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Médée à l’Opéra de Lille

Monstre de la nature, Médée est un personnage qui échappe à toute règle humaine, elle n’obéit qu’à elle-même et supprime tout ce qui se met en travers de chemin. Par amour pour Jason, l’innocente princesse de Colchide est devenue une criminelle, pourchassée de la Grèce entière. Elle trouve refuge avec Jason dans le royaume de Créon- Corinthe - mais Jason va l’abandonner pour lui préférer la jeune Créüse, fille du roi Créon. Que faire alors de Médée ? Elle est devenue bien gênante… Il faut l’exiler et ne lui laisser qu’un seul jour pour faire ses adieux à ses enfants. Mais voilà, un jour, c’est déjà trop pour Médée et sa magie. En cette seule journée, elle se vengera de tous ceux qui la trahissent, allant jusqu’à commettre l’irréparable, le meurtre de ses propres enfants.

L’œuvre de Charpentier, tragédie lyrique du mouvement baroque, prend appui sur un livret de Thomas Corneille ; inutile de dire que l’on retrouve dans cette œuvre de 1693 des vers empruntés à la tragédie de son frère, Pierre Corneille, écrite en 1635 ainsi que des passages des auteurs antiques Euripide et Sénèque, premiers à avoir mise en scène le mythe de Médée.

Comment mettre Médée en scène ? Cette femme n’est déjà plus une femme, et pas encore une divinité. Les choix de mise en scène pour ce personnage sont discutables ; si la première tenue de Médée (une longue robe noire à dos nu) souligne la beauté et la sensualité de la sorcière, dès l’acte III, elle est habillée comme une femme du XXIème siècle, et la grâce retombe… Que dire des autres costumes ? Clinquants, brillants, pailletés, plastifiés… Mieux vaut parler d’autre chose. Le décor ? Des lingots d’or sur scène (aurait-on confondu le roi Créon avec le roi Crésus ?), des images de parties du visage collées un peu partout (Quel rapport avec Médée ?), d’immenses étagères cubiques avec des néons, et ne parlons même pas du disque solaire final entourant Médée, quand le mythe nous apprend que Médée triomphe de ses ennemis en s’enfuyant sur un char tiré par des dragons… Bref, rien de vraiment cohérent : si le baroque est associé à l’extravagance, il ne suffit pas de proposer des tableaux colorés… On attendait mieux…

Heureusement que l’orchestre, dirigé par Emmanuelle Haïm, nous a encore une fois enchantés et offert un spectacle d’une grande qualité et a permis de mettre en valeur la puissance vocale de Michèle Losier (Médée) et de Sophie Karthäuser (Créuse), dont la présence scénique est également à souligner ; plus que des cantatrices, elles ont su incarner physiquement leur rôle et transmettre une émotion qui dépasse la beauté de leur voix.

A voir à l’Opéra de Lille du 6 au 15 novembre

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