce n’est pas ce qu’ils attendent de l’artiste.
Le set est un peu rapide : les titres, les enchainements… il n’y a pas de réelle interaction directe avec le public qui connait par cœur la plupart des chansons. Mais les quelques échanges sont plein d’envie. Lescop présente La Nuit Américaine comme « un morceau qui parle de cinéma » : les bras se lèvent et Mathieu se lâche enfin, joue avec ses musiciens sur scène, danse (un peu à la manière de Patrick Swayze dans Dirty Dancing). Et lorsque les applaudissements se font plus que chaleureux en fin de morceau, il sourit, vraiment ravi. Tout est là. Alors, comme par remerciement, l’artiste se dévoile un peu pour introduire la suite : « On a une petite surprise pour vous, une chanson de Niagara que j’aimais beaucoup quand j’étais petit, Pendant Que Les Champs Brûlent ». Mathieu ouvre ainsi un peu les portes de son univers, mais ne s’arrête pas là. « Vous connaissez l’hypnose ericksonienne ? Si, si, ça marche… Parce qu’avant, je n’osais pas monter sur scène ; maintenant ça va » glisse-t-il dans un sourire sous les encouragements de la foule (Hypnose).

La petite pépite du concert sera sans doute La Forêt. Pas seulement parce que c’est LE tube de Lescop, mais aussi parce que c’est le seul titre qui bénéficie d’arrangements scéniques poussés, avec une vraie outro, une vraie mise en scène. Le public exulte, lève les bras, applaudit. De son côté, Mathieu danse et semble prendre plaisir à se lâcher, avant de savourer son triomphe en fin de morceau. Après Un Rêve où le gros son est envoyé façon new wave des 80s, l’artiste quitte la scène sur Le Vent sans attendre que ses musiciens aient fini. Ravie, la foule attend le rappel impatiemment et chauffe le groupe à revenir.

De retour, Mathieu présente ses musiciens (basse, guitare, clavier/guitare) puis entame Tu M’écrivais Souvent avant d’enchaîner avec Slow Disco et Tokyo La Nuit. Pour finir, après quelques larsens, il lance un vibrant « Merci beaucoup, à bientôt ! » sous les applaudissements et les cris. Le chanteur ne sourit pas. Mais debout face au public, il savoure, ça se voit, même s’il n’est pas très expressif. Ce garçon ne laisse rien transparaître physiquement de ce qu’il vit, mais on devine derrière cette statue tout le plaisir qu’il a d’être là et de constater que sa musique plaît.
« On va jouer une chanson qui est sur le premier EP, Marlène. Et on va se quitter là-dessus ». Les encouragements auront fait leur effet : avant de se retirer, Mathieu sautille, se lâche encore un peu. On nous parlait d’un phénomène. On ne nous a pas menti.

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