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Nicole Willis & The Soul Investigators + JtotheC and the Bad Mothas au Grand Mix

Ce qui est rare est précieux. Avec seulement 4 albums en 13 ans, la chanteuse Soul Nicole Willis mériterait donc d'être cotée en bourse. Un véritable diamant noir. Qui prend un malin plaisir à faire attendre ses fans, à les faire trépigner d'impatience. Donnant, par conséquent, de la valeur ajoutée à chacun de ses disques. Les transformant en de véritables pépites.

 

Alors qu'elle aurait pu surfer sur le succès critique et public de son précédent album, 'Keep Reachin Up' sorti en 2005,  et sur la déferlante Soul initiée par des artistes tels que Sharon Jones, Aloe Blacc, Lee Fields, Charles Bradley ou encore la regrettée Amy Winehouse, la diva a préféré prendre son temps. Et laisser s'écouler huit années avant de sortir son nouvel album, 'Tortured Soul'. Au risque de décevoir. De perdre sa place sur le podium. Mais point de déception. Le dernier opus s'avère en tout point réussi. S'inscrivant d'emblée comme une grande réussite. Sublimant le genre. Tout en marquant une subtile différence avec les artistes cités précédemment.

En ce soir de Saint-Valentin, les amoureux de Black Music ne pouvaient donc qu'être excités par le rendez-vous galant proposé par Nicole au Grand Mix de Tourcoing.

Pour tenir la chandelle, JtotheC and The Bad Mothas. Un pot Belge mélangeant Soul, Funk et turntablism où les claviers vintage, les guitares et les nombreux samples invoquent les esprits de Parliament et de Funkadelic. Energique, festif mais anecdotique. Car beaucoup trop brouillon. Et déluré.  

Les Soul Investigators, les musiciens attitrés de Nicole Willis, investissent enfin la scène. Drôles de Cupidons que ces Finlandais. A mille lieux des codes vestimentaires d'une formation Soul traditionnelle. Point de looks tirés à quatre épingles. Ou de costards-cravates. Avec leurs cheveux longs, leurs chemises à carreaux ou en jean, leurs vestes en daim à franges, leurs barbes et leurs tatouages, ces énergumènes font plus penser à des motards ou à des bûcherons qu'à des distillateurs de groove. Seule concession à la règle : un long instrumental introductif. Avant l'arrivée de Miss Willis.

Une chanteuse américaine exilée à Helsinki. Des musiciens Finlandais ressemblant à des rockeurs Sudistes. Il y a de quoi être déboussolé. De perdre le nord. Ce qui est le cas. Le changement de direction pris sur le dernier disque se confirme en live. L'abandon des sonorités Northern Soul, des orchestrations soignées, de la sensualité, de la lascivité et de la luxuriance pour un son beaucoup plus brut.

'Tortured Soul'. Le titre de l'album prend tout son sens. Si torture il y a, elle renvoie, ici, à celle que s'infligent eux-mêmes les body-builders. Pour développer leur force et leur puissance. Coachée par les Soul Investigators, la Black Music gagne en masse musculaire. Et si elle lui fait également  revêtir des habits Vintage, Nicole, se démarque de ses collègues revivalistes, en pointant différemment son rétroviseur.

Elle s'éloigne ainsi volontairement de l'ombre de la Motown. Sauf si l'on pense bien sûr aux artistes les plus marginaux de ce label. Rare Earth, en tête. Un groupe de blancs-becs. Comme par hasard.  Avec des schémas de construction empruntés au Rock ou au Blues, les chansons de Nicole Willis s'inscrivent plus dans l'héritage de Stax Records. Avec de forts relents Seventies. N'hésitant pas à s'acoquiner avec des ambiances psychédéliques. Cuivres fiévreux, solos de guitare chargés d'effets, envolées d'orgue Hammond, basse ronde, batterie frénétique, les instruments dialoguent entre eux en de subtiles harmonies. A la jonction du Rock Sudiste et de la Deep Soul. Un écrin sur lequel la chanteuse vient poser sa voix chaude et profonde. Tout simplement jouissif.

En cette date placée sous le signe de l'amour, on ne pouvait donc rêver de valentine plus idéale.

 

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