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Tyrant Fest au Métaphone

Pour cette deuxième édition, le Tyrant Fest et ses organisateurs, Nao Noise, se sont clairement donnés les moyens de leurs ambitions en investissant le Métaphone de Oignies avec une programmation radicalement tournée vers les esthétiques les plus sombres du métal. Jugez plutôt : Regarde Les Hommes Tomber, Batushka, Shining, Wiegedood, Au-Dessus, Déluge... loin de chercher à aseptiser son esthétique pour ratisser large, cette programmation affirme d'autant plus l'identité du festival

On félicitera l'audace des organisateurs de proposer une telle affiche, pointue, qualitative et offrant au festival une identité forte. Tout comme le Roadburn qui reste difficilement classable dans son style, le Tyrant Fest se veut un festival sombre, piochant dans les esthétiques extrêmes du metal et offrant un univers qui ira piocher dans ses différentes représentations : le tatouage, l'illustration avec la présence du duo Fortifem, le documentaire avec la projection de Bleu, Blanc, Satan ou même la photographie avec les expositions de Cédric et Julien Cambien. Le village d'exposants permettait de profiter de cette ambiance encore au delà de la musique. En résulte une plongée pertinente dans cette esthétique qui, sans jamais sombrer dans la caricature facile du metal extrême, permettra au visiteur de profiter de cet univers et d'élargir ses horizons. Pari réussi.

Mais revenons un peu à la musique qui, malgré tout, reste le centre d'intérêt principal de ce festival. C'est The Lumberjack Feedback qui ouvre les hostilités ce samedi. Lourd, puissant, massif, le set du quintet lillois annonce la couleur et offre une entrée en la matière percutante, servie par les rythmes cataclysmiques des deux batteries si caractéristiques de la formation. Si Necrowetch aura moins retenu notre attention, la grosse révélation de la journée sera servie par Au-Dessus. Prenez le côté extrême du black metal, ses rythmes qui blastent, ses riffs incisifs et son chant guttural, renforcez le tout par des passages plus aérien, permettant de renforcer l'ambiance mystique de la formation et vous comprendrez pourquoi ce genre de groupe vous emporte en live.

Plus radical, Wiegedood, formation belge composée de membre d'Amenra, Oathbreaker et Rise and Fall, ne fait pas dans la demi-mesure. L'agressivité, les riffs stridents et le rythme effréné serviront la performance d'une formation qu'on attendait beaucoup. Enfin, c'est avec les Suédois de Shining que nous finirons cette journée avec son esthétique plus heavy.

A peine remis de la veille, la deuxième journée de ce Tyrant Fest nous réserve des surprises. Si on arrive malheureusement lors des dernières notes de The Order Of Appolyon, c'est avec Déluge que nous débuterons réellement le début de cette journée, et quelle claque ! J'attendais beaucoup de Déluge, leur premier album m'ayant particulièrement marqué lors de sa sortie. Si le groupe s'inscrit dans une esthétique post-black-metal, la puissance dont témoigne la formation sur scène aura de quoi impressionner. On en ressort marqué, surpris de pouvoir ressentir autant de mélodie au milieu de cet océan d'agressivité et d'énergie, alternant ses phases d'agressivité avec des passages plus atmosphériques, se contentant parfois juste du son de pluies diluviennes. C'est par ce contraste entre ce côté extrême et ces moments de respiration que le groupe parvient à développer cette atmosphère et ce ressenti qui prend aux tripes, loin de s'inscrire dans les codes visuels du metal extrême, et qui feront de cette prestation l'un des moments forts du festival.

Bliss of Flesh reviendront vers les esthétiques plus traditionnelles du death et du black metal. Visages ensanglantés, tenues agressives, nul doute que Bliss of Flesh respecte les codes du genre et fait ici figure de cas d'école. On retrouvera également Regarde Les Hommes Tomber qui surprendront toujours par l'énergie qui se dégage de leurs sets aux atmosphères si particulières. Enfin, c'est avec Batushka que nous dirons au revoir à cette deuxième édition du Tyrant Fest. Sous ses allures de messe noire, la performance de cette mystérieuse formation polonaise aura du mal à laisser le spectateur indifférent. On se prend à se laisser emporter par ces chants aux allures d'incantations, ces sons de cloches, ces chœurs entonnés par ces personnages masqués et vêtus de robes de culte démoniaque et ce leader tendant au public ces crânes exposés sur son autel. En arrivant sur scène en diffusant de l'encens sur le public, Batushka nous livre ici une prestation vécue comme un rite, où le côté mystique s'associe à la musique pour renforcer l'atmosphère d'une expérience qui marquera les esprits.

Une chose est sûre, en faisant le pari d'une programmation audacieuse et bluffante, le Tyrant Fest a su développer une identité forte qui en fait un événement unique dans la sphère régionale. Pari réussi.

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