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Tété et Emily Loizeau à la salle Watremez

Eric John Kaiser ouvre le bal à l’heure avec son folk troubadour, sa guitare et son harmonica. Inspiré par la côte ouest américaine, ce voyageur exilé à Portland, en Oregon, nous livre « Puzzle » et « l’odyssée » de son premier album, qui séduit le public.

A peine le temps de découvrir sa musique, EJK nous prépare la première surprise de la soirée : un duo avec le très attendu Tété. Il nous explique qu’il a reçu un jour un long mail de Tété dont la requête était simple : il souhaitait réaliser son rêve de gosse en faisant des concerts aux Etats-Unis. C’est ainsi que Tété demanda humblement de faire la première partie d’Eric John Kaiser lors de sa tournée entre Los Angeles et Seattle. C’est aujourd’hui EJK qui commence les concerts de Tété et pour le remercier, Tété vient donc faire les chœurs et les claps sur sa dernière chanson « French Troubadour », titre de son second album. Pas habitué à jouer devant autant de monde, EJK sort sa caméra pour filmer le public roubaisien ravi par cette découverte. Il aura la seule vidéo du spectacle car on nous rappelle plusieurs fois qu’il est strictement interdit de filmer dans la salle : cela annoncerai-t-il des titres en avant-première ?

10 minutes plus tard, Tété revient sur scène pour répondre à ce mystère : ce concert fait partie de sa tournée « Labo solo ! ». Jusqu’en juillet, il enchaînera les dates à travers la France pour tester, améliorer et réarranger les chansons de son prochain album. Il commence donc par… « Fils de Cham » et « Love, Love, Love », histoire de renouer contact avec le public de la métropole. Une voix dans la salle rappelle qu’il n’était pas venu depuis 3 ans : c’était au Grand Mix de Tourcoing. De toute sa poésie, Tété compare ses retrouvailles à un couple qui ne s’est pas vu depuis longtemps : « on ne peut pas rentrer directement dans le vif du sujet ». Après cette mise en jambe, il donne un premier aperçu de sa création avec « My Destination », premier titre en anglais de Tété, souvenir de sa tournée américaine. Il enchaine avec le deuxième duo de la soirée : le public l’accompagne sur l’immuable « A la faveur de l’automne ». Tout naturellement, les nouveaux titres viennent se greffer à son répertoire et on découvre : « les Temps égarés », « les Sanglots longs » ou encore « Banqueroute » suite logique de « La Relance » évoquant l’emprise de l’économie sur notre société. Tété a des choses à dire, mais elles ne sont pas toujours très intéressantes. Entre chaque chanson, il nous fait part de ses pensées philosophiques totalement décalées qui transforment le concert en one-man-show. Il avoue ne pas être très bon en amour, mais qu’au moins il en fait de jolies chansons « C’est déjà ça!». Mais il n’oublie pas de chanter et d’exhorter la foule roubaisienne à taper dans les mains pour rythmer « Mon trésor » et « Comme si de rien était », qui, j’en fais le pari, sera le premier single du prochain album. Au bout d’une heure de concert, il fait vibrer sa guitare sur « Madeleine » et je me rends compte seulement maintenant qu’il est tout seul sur scène. Tété montre qu’il connaît bien son métier : après avoir mêlé ses tubes et ses nouvelles chansons, il invite le public à exprimer son ressenti sur ses créations, et à argumenter sur les points positifs et négatifs de chaque chanson sur son site internet. Une chose est sûre : les prototypes présentés lors de son concert ont déjà un goût tout particulier, et rentre tout à fait dans la lignée des albums précédents. Il ne manque plus qu’il y ajoute une touche d’énergie, une pincée de folie et une goutte de groove pour que le résultat final soit parfait. Ce nouveau Tété, aujourd’hui chauve sous sa casquette, ira dès cet automne finaliser ce nouvel album en studio, avec tous les conseils glanés lors de son « Labo Solo ! ». Pour ma part, dans ma CD-thèque, Tété et tu seras.

En quelques minutes, le laboratoire de la salle Watremez se transforme en forêt merveilleuse. Les chants d’oiseaux se font entendre et une lumière fantastique se diffuse sur scène. Emily Loizeau entre en scène pour se placer sur un podium surélevé. Surplombant la salle, elle ouvre son concert par « Fais battre ton tambour », sorte de gospel funéraire qui emmène la salle dans un univers similaire à celui de « O’brother » des frères Cohen. Elle nous invite ensuite dans « Ma maison » pour nous raconter qu’elle avait la coqueluche il y a encore 4 jours. Même dans la maladie, elle reste originale ! Dès la 3ème chanson « Tell me that you don’t cry », on retrouve la voix que l’on avait découverte sur le premier album. Elle met alors en scène les étranges histoires de son « Pays sauvage », et nous présente « Christophe Lambert », son écharpe xylophone et « Georges » son sac plastique qui imite le bruit de la pluie. Même ses musiciens se prêtent au jeu : le guitariste, pris d’une germanite aigüe (il ne parlait qu’en allemand avec le public), prend la place de Thomas Fersen pour le conte en duo « The princess et the Toad », où une lumière verte sur son visage vient le transformer en crapaud-musicien.

Nous voilà assis autour d’un feu de camp, qui s’éteint lentement sous la « Dernière pluie » : ses musiciens demandent en chœur « Qu’est ce que tu fais Emily ? ». On peut leur répondre qu’elle gribouille des chansons uniques qui nous emmènent dans un univers fantasmagorique aussi bien en anglais qu’en français. Le «Pays sauvage » d’Emily sera surement traversé par beaucoup de rêveurs cette année. Nommée pour « l’Autre bout du monde » en février, elle pourra, avec cet album complet, succéder logiquement à Camille aux Victoires de la Musique en 2010.

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