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The Brian Jonestown Massacre à l’Aéronef

The Brian Jonestown Massacre, tu en as rêvé, tu as hurlé en voyant l'annonce sur le site de l'Aéronef. Tu as prévenu tes amis, tu as mis des annonces partout. Tu es "au taquet". Tu as peut-être vu Editors et ses fabuleuses premières parties la veille au Grand Mix, tu as goûté à l'allégresse du concert rock et ton corps, tes oreilles te réclament "encore !". Et là ça arrive ! tu trépignes d'impatience. L'Aéronef n'est pas complet ce soir, mais il y a une foule compacte dans la grande salle, à peine la place de se glisser sur le côté, very exciting. Beaucoup d'instruments sur scène, tu rêves de gros rock mêlé à des rythmes un peu psyché, dans ton idée c'est cela, tu te rappelles les vieux albums, tu souris. Tu te dis que dans une heure le public va pogoter, que ça sera énorme, que tu vas retrouver une fosse de feu, comme pour Kasabian en février.

Première partie, tu frappes dans tes mains, tu leur laisses une chance, tu es prêt à tout endurer de toute façon et le sourire sur tes lèvres ne partira pas de sitôt. Devant, une batterie. Toujours sympa de mettre un peu en avant le batteur, ça part plutôt bien. Mais après quelques chansons, on se demande finalement ce que fait ce groupe écossais sur scène. Sparrow and the Workshop. Vérification du billet : non ce n'est pas le concert d'Amy McDonald. Une brune à frange avec une voix plutôt agaçante, on n'était pourtant pas si loin du concept. Le batteur se débrouille, mais il devrait chanter seul. La brune - on te souffle à ta gauche qu'elle s'appelle Jill O'Sullivan - ne parvient pas à convaincre et dès qu'elle monte dans les aigus, tu frôles l'agacement. Et si une partie du public applaudit chaleureusement, une autre en revanche persiste à parler avec ses voisins. Ils sont plutôt sympathiques, pas excellents, mais ils ont l'air contents d'être là et ça n'est déjà pas si mal. Metal Around Your Neck se détache un peu du lot, mais finalement des Ecossais, tu en connais de bien meilleurs. Tu attends, tu souris, tu te dis que de toute façon ça va se déchaîner dans quelques minutes.

Cinq millions d'années plus tard, ou peu s'en faut, quelques roadies s'activent, tout ça pour vérifier quelques micros. Ca signifie peut-être qu'ils sont maniaques du son et ça évitera donc quelques catastrophes sonores, te dis-tu, plein d'espoir. Ca hurle déjà "Antoooooon !", tu souris encore et tu patientes. Arrive enfin The Brian Jonestown Massacre. Ovation du public. Anton Newcombe se place tout à gauche, presque dissimulé derrière une colonne d'amplis. Mettons, de toute façon tu ne viens pas pour admirer sa plastique : tant que tu vois encore le manche de sa guitare, tout va bien. Et avec autant de guitares sur scène, le trailer est alléchant. Super-sonic démarre, ça sonne bien, c'est un peu calme sur scène mais c'est le début. Un petit Vacuum Boots t'arrache un premier sourire. Que tu perds un peu. Parvenus à Anemone, ils semblent satisfaits d'eux-mêmes, alors qu'ils semblent avoir oublié la case "communication".

Tu as envie soudain de leur mettre des claques, de leur demander d'être méchants, insultants même s'il le faut, mais de réagir : il y a une fosse devant eux et ça semble leur faire autant d'effet qu'eux vont finalement avoir sur toi. Tu te demandes ce que tu fais là, où sont les débordements, la liesse qu'on t'a décrits. Tu voyais déjà le chanteur sauter dans la fosse, engueuler les fans, finir à moitié nu. Pardon, pour ça, il fallait être à Iggy Pop. Tu es peut-être allé chercher une bière, tu observes de loin, tu te dis que ça sera meilleur, que tu auras une vision globale, tu verras ce qu'il se passe. Pas grand chose en l'occurence. Joel Gion joue du tambourin, lève une jambe, et soudain tu comprends : Oasis est mort, vive Oasis. Trève de plaisanterie, une partie de la salle commence à s'ennuyer et en dehors des archarnés, certains partent même. Les notes de Wisdom et tu te rappelles pourquoi tu es venu, ce que tu aimes chez eux, et pourquoi leurs albums te plaisent. Ca n'est cependant pas suffisant.

Tu envies les gens au bord de la fosse qui semblent y trouver leur compte, toi tu trouves la déception plutôt amère. Tu en veux au BJM de pomper la moitié des artistes pop de leur génération, tu penses aux Dandy Warhols qui s'inscrivent dans la même veine en mieux, tu commences à trouver le temps long. Dès que ça vire Beatles, c'est juste insupportable. Petite pause sur scène, pas de réel entracte. Et la longue série reprend, les morceaux s'enchaînent et se suivent. Un Oh Lord et un Sue plus tard, tu commences à perdre patience, tu parles avec tes voisins qui semblent s'ennuyer autant que toi. Les musiciens quittent la scène. Ils ont déjà joué plus de vingt morceaux, tu te demandes ce qu'il va se passer. Ca hurle à nouveau, ça tape du pied, ça crie. Des fans, il y en a ce soir, et ils le montrent. Ils le montrent d'autant plus que les lumières se rallument et que les musiciens les laissent visiblement sur leur faim. Mais c'est logique et tu admires ce courage : ils s'ennuyaient, ils ne reviennent pas, au moins ils n'ont pas l'hypocrisie de venir faire des sourires à des fans surexcités. Tu les envies toujours, ceux-là, ayant la sensation d'avoir été trahi. Tu réfléchis à ce qui a cloché dans la setlist, à quel moment tu as décroché. Au fond, rien. Un best-of, bien ficelé. Mais sans âme.

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