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The Phantom Band + Mintzkov au Grand Mix

Soirée jeunes pousses ce soir au Grand Mix avec deux groupes que beaucoup de mélomanes considèrent comme des espoirs à suivre de très près. D'un coté du ring, les belges, en provenance d'Anvers, de Mintzkov. De l'autre, les écossais de The Phantom Band.

Les anversois sont les premiers à frapper. Aux premiers uppercuts, le rock-critic ne peut s'empêcher d'être cynique. Car oui, le rock-critic est un être cynique, voire aigri. N'ayant pas lui-même le talent pour composer un morceau, ne sachant pas chanter ou jouer d'un instrument, il est une personne bête et méchante envers ceux qu'il ne pourra jamais égaler. Ainsi, il se dit: « Tiens, en Belgique, ils n'ont pas de chance, ils ont eux aussi des baby-rockers! », en raison de la jeunesse des membres du groupe; « Pfff, encore un groupe qui cherche à faire son Deus, ils ne savent pas faire autre chose les bouffeurs de frites sauce mammouth! », les mélodies étant sous la haute influence de cette ombre tutélaire; ou ce lapidaire « Ah la la, le chanteur, il a mangé Brian Molko au petit déjeuner ou quoi? », Philip Bosschaerts ayant un timbre nasillard extrêmement proche de celui du leader du groupe Placebo. Mais Mintzkov, que l'on pourrait trop rapidement mépriser sans autre forme de procès, montre, au fil des morceaux, qu'il vaut plus que ces remarques désobligeantes. Les chansons Power-Pop du groupe, aux mélodies simples et immédiates, distillent, en effet, un charme évident auquel on ne peut que difficilement résister. Interprétées nerveusement et de manière habitée par Philip, elles bénéficient d'instrumentations soignées, de lignes de guitare alternant passages sensibles et d'autres plus massifs, accentuant ainsi le côté à fleur de peau des compositions, rehaussées de synthés élégants et, surtout, enveloppées du jeu de basse à la fois délicat et puissant de la blonde Lies Lorquet, qui montre également un joli brin de voix en faisant les choeurs. La simplicité et la modestie que dégage le groupe sur scène, ainsi que les charmantes tentatives des musiciens pour s'adresser au public dans un français maladroit, finissent d'asseoir la sympathie que l'on peut éprouver pour le groupe. Et, à la fin du set de Mintzkov, on ne peut, encore une fois, que constater avec regrets, que dans la lutte fraternelle opposant les groupes belges et français pour venir concurrencer les formations anglo-saxonnes sur le terrain du Rock et de la Pop, nos voisins ont bel et bien une avance notable sur nous...

Changement de registre avec le Rock ténébreux des écossais de The Phantom Band qui, en deux albums inclassables, Checkmate Savage et The Wants , ont réussi à affoler la blogosphère. Des albums qui ont impressionné en se faisant télescoper différents univers musicaux: la New Wave de Joy Division, le Kraut-Rock de Neu!, le Rock Progressif sous anxiolytique de Robert Wyatt, le Post-Rock de leurs compatriotes Mogwai... Des oeuvres intéressantes, novatrices mais difficiles d'accès, exigeantes, aux univers sombres et demandant un effort d'adaptation certain. La question principale de la soirée était donc de savoir ce que valait le groupe sur scène. La première constatation est que les écossais ne font pas de concessions au public pour rendre leur musique plus lumineuse et chaleureuse. La seconde est que le groupe se révèle à la fois terriblement ennuyeux et fascinant en live. Ennuyeux car le groupe se montre très statique, ne fait aucun effort pour développer un jeu de scène attractif (l'un des guitaristes, limite autiste, tournera le dos au public pendant tout le set, refugié dans un coin sombre de la scène, il aurait mieux fait de changer de métier celui-là...) rappelant ainsi les prestations d'Interpol. De plus, le chant monocorde de Richard Princeton (pas aidé par un mal de gorge) et la monotonie des morceaux (qui mériteraient quelques envolées), à la longue, finissent par lasser. Mais paradoxalement, le spectacle se montre, étrangement, également fascinant. De par ce refus du sensationnalisme qui est appréciable à une époque où divers artistes se prostituent sur scène, aguichent gratuitement leur public et l'excitent à grands coups de propos racoleurs et démagos. Et aussi par les chemins tortueux qu'empruntent les écossais pour déstabiliser leur auditoire, l'emmener vers des contrées inédites, pas forcément touristiques et agréables à visiter. Mais ce qui séduit le plus, c'est l'attention portée par le groupe aux petits détails des mélodies via l'utilisation de petites percussions idiophoniques, apportant ainsi une dimension tribale aux compositions, et du mélodica (habituellement utilisé dans le Reggae) qui charme par sa présence incongrue dans une ambiance aussi froide. The Phantom Band est, en fait, tellement indéfinissable que l'on ne sait pas comment juger sa musique, si on l'apprécie ou non. Mais ce groupe ne laisse pas indifférent. Et c'est peut-être là que se cache la principale qualité de leur musique.

>> Cf la vidéo live 4x4 de ce concerthttp://www.4x4music.eu/playlists/watch/phantom-band-mintzkov

  1. Yann

    Albums tenaces, ambitieux, brillants. L'absence de look, si on peut éviter la surenchère scénique est tout de même gênante. Tee shirt XS vert pomme emprunté au petit frère et élastique de slip voyant, pas très glam' Quant au "je suis malade, on fera mieux la prochaine fois", c'est très limite aussi!

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