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Marc Lavoine au Zenith de Lille

"Tu connais bien la musique ? OK. Ton premier concert ? Bon, tu verras… Marc Lavoine est un vieux beau, et c'est rempli de gonzesses hystériques. En plus, il paraît qu'il parle pas pendant ses concerts, il enchaîne et voilà". Balayant les conseils amicaux - ces charmants préjugés plutôt - du revers de la main, au nom de la curiosité culturelle et d'une vague excitation de voir enfin sur scène celui dont votre servitrice connaît plutôt bien la discographie, c'est au son d'un DJ set electro qu'on entre dans le Zénith de Lille, en mode endimanché. Fosse remplie de sièges, moyenne d'âge un tantinet plus âgée que pour un concert de Justin Bieber, personnel en costume aidant les gens à se placer, photographes on ne sait où au fond de la salle (pensée à l'ami TomA). Un grand rideau blanc est tendu devant la scène, sur lequel le titre du dernier album de Marc Lavoine est projeté, ainsi que des images de singes. Si le chanteur descend du singe, la température, elle, grimpe, du fait des applaudissements qui précèdent l'entrée de l'artiste sur scène.

Le concert débute avec J'ai vu la lumière, projections des routes étasuniennes à l'appui, Marc Lavoine étant adepte des voyages. Jusque là tout est propre, lisse, net. Les musiciens sont bons, la lumière est très belle, les spectateurs applaudissent fort. Après la mignonne Rue des Acacias, et C'est la vie, on commence néanmoins à se demander si Marc Lavoine compte parler. C'est le moment qu'il choisit pour s'adresse au public : "Merci infiniment, bonsoir ! Ca, c'est fait. Bonsoir, merci !" Légère pause sous les applaudissements avant de reprendre : "Je suis parti quelques mois loin d'ici pour faire le singe. Quand je suis revenu ici, j'ai été épinglé au coeur, j'ai eu la sensation de rentrer à la maison, d'autant plus émouvante que j'étais attendu, ce qui était loin d'être une évidence. Tous les soirs, je me rends compte de la chance que j'ai de vous avoir". Aussi naturel qu'une larme de Mylène Farmer lorsqu'elle oublie ses paroles. Il semble même que Marc ait ses petites notes pour s'en rappeler. Le discours est préparé, mais on sent le chanteur encore un peu tendu, presque fragile derrière ses mouvements de hanches destinés à faire crier la gent féminine. Passons donc la démago. Chacun ses trucs pour se détendre après tout.

Après Auprès de toi mon frère, Marc saisit une guitare électro-acoustique pour une version réarrangée de Je ne veux qu'elle, en solo. La setlist semble être la même que lors des autres concerts de cette tournée. Le son, lui, est plus posé que pour Volume 10 et sa tournée 2010. La chanson plus douce invite à se laisser aller à observer un peu plus le public, et la scène. Derrière Marc Lavoine on repère vite l'excellent Christophe Deschamps, jadis batteur de Jean-Jacques Goldman. Aux guitares, Bertrand Commerce et Eric Starczan, Arnaud François à la basse et Jean-François Berger aux clavier (et accordéon à l'occasion). Marc Lavoine n'économise pas ses gestes, dont la moitié est empruntée au King. Le voile blanc semi-opaque revient devant la scène, permettant à des photographies et des dessins de la capitale d'être projetées durant Paris. Accueil poli. Le rideau disparaît au profit d'un écran arrière. L'éclairage se fait intimiste et rougeoyant tandis que Marc effectue quelques gestes gracieux au-dessus du clavier et que les premières notes de Chère amie (toutes mes excuses) se font entendre. Une version magnifique de la chanson, plus dépouillée que l'originale et tout en émotion. Tout en élégance, la scène est baignée d'un rouge intense, complété par un film vidéo dans les mêmes tons qui semble avoir été tourné dans la grotte de quelque canyon de l'Utah ou du Colorado.

La scène passe au bleu avec le début de la très belle adaptation d'Apollinaire, Le Pont Mirabeau. Le quota hanches qui bougent augmente encore un peu, comme pour tempérer l'émotion. Marc Lavoine entame ensuite un véritable discours : on lui a laissé des messages pour lui expliquer qu'il ne parlait pas beaucoup en concert. Un jeu est instauré entre le chanteur et ses fans (surtout féminines), qui lui répondent lors des silences brefs laissés après certains mots bien choisis (physique, ambiance, etc.). Il plaisante ensuite : "Je suis debout, et vous êtes encore assis. Pour le moment. (il regarde la sécurité devant la scène) On les retiendra." Je vous passe le discours (démagogique ?) classique sur Lille, qui précède Faut-il parler. Un siège est amené au milieu de la scène. Marc Lavoine effectue deux petits pas de danse et invite ses deux guitaristes à s'approcher, avant de parler : "Voilà. Vous venez d'assister à la mise en scène majeure du spectacle. Une chorégraphie impeccable qui me permet de souligner le travail de quatre personnes qui agissent dans l'ombre derrière nous. Dans le jargon nous les appelons backliners ou roadies. Nous les appelons simplement des hommes : applaudissez nos techniciens…" Si le discours est tout aussi préparé, l'intention est louable, les artistes remerciant leurs roadies étant rares.

Marc Lavoine semble plus détendu aussi, "déclare officiellement ouverte la session acoustique", débutant par Tu m'as renversé. Marc plaisante avec l'accordéoniste, faisant mine d'oublier les paroles alors que l'ambiance passe au bleu. Suit Demande-moi dans une version réarrangée - guitare atmosphérique splendide à l'appui -, Si tu veux le savoir et J'ai tout oublié. Certaines chantent si fort dans l'ambiance violette que Marc leur laisse une place tout en continuant de chanter. Même les voisines pas toutes jeunes tapent du pied sur les gradins. Texte parlé, Marc dans l'ombre : Reviens mon amour. Le rideau blanc revient, le chanteur reste devant. Les habitués se mettent debout et courent vers la scène tandis que débute Elle a les yeux revolver. Les gens continuent d'affluer durant toute la chanson, en clamant les paroles, un refrain étant réservé aux seuls spectateurs. Marc, bien détendu, enlève la veste et démarre la superbe Je descends du singe. Quasiment tout le parterre est debout, l'ambiance est fiévreuse et l'ambiance ne va plus baisser jusqu'à la fin. Même les chansons plus calmes se fondent dans l'euphorie : Dis-moi que l'amour, La semaine prochaine, Les tournesols. Marc Lavoine présente ses musiciens avant de clore la première partie du concert sur un "Prenez soin de vous". Applaudissements à tout rompre.

Surprise : la sensible Ballade pour Michelle, issue du nouvel album, ouvre le rappel derrière deux rideaux blancs, avant une version absolument sublime de Toi mon amour. L'ambiance s'électrise, sulfureuse en rouge et noire, et un public plus agité que jamais célèbre une version rock de Je me sens si seul. Mes voisins s'attendent à la fin du concert, quelques personnes partent, mais c'est un leurre : les passages instrumentaux sont suivis d'un solo de batterie avant un souvenir qui fleure bon les années 80, Le monde est tellement con. Enfin l'hymne à la tolérance C'est ça la France ("faut jamais les oublier, les trois mots qui terminent en -té") clôt le concert. Après un tonnerre d'applaudissement, Marc revient encore une fois pour un rappel (prévu ?) acoustique, aidé par le public : J'espère. Marc en profite pour plaisanter encore un peu, naturel cette fois, quand le public se fait plus timide : "Non, c'est pas un petit oh-oh, c'est un OH OH OH. Les filles vont comprendre ce que je veux dire, ça doit venir des hanches". Le chanteur termine la chanson, prend le temps de signer des autographes et disparaît derrière le rideau. Les haters peuvent garder leurs préjugés : au lieu d'un quelconque racolage de minettes, 1h45 de concert maîtrisé, sobre et classieux.

  1. Dine GB

    Pour ma part 1 concert acoustique il y a 2 ans et 2 dates pour cette dernière tournée. Une envie de partage avec Marc, avec Jef ,Brett, Éric, Christophe et Arnaud , un final plus que merveilleux avec ma fille et ces 6 artistes d exception.
    Vivement la prochaine tournée.

  2. Caroline M

    Super concert (et oui je fais parti des minettes 😁), un charme intact pour Marc, de chouettes photos de Toma et un descriptif de Delphine qui colle parfaitement à cette agréable soirée.

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