A 18h, devant le Splendid, une vingtaine de personnes attendent déjà une bière à la main l'ouverture de la salle. A 20h, deux chanteurs-guitaristes dreads locks sur la tête, perchés sur leur tabouret s'accaparent la scène et rapidement envoûtent le public de leurs voix et de leurs rythmes nu-roots. Après une montée en puissance rythmique qui n'a pas laissé le public indifférent et une reprise de "No Woman No Cry" alléchante, Saï laisse la place à "Monsieur Pierpoljak" comme il le prénomme. Mais c'est avec plaisir que nous nous envolerons avec eux une prochaine fois. En attendant, nous écouterons paisiblement leur premier album qui vient de sortir !
Un quart d'heure plus tard, les musiciens entrent en scène et raisonne alors la voix de Pékah, comme il se fait surnommer. Il arrive de derrière la scène, se déhanchant en rythme, vétu d'une chemise et d'un chapeau. Le look a changé mais la musique aussi. En effet, même si la set list est un vrai melting pot de ses morceaux de Reggae traditionnel et de ceux de son dernier album, l'évolution est nette. Il nous confiait d'ailleurs avant le concert qu'il avait passé plus de temps sur les chansons de son dernier album, "Légendaire Sérénade", tant d'un point de vue musical que textuel. Alors que ses précédents albums avaient été pour la plupart enregistrés à Tuff Gong, en Jamaïque, ce dernier a été enregistré à Toulouse. La majorité des rythmes caribéens, plus légers qu'à l'ordinaire laisse davantage de place aux textes. Ces derniers même s'ils développent toujours les mêmes thèmes, l'amour, la solitude, ses racines etc., sont cette fois-ci, abordés avec plus de recul. Il nous avoue que l'écriture de cet album l'a soigné, qu'il a évacué la haine et la rancune qui l'habitaient auparavant. Même si cet album peut paraitre être une évolution, une prise de conscience, il n'est en rien un album de la maturité. Pierpoljak nous a même dit derrière un sourire qu'il sera mature quand il sera mort.
Mais vu l'énergie et le plaisir dégagés sur scène, il semble pour le moment, profiter pleinement de l'instant présent. Même si certains morceaux très acoustiques ont été adaptés pour la scène, Pierre "s'éclate" durant ce début de tournée (ce n'est que le quatrième concert). Et ce n'est pas pour déplaire au public qui reprend en coeur autant les titres qui ont fait ses premiers succès comme le mec bien, dépareillé, j'sais pas jouer ou encore maman, que ceux de son dernier album (jahid, bébé damia, j'me comprends tout seul, nick la menace...); ce qui le touche sincèrement.
Après 1h30 de concert, la scène se vide mais Pierpoljak nous prévient qu'ils sont de retour dans 5 minutes. Ils reviennent alors remontés, Pierre entame Police et Pierpoljak un joint à la main avant de nous quitter non sans avoir remercier le public. Mais non ! Alors que les lumières de la salle s'étaient rallumées et que les techniciens débranchaient les instruments; le public qui réclamait de pieds fermes une dernière chanson se fit entendre. Le groupe revint pour une dernière chanson avant de nous laisser pour de bon. Le public non rassasié mais amplement satisfait quand même sort tout doucement de la salle, transpirant et chantonnant encore et encore cette légendaire sérénade.
Nouveau clip de Pierpoljak - J'me comprends tout seul
